La croissance de la population au Yukon, de plus de 21 % en dix ans, semble être un terrain fertile pour la francophonie. Si partout au pays la proportion des Canadiens et Canadiennes qui parlent français de façon prédominante à la maison est à la baisse, la francophonie yukonnaise, elle, est en augmentation.
Le dernier rapport sur le recensement de 2021, paru le 17 août dernier, révèle que le Yukon maintient sa troisième place en matière de bilinguisme au Canada. Selon Statistique Canada, en 2021, le territoire comptait 40 232 personnes résidentes. Le rapport démographique du Bureau des statistiques du Yukon pour le premier trimestre de 2022 indique quant à lui un chiffre encore plus élevé : 43 744 âmes, selon l’organisme territorial.
La place du français au Canada
Le nombre de personnes pouvant soutenir une conversation en français a atteint 10,7 millions en 2021, dont 2,7 millions d’entre elles se trouvent en dehors du Québec. Ces chiffres ne sont pourtant pas aussi élevés que ce qu’espéraient les organismes de représentation de la francophonie au pays.
« Nous sommes 2 790 300 à parler français dans neuf provinces et trois territoires. C’est une légère augmentation de 49 000 comparativement à 2016. Mais si le gouvernement fédéral avait atteint ses cibles en immigration francophone depuis 2008, nous serions au moins 2 860 000 », déplore la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, Liane Roy.
Avec 14,2 % de personnes bilingues français-anglais, le Yukon se place en troisième position au Canada, après le Québec et le Nouveau-Brunswick, deux provinces où le français est une langue officielle. Appliqué aux chiffres de 2022 du dernier rapport du Bureau des statistiques du Yukon, ce pourcentage signifierait que plus 6 000 personnes sont bilingues (français-anglais) au territoire.
« Ces nouvelles données sont une excellente nouvelle, mais aussi un soulagement. On a beau avoir l’impression d’entendre le français partout au territoire, on avait besoin d’une confirmation dans les chiffres de Statistique Canada. Ces données nous permettent de donner du sens à ce que l’on fait », se réjouit Isabelle Salesse, directrice générale de l’Association franco-yukonnaise.
En ce qui concerne la langue maternelle — langue apprise dans l’enfance et toujours comprise — là aussi le Yukon se démarque du reste du pays avec une augmentation de près de 15 %. Notons aussi que le nombre de personnes se déclarant comme ayant plusieurs langues maternelles a plus que doublé au territoire, passant de 675 à 1275, avec un bémol : ce chiffre n’inclut pas uniquement le français et l’anglais.
L’avenir reste incertain
Si au Yukon la situation est encourageante, ce n’est pas le cas dans les deux autres territoires. Aux Territoires du Nord-Ouest, le français stagne, tandis qu’il chute carrément au Nunavut.
Ces nouveaux chiffres au sujet des langues officielles cachent une réalité qu’il ne faut pas négliger. « Presque partout au pays, le poids démographique des francophones a diminué. C’est préoccupant, s’inquiète Mme Salesse. En 2019, le gouvernement fédéral a affirmé qu’il devait protéger la langue française au Canada, mais nous avons besoin de plus d’actions qui vont dans ce sens. »
Elle mentionne notamment la nécessité de mettre en place des mécanismes favorisant efficacement l’immigration francophone, incluant la capacité des communautés de les accueillir et les intégrer. Elle estime aussi que « les défis liés au logement pourraient avoir un impact sur la rétention des francophones au Yukon dans les cinq prochaines années ».
IJL – Réseau.Presse
L’Aurore boréale