C’est avec un billet aller simple en poche, que le 2 septembre dernier j’embarquais abord d’un Boeing 737 à destination du Yukon. Pourquoi le Yukon? À cette question que l’on m’a posée maintes fois dans les deux derniers mois, je répondrai : Et pourquoi pas?
Lorsque l’on pense à Bali, l’Irlande, Cuba, la Norvège ou bien l’Afrique du Sud, automatiquement des images nous viennent en tête. Que ce soit des plages paradisiaques, des animaux exotiques ou des valons verdoyants, on a déjà dans notre tête une idée préconçue de ce que l’on va voir et de ce qui forme le pays. On a juste à fermer les yeux et presque instantanément une image nous vient à l’esprit. Mais lorsque j’ai tenté l’expérience avec le Yukon, rien. Moi qui normalement a une imagination débordante qui s’enflamme à rien, je n’avais aucune image. Sur le tableau noir de mon imaginaire, il y avait bien sûr une épinette ici, un sapin par là et un peu de taïga un peu plus loin, mais mis à part ça, c’était un véritable trou noir. Alors, quelle meilleure raison pouvais-je avoir pour aller au Yukon que de satisfaire mon insatiable désir de curiosité et mon éternel besoin d’évasion? Bien sûr, certains d’entre vous penseront : mais pourquoi n’es-tu pas allée en Thaïlande comme la plupart des jeunes gradués le font? Eh bien, voyez-vous, je prends rarement le même chemin que les autres. Quand les gens prennent à droite, j’ai plutôt tendance à prendre à gauche. Pourquoi? Parce que c’est de cette façon que le monde s’ouvre à vous.
Terre sauvage, terre de lacs et de montagnes, le Yukon est la terre de l’immensité. Si je n’avais qu’un seul mot pour décrire ce bout de pays je dirais, sans une once d’hésitation, majestueux. Se promener au cœur de ce territoire nordique, c’est être percuté par la beauté et la vastitude d’une contrée encore authentique parsemée de monts et de pics. À la fois fières et majestueuses, il émane des montagnes une force tranquille dans laquelle se mélangent puissance et sérénité. Parcourir ce territoire, c’est faire corps avec la nature tout en acceptant de faire face à soi-même.
En voyageant aux quatre coins de ce territoire, j’ai appris que pour réellement apprécier le Yukon, il faut savoir respecter la nature dans tout ce qu’elle a de plus beau, mais aussi à travers tous les défis qu’elle peut apporter et, croyez-moi, elle vous en apportera! De plus, que l’on se trouve en plein cœur de la ville de Whitehorse, au sommet du dôme à Dawson ou sur la Dempster, il y a toujours une montagne, un fleuve ou un lac pour nous rappeler la force et la puissance des éléments devant lesquels il faut savoir faire preuve d’humilité et de reconnaissance. Durant tout le mois que j’ai passé au Yukon, j’ai compris que la nature était au centre de tout. Grâce à Sylvie Binette, une femme incroyable diplômée d’une maîtrise en biologie et résidant au Yukon depuis 30 ans, j’ai eu l’incroyable chance d’en apprendre plus sur l’enjeu de l’eau, sur la pêche au saumon, sur l’environnement, sur la faune et la flore, mais également sur les différentes communautés de Premières Nations, sur le mode de vie des Yukonnais et sur le fameux Yukon Time. À travers ses histoires et nos discussions, j’ai pu ainsi mieux comprendre ce que veut réellement dire la devise de ce territoire qui est : Larger than life, Plus grand que nature.
Terre sauvage, terre de liberté, de fraternité et d’idéaux, le Yukon est sans contredit la destination de choix pour les rêveurs et pour tous les amoureux de la nature et du plein air. Partir à la découverte de ce territoire nordique, c’est ouvrir son esprit aux quatre vents, accepter de se dépasser, goûter la richesse et la beauté d’une terre encore sauvage, faire des rencontres extraordinaires et être happé par l’immensité des glaciers le long de la route de Haines, par l’eau cristalline du Kathleen Lake et par l’émeraude ondoyant du Emerald Lake et du fleuve Yukon.
Partir à la découverte du Yukon, c’est accepter de voir plus grand que soi et de revenir avec une seule envie; y retourner encore et encore.
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