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le Jeudi 24 novembre 2016 15:11 Société

Les ours polaires rencontrent les voyageurs

Les passagers d’un véhicule de toundra observent deux ours qui combattent. Photo: Karine Grenier
Les passagers d’un véhicule de toundra observent deux ours qui combattent. Photo: Karine Grenier

Cette année, quand je suis arrivée à Churchill, la neige y était déjà. La température est légèrement au-dessous de zéro, comme à Whitehorse. L’hiver ne commence pas plus tôt ici, mais il dure plus longtemps et il n’est pas rare de voir encore de la neige jusqu’à la mi-juin. Les petits lacs et les marais sont gelés. Les ours sont déjà arrivés à Churchill. Les voyageurs aussi sont arrivés, car j’ai croisé des autobus remplis de touristes qui font la navette entre la ville et l’endroit où débutent les tours dans la toundra, à 25 km à l’est de Churchill. C’est bel et bien la saison des ours polaires! Churchill est une place particulière favorisant le rassemblement des ours pour une même et seule raison, l’arrivée de la première glace sur la baie d’Hudson!

Les passagers d’un véhicule de toundra observent deux ours qui combattent. Photo: Karine Grenier

Les passagers d’un véhicule de toundra observent deux ours qui combattent. Photo: Karine Grenier

La formation de la glace

Churchill est située à l’ouest de la baie d’Hudson et crée géographiquement un cap, une pointe d’une longueur de 50 kilomètres entrant dans la baie d’Hudson avec sa façade orientée au nord. On y trouve un vent prédominant du nord-ouest et un courant marin antihoraire qui poussent la glace qui est en train de se former sur la côte de la baie d’Hudson, sur la pointe de Churchill. Ce phénomène combiné à la grande quantité d’eau douce flottant vers le nord de la rivière Churchill entraîne une formation de glace plus rapidement sur la côte nord-ouest de la baie d’Hudson. Ceci attire beaucoup d’ours qui anticipent leur retour sur la glace pour repartir à la chasse au phoque. Ce rassemblement ne concerne pas seulement les ours, mais également le tourisme.

La saison touristique

C’est après la fermeture d’une base militaire située à Churchill dans les années 1960 que les locaux ont commencé à voir des ours polaires aux alentours. Le tourisme a débuté au début des années 1970, et en 1979 le premier « Tundra buggy » a été conçu, soit un gros véhicule se déplaçant sur la côte et dans la toundra. Il y a maintenant dix-huit « Tundra Buggy » et deux auberges basées sur la côte qui emmènent quotidiennement leurs clients observer les ours polaires dans la toundra au mois d’octobre et novembre. La population d’ours de la baie d’Hudson est évaluée à environ 1 000 ours et près de 300 d’entre eux passent par Churchill à l’automne. Dans une journée occupée, on peut voir jusqu’à 30 ours sur la côte. C’est donc le festival des photographes!

Pour ma part, avec notre propre compagnie (à mon partenaire et moi), Polar Bear Alley, je guide sur le sol, je ne voyage pas dans les gros véhicules de toundra. J’utilise mon propre 4×4 pour me déplacer sur la côte une fois le sol bien gelé. Je marche avec mes clients pour aller voir les ours, ce qui leur permet de prendre des photos au même niveau que l’ours plutôt que d’être en hauteur comme dans un véhicule de toundra. Ce style est cependant réservé à une clientèle plus aventurière en bonne forme physique. C’est une approche très différente qui demande une connaissance plus approfondie du comportement de l’ours, car les risques sont plus grands et il n’y a pas de place pour l’erreur.

Les ours sont protégés à Churchill et n’ont pas peur des humains comme dans les régions où la chasse est permise. Alors, c’est possible d’avoir de belles rencontres avec eux et de créer un respect mutuel. Dans mon prochain article, j’entrerai plus en détail sur la façon dont je lis leur comportement et sur la relation de coexistence entre les autochtones et les ours polaires.