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le Lundi 23 octobre 2017 16:13 Société

Irma, Maria : chaque geste compte

Jessica Nadon s’est rendue au Cap Vert pour apporter son aide aux victimes des ouragans. Photo : Jessica Nadon
Jessica Nadon s’est rendue au Cap Vert pour apporter son aide aux victimes des ouragans. Photo : Jessica Nadon

Le 6 septembre dernier, l’ouragan capverdien Irma a frappé les Caraïbes. Ce fut le plus puissant ouragan depuis Wilma, en 2005. Jessica Nadon, travailleuse sociale yukonnaise depuis de nombreuses années, n’a pas hésité une seule seconde en apprenant la nouvelle. Elle s’est rendue sur place pour aider du mieux qu’elle pouvait.

Une communauté extraordinaire

« L’hiver dernier, j’ai eu la chance de visiter l’île d’Exuma, un vrai paradis, une île magnifique. Au-delà des beaux paysages, j’y ai surtout découvert une communauté extraordinaire », raconte Jessica Nadon.

Jessica Nadon s’est rendue dans les îles pour apporter son aide aux victimes des ouragans. Photo : Jessica Nadon

Jessica Nadon s’est rendue dans les îles pour apporter son aide aux victimes des ouragans. Photo : Jessica Nadon

 

À l’annonce de la menace de l’ouragan, la jeune femme a ressenti immédiatement toute l’inquiétude de cette communauté. « Les gens sur place avaient très peur. L’ouragan était annoncé d’une telle ampleur… ils me disaient qu’ils n’avaient jamais eu à se préparer pour un ouragan aussi fort. »

À l’affût de la moindre nouvelle, Mme Nadon souhaitait plus que tout se rapprocher des gens qu’elle avait rencontrés là-bas. « Je n’ai pas pu y aller avant l’ouragan, j’aurais voulu pouvoir aider à préparer l’arrivée. Mais c’était impossible. J’ai dû attendre une semaine avant de pouvoir me rendre sur place. »

L’œil de l’ouragan a relativement épargné l’île d’adoption de la jeune femme, de même que les îles plus au nord des Bahamas. « Tout le monde ici s’est senti tellement chanceux et reconnaissant d’avoir été si peu touché! Reconnaissant notre chance, nous avons tous commencé à aider les autres du mieux que l’on pouvait. »

Un geste à la fois

C’est vers les îles Turques-et-Caïques que Mme Nadon s’est dirigée. Elle a alors constaté l’ampleur des dégâts : maisons détruites, plus d’électricité, nourriture réduite au minimum, routes inondées… « C’est là que j’ai compris toute la puissance d’Irma. Tout est à reconstruire! »

La jeune femme logeait dans une maison dont le toit était brisé. Une petite fille de 6 ans l’a rassurée. « Elle m’a dit que sa chambre était un endroit sécuritaire, que je pouvais m’y réfugier s’il se mettait à pleuvoir! »

Malgré les pertes matérielles, les habitants ont gardé le sourire et relativisaient la catastrophe. Le fait que les gens restaient positifs malgré le fait qu’ils avaient tout perdu est ce qui a marqué le plus la jeune femme.

« Un homme m’a dit que c’était le prix à payer pour avoir aussi longtemps joué avec la nature. Je suis restée sans mots. »

À peine quelques jours après son arrivée sur cette île dévastée, Mme Nadon a dû quitter l’île et repartir à Exuma, puisqu’un deuxième ouragan s’annonçait. « Comment assurer sa sécurité quand tous les abris sont déjà détruits? J’ai dû quitter l’île pour aller me préparer à Exuma, mais je ne peux pas expliquer ce sentiment d’impuissance. Tant de personnes n’avaient aucun moyen de quitter les lieux… »

L’aide est nécessaire

Ce deuxième ouragan a également épargné l’île d’Exuma. « Toute la communauté ici reconnaît et apprécie la chance que nous avons eue, et maintenant, nous mettons tous nos efforts pour apporter l’aide nécessaire à ceux qui en ont besoin. »

Chaque geste compte, même minime. Chaque jour, elle collecte un peu plus pour aider.

« On ramasse de la nourriture, des médicaments, de l’eau, des vêtements… ».

Pleine d’émotion, la jeune femme explique que les médias sociaux lui envoient une réalité déconcertante. « Certaines personnes semblent être affectées par la destruction de ce qu’ils avaient planifié comme destination de vacances. Si je peux me permettre, j’ai envie de suggérer de venir quand même, et d’aider. Tout est à refaire ici, et les gens sont positifs, reconnaissants. » L’aide est nécessaire. Aucun geste n’est anodin.

La jeune femme préparait au moment de l’entrevue un voyage vers l’île Ragged, grandement touchée par les deux ouragans.