Émylie Thibeault-Maloney
Les camions de cuisine de rue étaient rassemblés sur la rue Steele du 13 au 17 août derniers à l’occasion du festival Street Eats. Au menu, de la cuisine indienne, des crêpes, et beaucoup de friture. La poutine était également présente dans toutes ses déclinaisons, mais une d’entre elles aura particulièrement attiré l’attention : la poutine aux criquets.
Tout y est : les frites croustillantes, la sauce brune et même le « vrai » fromage en grains. Le tout parsemé d’une généreuse portion de criquets entiers frits. Pour souligner sa présence au festival pour une deuxième année, le camion-restaurant The Gravy Train avait lancé un « défi criquet » en invitant ses clients à goûter à ses plats aux insectes pour tenter de gagner un coupon cadeau. Un défi que plusieurs n’ont pas hésité à relever, selon le copropriétaire du commerce, M. Ron Davis. « C’est la première fois que nous offrons des criquets sur le menu, et ça a été très bien reçu. Il y a des photos partout sur Facebook de gens qui essaient », explique-t-il.
Il ajoute : « Il y a un mouvement. C’est durable, alors on s’est dit : hey, amusons-nous, et essayons quelque chose de nouveau. »
Une tendance écoresponsable
Bien qu’elle existe depuis longtemps dans plusieurs pays du monde, notamment en Afrique, l’entomophagie, ou la consommation d’insectes par l’être humain, reste marginale ici en Occident — à plus forte raison dans le nord du Canada, où la variété alimentaire peut s’avérer limitée.
Pour M. Davis, l’idée d’offrir des criquets sur son menu est venue d’un groupe local regroupant des passionnés d’entomophagie : la Yukon Bug Munchers Society. Le groupe se réunit pour des dégustations d’insectes, par exemple des scorpions.
Chris Gilberds est le fondateur du groupe. « Je voulais essayer de trouver d’autres personnes qui partagent mon intérêt envers la consommation d’insectes, la production alimentaire, l’environnementalisme et la cuisine. Je ne voulais pas être restreint à mon cercle d’amis. Je voulais créer un groupe plus large de Yukonnais qui aiment manger », affirme-t-il.
Ce n’est qu’en novembre 2017 qu’il a découvert sa passion pour l’entomophagie. « J’aurais aimé que ce soit plus tôt. Ce qui est cool, c’est que plus je pose de questions et plus j’obtiens de réponses quant à certains problèmes auxquels le véganisme ne pouvait répondre. Ce n’est pas parfait, mais c’est beaucoup mieux que le modèle que nous avons maintenant. Toute ma famille consomme maintenant des insectes, à divers degrés », confie-t-il.
Les insectes sont une source de protéines ultra légère dont les bienfaits environnementaux sont importants, puisque la production requiert peu d’espace, d’énergie et d’eau.
Guillaume est un nouveau consommateur. « J’ai commencé pour le côté « fun », j’aime bien goûter des nourritures nouvelles ou intrigantes. Je n’ai pas encore intégré cet aliment dans ma diète quotidienne, mais c’est une option intéressante que j’explore en ce moment. Cela correspond aussi rationnellement à mes prises de position écologiques et politiques. »
D’aucuns soutiennent qu’il s’agit d’une solution à la crise écologique actuelle qui pourrait devenir la nourriture de l’avenir. À condition bien sûr que les Occidentaux laissent de côté leurs préconceptions… une poutine à la fois.