Chaque année, le printemps voit apparaître des affiches aux teintes colorées qui illustrent de façons innovante, remarquable et ludique un fléau qui malheureusement continue d’affecter beaucoup trop de personnes dans notre société. Le mois de mai, Mois de prévention des agressions sexualisée (MPAS), est une occasion de souligner des chiffres qu’on ne dira jamais trop.
Au Canada, une femme sur quatre sera victime d’agression sexualisée durant sa vie. Pour les femmes autochtones, le taux est d’une sur deux. Au Yukon, le taux d’agressions sexualisées est 3,5 fois plus élevé que le taux moyen des provinces.
Souligner ces statistiques est essentiel, mais cette année, les organismes organisateurs de la campagne ont décidé d’aller plus loin. Le message de 2017 vise le changement de discours, la réflexion sur les choses que nous disons toutes et tous, parfois de façon anodine.
Mettre fin à la culture du viol
Les comportements sexualisés inappropriés qui sont visés par la campagne organisée par les EssentiElles et le Centre pour femmes Victoria Faulkner, englobent non seulement les agressions, mais vont bien au-delà.Car la culture du viol va plus loin que la violence physique. Elle englobe toute une façon de concevoir les discours, l’appréhension des systèmes auxquels nous sommes exposés, et même ce que nous incluons dans notre mode de consommation. Les films que nous regardons, les magazines que nous achetons, nos voies en tant que consommateurs et citoyens représentent une bonne partie de cet univers complexe.
Le débat n’est pas clos. Et il est certain que des zones grises existent. Mais les discussions sont au cœur de l’action concrète. Parler entre amis, en famille, apporter un débat dans notre environnement social, voilà des moyens concrets qui permettent de se rendre compte que nous vivons dans une culture qui ne prône pas toujours le respect de chacun. Le changement se fera une personne à la fois et à chacun son rythme.
« Changer le discours »
Le thème de la campagne de cette année vise à amener les gens à réfléchir sur des normes qui sont entrées dans le bien commun, qui s’entendent chaque jour et qui peuvent encourager les agressions sexualisées. « Par-dessus tout, nous voulons proposer des réflexions et des alternatives. Nous voulons amener les gens à repenser certains mythes, on aimerait que les gens changent leur propre discours, de façon convaincue », explique Sarah Cloutier, consultante en communication pour la Campagne MPAS.
Une campagne pleine de positivisme et d’activités attrayantes
Le footballeur des BCLions, J.R. LaRose, activiste de la campagne « Be more than a bystander » — Soyez plus qu’une personne témoin —, viendra présenter une conférence sur le rôle des hommes dans la prévention des agressions sexualisées. Impliquer les hommes et les garçons est un moyen formidable pour les amener à faire une différence dans leur communauté et devenir des leaders positifs.
Un autre événement à souligner : un panel de Byte Connex (en partenariat avec l’organisme BYTE). Différents extraits issus de films ou de médias seront présentés au public. Un panel constitué de jeunes adultes discutera ensuite de la façon dont le consentement est représenté dans ces extraits vidéo et de ce qui pourrait être fait différemment. « Ce genre d’activité encourage les gens à repenser ce qu’ils consomment en tant que média et l’impact que ça a sur notre culture. » Le public sera ensuite invité à donner un score aux médias présentés.
À travers ces activités innovantes, les organisateurs espèrent avancer vers une communauté plus égalitaire et sécuritaire pour toutes et tous.
Pour plus d’information sur les campagnes ou activités, écrivez à [email protected], appelez au 668-2636 ou trouvez Les EssentiElles sur Facebook.
Quelques définitions
Pour ceux et celles qui se sentent loin de cette réalité, il est bon de remettre quelques définitions sur la table.
Agression sexuelle : Ce terme, utilisé de façon bien souvent trop générique, désigne en réalité une attaque de nature sexuelle (un rapport forcé par exemple), un contact sexuel non désiré ou auquel la victime n’était pas en mesure de consentir (si la victime est inconsciente par exemple).
Agression sexualisée :
Ce terme englobe la communication sexuelle verbale ou non verbale inappropriée, telle que des blagues à caractère sexuel, des attentions sexuelles non désirées, des commentaires sexuels inappropriés, des discussions inappropriées au sujet de la vie sexuelle.
Il peut s’agir également, surtout à l’ère des nouvelles technologies dans laquelle nous vivons, d’afficher, montrer ou envoyer du matériel sexuellement explicite. De prendre ou d’afficher des photos ou des vidéos sexuelles inappropriées ou sexuellement suggestives de personnes sans leur consentement.
Bien sûr, les contacts physiques inappropriés, le harcèlement, les attouchements, les offres d’avantages professionnels en échange de faveurs sexualisées ou les répercussions en cas de refus sont autant de comportements inclus dans le terme d’agression à caractère sexualisé.