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le Jeudi 24 octobre 2024 7:57 Actualités

Le personnel enseignant demande de meilleurs salaires

Pour Ted Hupé, président de l’Association des professionnels de l’éducation du Yukon (YAEP), une meilleure rémunération pour le personnel enseignant permettrait de pallier la pénurie que traverse actuellement tout le pays.  — Photo : Gwendoline Le Bomin
Pour Ted Hupé, président de l’Association des professionnels de l’éducation du Yukon (YAEP), une meilleure rémunération pour le personnel enseignant permettrait de pallier la pénurie que traverse actuellement tout le pays.
Photo : Gwendoline Le Bomin
L’Association des professionnels de l’éducation du Yukon (YAEP) a publié un communiqué le 4 octobre dernier pour faire part de son rejet de la proposition du gouvernement yukonnais d’augmenter le salaire de 10,5 % au cours des trois prochaines années.

En plus des conditions de travail difficiles, combinées à une grave pénurie de personnel, 95 % des membres de la YAEP ont voté en faveur d’un plan d’action, une première en 25 ans. Ted Hupé, président de la YAEP, parle d’impasse.

Dans un communiqué publié le 7 octobre dernier, le gouvernement du Yukon s’est dit prêt à discuter. « La prochaine étape dans le processus de négociation est la conciliation avec l’aide d’un bureau de conciliation. Tant que le processus de négociation prévu par la loi n’est pas terminé, aucun moyen de pression ne peut être autorisé ni exercé », a déclaré Sandy Silver, ministre responsable de la Commission de la fonction publique.

Ce dernier a également rappelé que les salaires du personnel enseignant du Yukon sont parmi les meilleurs au Canada et sont supérieurs de plus de 30 % à ceux de la Colombie-Britannique. Ted Hupé y concède. « Nous sommes en troisième position après le Nunavut et les T.N.-O ». Toutefois, il estime que les salaires ne sont pas compétitifs. « Le coût de la vie est 18 % plus élevé que dans le Sud […] [Le personnel enseignant] se rend compte qu’il n’est pas rentable de partir vers le Nord parce qu’il peut trouver un emploi plus près de chez lui, plus près de sa famille et en tirer le même bénéfice, voire un bénéfice supérieur, par rapport à nous. »

Selon lui, le nombre de postes vacants va continuer d’augmenter. « Si le gouvernement veut que ces postes vacants soient pourvus dans nos écoles, il devra payer un taux compétitif, un taux qui correspond au marché », martèle-t-il.

Difficultés à embaucher

« Nous avons de nombreuses écoles communautaires rurales qui ont beaucoup de postes vacants. Si vous regardez le Yukon Government Teacher Job Board, en date d’hier, il y avait 53 postes vacants, cela ne changera pas », rapporte le président du syndicat.

« Au cours des cinq dernières années, nous avons eu beaucoup de mal à embaucher des enseignants d’immersion en français et des enseignants de français langue première », poursuit-il.

Cette pénurie touche d’ailleurs le reste du Canada. « Par exemple, la Colombie-Britannique prévoit une pénurie de 20 000 enseignants au cours des dix prochaines années et de 7 000 aides-enseignants au cours des dix prochaines années », selon Ted Hupé.

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« Les enseignants vont là où il y a de l’innovation et là où le salaire est bon ou le coût de la vie raisonnable. À l’heure actuelle, lorsque les candidats à l’enseignement se tournent vers le Yukon, ils constatent qu’il n’y a pas de logements ou qu’ils sont trop chers », rapporte-t-il.

Une meilleure rémunération pour une meilleure rétention?

Est-ce qu’une bonne rémunération est un gage d’attraction et de rétention du personnel? À cette question, le président du syndicat est sans équivoque. « C’est le principal moteur, c’est l’économie. Si nos enseignants, nos assistants d’éducation ne peuvent pas vivre confortablement ou gérer leurs dépenses avec le salaire qu’ils reçoivent, ils choisiront d’autres options. »

« L’innovation et les conditions de travail ont un rôle à jouer à cet égard. Mais ils sont secondaires. Nous devons tous mettre de la nourriture sur la table […] Les salaires sont un moyen évident d’attirer les candidats », dit-il.

Marc Champagne, directeur général de la Commission scolaire francophone du Yukon (CSFY), rapporte que tous les postes à la Commission scolaire francophone ont été pourvus ces dernières années.

Photo : Archives A.B.

Marc Champagne, directeur général de la Commission scolaire francophone du Yukon (CSFY), se dit satisfait du recrutement. « On a comblé tous les postes qu’on avait à combler pour cette année et, depuis les dernières années, on n’a jamais été contraint à embaucher un enseignant qui n’avait pas un brevet d’enseignement. »

Il reconnaît que la proactivité et l’investissement dans le recrutement, comme la publicité, les séjours exploratoires et les foires de l’emploi, ont permis d’augmenter la visibilité de la CSFY et d’attirer l’intérêt de candidats.

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Pour le directeur, « la grille salariale est un outil important pour le recrutement, mais elle a beaucoup moins d’impact au niveau de la rétention du personnel. Si ta grille salariale n’est pas compétitive avec d’autres juridictions, c’est certain que ça va avoir un impact négatif au niveau du recrutement. »

« Les gens vont comparer les grilles. Ils vont peut-être choisir d’aller travailler au Nunavut ou aux T.N.-O parce que les salaires sont plus élevés. Mais je pense qu’il y a d’autres facteurs qui sont beaucoup plus importants que la grille salariale. Les conditions de travail, le soutien qui est offert en salle de classe, le soutien qui est offert au niveau des ressources, la formation pédagogique, la reconnaissance du personnel, je crois que ces facteurs-là sont beaucoup plus importants au niveau de la rétention. »

Marc Champagne constate que l’inflation a un impact réel sur les employé·e·s. « On a vu une forte augmentation du coût de la vie, puis les salaires n’ont pas suivi. Donc, c’est quand même quelque chose qui est extrêmement important pour le personnel. »

« À l’heure actuelle, aucune date de négociation n’a été fixée avant décembre », indique Ted Hupé. « Ils ont choisi de fixer des dates de négociation avec le Yukon Employees Union plutôt qu’avec nous », déplore le président du syndicat.

IJL – Réseau.Presse – L’Aurore boréale