Je suis arrivée au Canada il y a plus de quatorze ans, et très rapidement j’ai posé mes bagages au Yukon. Après avoir utilisé tous les visas qui existaient, j’ai obtenu ma résidence permanente quelques années après mon arrivée. J’ai ensuite attendu plus de dix ans avant de faire une demande de citoyenneté. Pendant tout ce temps, devenir citoyenne ne me paraissait qu’une autre formalité qui elle, me donnerait le droit de voter. « Un jour, je le ferai », me disais-je… « Quand je serai grande! »
Et le jour s’est présenté, alors que j’étais employée du groupe les EssentiElles en pleine période d’élection fédérale. Comment pouvais-je prendre position sans avoir le droit de voter? Comment pouvais-je m’engager politiquement sans même avoir un impact sur le choix des leaders du pays ou du territoire dans lequel je vivais, je travaillais et élevais mes enfants?

Le député du Yukon, Larry Bagnell, félicite Maryne Dumaine, le 1er juillet dernier, lors de la cérémonie de citoyenneté. Photo : Thibaut Rondel
Quelques mois après les élections, j’ai entamé le processus. Relativement simple, finalement. Chance ou contexte politique aidant, seulement quelques mois plus tard, je recevais une lettre m’invitant à passer l’examen écrit. J’avais dix jours pour me préparer! Immédiatement, je me suis procuré le guide de préparation à l’examen auprès de l’Association franco-yukonnaise (AFY). Près de 60 pages couvrant tout ce qu’un étranger doit savoir au sujet du Canada! Les faits essentiels. Histoire, systèmes politique et économique, géographie. Il y avait même quelques pages au sujet de la culture et le tout commençait par des faits très intéressants sur les Premières Nations du Canada et la part que leurs peuples ont prise dans les moments charnières de l’histoire.
J’ai donc étudié. Lu et relu, pratiqué des tests sur le Web. D’un seul coup, devenir Canadienne était plus qu’une simple formalité. C’était bien plus qu’un test ou un droit de vote. Je voulais connaître ce pays, car il allait devenir MON pays. Si dans mon enfance j’avais appris l’histoire, la géographie, les peintres, les auteurs de la France, je devais maintenant tout apprendre sur le Canada.
Juste une formalité? Ou une nouvelle identité?
Au-delà des faits et des dates, j’ai surtout commencé à réfléchir à ma propre identité. En devenant immigrante, ce n’est pas qu’une carte qui change. C’est la façon dont on définit notre identité qui prend un certain tournant. J’allais pouvoir me définir comme « Canadienne ». Et contrairement à bien des gens, moi, j’allais l’être par choix. Double nationalité. Double appartenance. Mais une seule identité, simplement plus riche.
Privilège incroyable, la cérémonie de ma citoyenneté avait lieu le jour du 150e anniversaire de la Confédération du Canada! Une tente remplie d’inconnus a pu témoigner de mon serment! Et c’est en français, anglais, et Tutchone du Sud que j’ai chanté l’hymne national.
Ce que je retiens de toute cette démarche, c’est qu’à l’image de mon pays d’accueil, j’aime évoluer, apprendre. Capable d’accepter les erreurs de mon passé, mes hésitations, je suis une personne qui est capable de se transformer sans nécessairement faire une révolution intérieure. L’objectif reste d’évoluer et de grandir, de continuer à être, pour le meilleur. Je suis reconnaissante d’être devenue Canadienne. J’ai hâte de découvrir encore et encore la beauté de mon nouveau pays!
Alors oui, excusez-moi, mais je suis vraiment fière d’être Canadienne!