« Ils verront sa face et son nom sera écrit sur leurs fronts. Il n’y aura plus de nuit, et ils n’auront plus besoin de lampes ni de soleil, car le Seigneur Dieu sera leur lumière, et ils régneront pour toujours et à jamais » (Ap 22, 4-5). Ce texte est si inspirant, alors que nous entrons en cette période du Soleil de Minuit. Voir clair dans la nuit, c’est plus qu’un phénomène nordique, c’est une aspiration spirituelle qui nourrit notre espérance à même les adversités et les noirceurs de la vie. Voir clair dans la nuit devient ainsi une manière de vivre à longueur d’année.
C’est ce même texte que m’a inspiré le décès de Libby Dulac. Artiste-peintre, elle avait ce don de nous faire entrer en ce qu’elle voyait. Que ses tableaux soient de couleurs vives du plein jour ou des clartés de la nuit, elle avait ce don de nous faire pénétrer à même la création qu’elle peignait, comme si on faisait partie du paysage. Puisque contempler signifie « faire partie de », ne sommes-nous pas alors invités, lors de nos aventures estivales, à dépasser le simple regard extérieur pour pénétrer de tout notre être en ce à quoi nos regards nous exposent?
Je me souviens d’une pareille expérience de contemplation, alors que je me retrouvais pour la première fois au beau milieu d’une rivière à saumon en Alaska. J’étais estomaqué de tant de grandeur devant l’immensité des montagnes et de la vitalité du courant, douce réminiscence des grandes photos des calendriers publicitaires de mon enfance nous montrant un pêcheur en action, entouré d’un décor semblable… et fumant sa cigarette. Grande fut la surprise de mon amie qui me servait de guide de m’entendre crier avec enthousiasme : « Je suis dans le calendrier! »
Libby avait ce regard de contemplation, car elle entrait elle-même dans le décor avec les yeux d’un autre : les yeux de son amoureux qui lui rapportait sans cesse de ses expéditions des clichés des trésors cachés et inexplorés du Parc Kluane. Lui-même ouvreur de sentiers, Claude Dulac avait découvert que la véritable contemplation passait par les pieds, pour mieux entrer dans ce qu’on voit. Il va sans dire qu’entrer dans la création de cette manière nous met en relation avec le Créateur et suscite émerveillement et gratitude.
Libby dissimulait en chaque toile une petite croix en signe de reconnaissance pour Celui qui lui donnait de communier à tant de grandeurs… et d’en faire partie. Alors que débute la saison du GéoCache à la recherche d’indices et de trésors, transformons nos randonnées à la découverte d’un ThéoCache, où Dieu lui-même veut nous révéler tout son amour en nous rappelant son héritage : « Tout ce qui est à moi, tout ce que tu vois et entends, est aussi à toi. » Contempler avec les yeux de l’Amour créé ne peut que nous donner cette ardeur à devenir co-créateur et participant de ce même Amour.
Apôtre de l’unité et artiste contemplative entre les mains de son Créateur, Libby a peint avec grandeur ce qu’elle voyait, qu’elle entre maintenant dans le REGARD de Dieu; elle a rassemblé des gens de tant de manières pour construire une communauté vivante et fidèle, qu’elle soit maintenant UN avec Dieu et devienne explosion d’AMOUR et de PAIX à travers les montagnes, les fleurs, les lacs et les rivières, les étoiles et le soleil. Parce que le Seigneur Dieu a été sa LUMIÈRE tout au long de son voyage sur la terre, qu’elle devienne maintenant LUMIÈRE avec LUI, illuminant nos cœurs, nos regards et nos chemins d’humanité!
Bon été, les deux pieds dans la photo de votre calendrier!