Les Islandais ont une relation amour-haine avec leur pays. Demandez-leur comment est la vie en Islande et ils vous diront qu’elle est terrible. Mais demandez-leur s’ils aimeraient aller vivre ailleurs, et ils vous répondront : jamais! S’ils voyagent beaucoup, les Islandais finissent toujours par rentrer au bercail.
Kiddi, guide de montagne depuis six ans, m’explique les subtilités de la culture islandaise — culture énigmatique s’il en est une — tout en conduisant en direction du glacier Sólheimajökull que nous allons explorer aujourd’hui, armés de harnais, de crampons et de piolets. Moi qui croyais qu’il ne fallait jamais au grand jamais marcher sur un glacier, me voilà bien enthousiaste (l’idée du guide y est pour quelque chose… je n’aurais pas fait ça toute seule!).
À la conquête du glacier!
Le glacier est situé tout près du volcan Hekla, dont l’éruption est supposément due depuis dix à quinze ans. Kiddi nous explique qu’en cas d’éruption, le danger ne réside pas tant dans la coulée de lave elle-même, mais surtout dans la fonte soudaine du glacier, qui entraînerait une inondation phénoménale.
« Est-ce qu’on devrait s’inquiéter? », demande une passagère. « Bien sûr! », répond Kiddi, « Si nous sommes chanceux, nous aurons une heure pour évacuer les lieux. » L’activité volcanique de l’île ne semble pas exciter outre mesure le poil des jambes des habitants, accoutumés à vivre sur une île où la nature est reine.
Le glacier ressemble à un dépotoir à neige sale sur les photos, mais était plus joli en vrai! Est-ce pour cette raison que les Islandais ont développé un type d’humour noir? Kiddi est d’avis que ce trait culturel est typique des pays nordiques. « Ça prend du sarcasme — et de la bière — pour passer à travers les hivers longs et sombres », affirme-t-il.
Si la capitale Reykjavik est située à une latitude presque égale à celle de Whitehorse (elle est en fait à peine plus au Nord), les températures hivernales descendent rarement sous la barre des -10 degrés sur la côte, et la proximité de l’océan rend le climat très humide. Inondations, pluies fréquentes, sources d’eau chaude à profusion… à mon avis, l’Islande porterait mieux le titre de « pays de l’eau » que celui de « terre de glace et de feu » qu’on lui a poétiquement attribué.
Ajoutez à cela les piscines, dont les Islandais raffolent, et les innombrables rivières cristallines où l’on peut s’abreuver sans souci en randonnée, et vous obtenez un pays où l’eau prédomine. L’industrie de la pêche en est une d’importance et le poisson fait partie du menu traditionnel. La chasse à la baleine est toujours pratiquée, quoique controversée.
Arrivés au glacier, nous enfilons notre équipement et partons à l’assaut du monstre de glace. À la file indienne, nous suivons Kiddi. Nous avons de la chance : il ne pleut pas! Près d’une crevasse, Kiddi pioche pour défaire un morceau de glace, qu’il lance à bout de bras. Le nombre de secondes que prend le morceau pour toucher le fond nous indique la profondeur de la faille. « Celle-ci fait environ 38 mètres. Essayez de ne pas tomber ici… Ça serait dommage, ça me ferait beaucoup de paperasse à remplir! », s’exclame-t-il. Je commence à cerner l’humour islandais.
La compagnie Asgard Beyond (asgardbeyond.com) m’a guidée dans cette aventure. On vient vous chercher à votre hôtel à Reykjavik, on vous fournit l’équipement nécessaire (jusqu’aux bottes et aux vêtements imperméables!) et l’excursion peut avoir lieu toute l’année. Coût : 39 990 ISK (±450 $) n
Établie au Yukon depuis deux ans, Émylie Thibeault-Maloney est une traductrice passionnée de voyages actifs, de langues étrangères et de plein air. Découvrez le récit non censuré de ses aventures sur son blogue. Vous pouvez également la suivre sur Facebook et sur Instagram