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le Lundi 14 novembre 2016 11:08 Société

La communauté philippine de Whitehorse : entraide et intégration

De nombreux membres de la communauté travaillent dans le milieu de la restauration, comme les sœurs Sarah et Maika, baristas au Chocolate Claim. Photo: Émylie Thibeault-Maloney
De nombreux membres de la communauté travaillent dans le milieu de la restauration, comme les sœurs Sarah et Maika, baristas au Chocolate Claim. Photo: Émylie Thibeault-Maloney

Les statistiques fédérales en recensaient près de 700 en 2011, mais selon la Canadian Filipino Association of the Yukon (CFAY), près de 3 000 Philippins vivraient désormais actuellement au Yukon. Pour les nouveaux arrivants, la famille est généralement le premier point de contact en sol canadien, avant l’association. « Dans la culture philippine, nous avons l’esprit « Bayanihan », qui veut dire « aider son prochain », explique Aileen Maningas, la présidente de la CFAY.

L’association, qui n’a pas encore pignon sur rue, organise des activités afin de réunir la communauté et aide les nouveaux arrivants à se trouver un emploi ou un logement, notamment. Elle parraine aussi deux enfants philippins par l’intermédiaire de Vision mondiale.

De nombreux membres de la communauté travaillent dans le milieu de la restauration, comme les sœurs Sarah et Maika, baristas au Chocolate Claim. Photo: Émylie Thibeault-Maloney

De nombreux membres de la communauté travaillent dans le milieu de la restauration, comme les sœurs Sarah et Maika, baristas au Chocolate Claim. Photo: Émylie Thibeault-Maloney

« Dans la communauté philippine du Yukon, il y a cinq clans. Si on retraçait l’arbre généalogique de la communauté, presque tous seraient des descendants ou des membres de la famille des cinq premières « nounous » venues de Singapour », raconte-t-elle. « Avant, lorsqu’il y avait moins de 200 Philippins au Yukon, tout le monde se réunissait. Aujourd’hui, c’est impossible de réunir tout le monde, alors chaque clan organise ses activités. »

Tout quitter pour améliorer le sort de sa famille

En passant par le Programme territorial de candidature à l’immigration (Yukon Nominee Program), les nouveaux arrivants peuvent obtenir un emploi, typiquement dans le service à la clientèle ou la restauration, des milieux où les employeurs ont parfois de la difficulté à recruter. Le Programme permet aux immigrants d’obtenir plus rapidement un statut de résident permanent.

« Les Philippines sont un pays du tiers monde », affirme Mme Maningas. « Il y a très peu de riches, et la majorité est très pauvre. Un travailleur, par exemple dans le domaine de la restauration, gagne environ 300 dollars par mois. Ici, en gagnant 1 500 dollars, avec le coût élevé des logements et de la nourriture, il en reste très peu à la fin du mois. Mais la plupart des gens réussissent quand même à envoyer de 300 à 500 dollars à leur famille chaque mois. Je connais une famille de dix personnes qui partage une maison jumelée à Riverdale. Parfois, je me demande : comment peuvent-ils se permettre d’avoir une nouvelle voiture avec leur emploi au salaire minimum? Puis, je me rends compte qu’ils travaillent aussi dans d’autres domaines comme le nettoyage, l’aménagement paysager… ils sont très travaillants », ajoute Mme Maningas.

« Parmi eux, il y en a qui étaient des enseignants, des infirmières, des ingénieurs… Je connais des personnes qui étaient à la direction d’une école pendant vingt ans aux Philippines, mais à défaut de pouvoir continuer d’exercer leur profession, elles travaillent maintenant dans un service de garde », explique-t-elle.

Pourquoi le Yukon?

Pourquoi choisir le Yukon, où le coût de la vie est relativement élevé, même selon les standards canadiens? « Il y a moins de compétition ici. Ceux qui sont ici depuis plus de cinq ans ont adopté le style de vie. Ils vont à la chasse, à la pêche… Évidemment, on se plaint tous du froid. Mais c’est notre maison, maintenant. Certains Philippins n’ont même jamais voyagé ailleurs au Canada. Certains sont mariés à des Canadiens, des membres des Premières nations… Nous essayons aussi de connecter avec les autres communautés, par exemple en les invitant à notre souper de Noël. Nous avons aussi une équipe de basketball dans laquelle des non-Philippins jouent également. »

En mars aura lieu le spectacle de danse « Fiesta Filipino » où les danses traditionnelles de différentes régions seront mises à l’honneur. L’activité, subventionnée en partie par le gouvernement du Yukon, vise à promouvoir la culture philippine ainsi qu’à favoriser la diversité.