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le Mercredi 22 mars 2017 8:38 Société

Juliette Parrott, le coeur sur la main!

Juliette Parrott. Photo : Olivier de Colombel
Juliette Parrott. Photo : Olivier de Colombel

Juliette Parrott a travaillé pendant plus de six ans au magasin de l’Armée du Salut qui fermera ses portes le 12 avril. Elle nous raconte sa vie et ses souvenirs du thrift store.

D’Est en Ouest

Juliette est une Brayonne, c’est à dire une habitante francophone du comté de Madawaska situé au nord-ouest du Nouveau-Brunswick. Après avoir reçu son diplôme d’infirmière, Juliette a vu beaucoup de ses amies fraîchement diplômées partir au loin, et elle s’est dit : « Moi aussi je vais partir, je vais aller voir le monde! Je suis donc partie en Ontario rejoindre ma sœur, et j’ai rencontré mon mari originaire de Terre-Neuve. » Une histoire qui a bien fonctionné, puisque 47 ans plus tard, les voilà tous les deux à Whitehorse. Depuis deux ans, Juliette s’occupe principalement de son mari qui est malade.

Juliette Parrott. Photo : Olivier de Colombel

Juliette Parrott. Photo : Olivier de Colombel

Aurore boréale : Tout d’abord, comment êtes-vous arrivés au Yukon?

Juliette Parrot : Mon mari et moi avons pris notre retraite et en 2001, le marché s’est effondré. Nous avons perdu quelques-uns de nos investissements, alors on s’est dit qu’il fallait retourner travailler. On connaissait une amie au Yukon qui nous a dit : « Venez! Vous aimerez ça », alors on a tourné la clé dans notre maison à Terre-Neuve et nous sommes venus ici pour deux ans. Puis, de retour à Terre-Neuve, cela nous a pris trois ans pour revenir à Whitehorse. Le Yukon me manquait. Cela fait maintenant dix ans que nous habitons au Yukon.

A. B. : Est-ce à ce moment-là que vous avez commencé à travailler au magasin de l’Armée du Salut?

J. P. : Oui, j’ai commencé par faire du volontariat pendant deux ans, puis je suis devenue employée. Je rangeais les livres, je nettoyais, je ramassais les choses et je passais deux demi-journées par semaine là-bas. Je me suis fait des amis, je rencontrais beaucoup de clients. Puis, j’ai accepté de prendre un poste d’employé deux jours par semaine.

A. B. : Comment était l’ambiance au magasin pendant les six années durant lesquelles vous y avez travaillé?

J. P. : Je travaillais souvent avec une personne qui avait été infirmière également. Ensemble, on travaillait très bien, mais quelquefois, il y avait des tensions dans le reste de l’équipe. Certaines personnes n’étaient pas d’accord sur le prix des produits, ou sur ce qui était acceptable de recevoir dans le magasin, et ce qui ne l’était pas. Je rencontrais plein de clients au magasin, après un an ou deux, on se connaissait. Ils venaient me voir pour que je les aide à trouver des choses pour eux.

A. B. : D’après vous, pourquoi le magasin doit fermer ses portes?

J. P. : Quand ils ont commencé à avoir des problèmes financiers, ils ont augmenté les prix des produits. Et chaque fois qu’ils augmentaient les prix, la fréquentation baissait. Parce que les personnes qui fréquentent l’Armée du Salut sont des personnes qui en ont besoin. Que ce soit les jeunes familles pour habiller leurs enfants ou des personnes plus âgées qui vivent avec une pension limitée. Un des problèmes majeurs aujourd’hui, c’est que l’Armée du Salut reçoit trop de déchets. En plus, il faut payer le loyer, les dépenses, les salaires, etc. Il faudrait quelqu’un qui décide de ce qu’on accepte dans le magasin, car pour l’instant ils acceptent tout et n’importe quoi.

A. B. : Quelles sont les réactions des personnes autour de vous au sujet de la fermeture du magasin de l’Armée du Salut?

J. P. : J’entends beaucoup de personnes qui disent : « Mais qu’est-ce qu’on va faire? On ne peut pas aller acheter des vêtements neufs! » J’ai toujours l’espoir que ça ne ferme pas, parce qu’il y a tellement de personnes qui ont besoin de cet endroit. J’espère vraiment que quelqu’un d’autre va ouvrir un magasin semblable au thrift store.