le Mercredi 11 septembre 2024
le Mardi 4 octobre 2016 13:00 Société

Le petit guide du nouveau propriétaire yukonnais

Le cabinet d’avocat Lamarche & Lang a été cofondé en 2007 par Serge Lamarche, spécialiste du droit
immobilier commercial et résidentiel au Yukon. Photo: Thibaut Rondel
Le cabinet d’avocat Lamarche & Lang a été cofondé en 2007 par Serge Lamarche, spécialiste du droit immobilier commercial et résidentiel au Yukon. Photo: Thibaut Rondel

Avocat au cabinet Lamarche & Lang, Serge Lamarche possède plus de vingt ans d’expérience dans le domaine du droit immobilier commercial et résidentiel au Yukon. Spécialiste du développement des copropriétés (condominiums), M. Lamarche a notamment assisté le gouvernement du Yukon lors du développement de la nouvelle Loi sur le registre des titres de bien-fonds et lors du développement de la nouvelle loi sur les copropriétés. Vous rêvez de devenir propriétaire au Yukon? Découvrez dès maintenant les conseils de notre spécialiste.

Le cabinet d’avocat Lamarche & Lang a été cofondé en 2007 par Serge Lamarche, spécialiste du droit  immobilier commercial et résidentiel au Yukon. Photo: Thibaut Rondel

Le cabinet d’avocat Lamarche & Lang a été cofondé en 2007 par Serge Lamarche, spécialiste du droit
immobilier commercial et résidentiel au Yukon. Photo: Thibaut Rondel

L’Aurore boréale :Les prix de l’immobilier deviennent-ils accessibles au Yukon?

Serge Lamarche : Nous avons connu une croissance énorme entre 2002 et 2011 et les gens étaient habitués à acheter une maison pour 150 000 $. Ce n’est maintenant plus possible, à moins que ce ne soit une maison mobile sur un terrain de location, par exemple à Northland ou Takhini. Mais si l’on se compare au marché national, en excluant Toronto et Vancouver, le Yukon est cependant sous la norme d’environ 20 à 30 000 dollars pour la moyenne du prix de vente.

A. B. : Quel investissement doit-on s’attendre à faire?

S. L. : Il y a eu une énorme croissance dans le marché des copropriétés et des maisons de ville, comme à Whistle Bend, où [les maisons de ville] sont séparées par un mur, mais ont tout de même un titre de fief simple. Ce marché-là se situe entre 325 et 375 000 $ et nous avons tout de même fait plusieurs transactions de ce type depuis l’an dernier. Les choses se calment un petit peu quand on monte dans les prix. Il y a aussi les propriétés que l’on appelle les propriétés de luxe, à 600 000 $ et plus. Il y en a quand même un bon volume, mais pas autant qu’entre 2 002 et 2 011.

A. B. : Est-ce qu’un achat est plus intéressant financièrement qu’une location?

S. L. : Oui, pourvu que vous ne vous endettiez pas trop. Il faut mettre un 5 % minimum d’apport personnel — si l’on est rejeté par les banques, la Société d’habitation du Yukon vous permet d’aller jusqu’à 2,5 % — et les taux d’intérêt sont actuellement excellents, donc on peut quand même négocier un bon taux pour un terme de cinq ans. Il faut quand même avoir des réserves et s’assurer qu’on est prêt à une hausse probable du taux d’intérêt quand viendra dans cinq ans la renégociation d’une hypothèque. Mais je veux encourager l’achat d’une maison, c’est certain, parce que je crois qu’il y a une valeur là-dedans. Cependant, il faut commencer avec l’idée que la valeur de la propriété n’augmentera pas, bien que les gens s’attendent en général à ce que cette valeur augmente. Il y a certes une probabilité que ce soit le cas, mais il faut quand même adopter une approche conservatrice, effectuer ses paiements, et voir dans cinq ans si c’est abordable et si l’on peut renouveler l’hypothèque.

A. B. : Vaut-il mieux investir dans le neuf ou l’ancien?

S. L. : L’un ou l’autre! Il y a souvent des aubaines quand on achète du vieux, si l’on a des connaissances pour faires des rénovations et des améliorations soi-même. Pour le neuf, il y a certaines garanties qui viennent avec l’achat de la propriété. Alors, souvent les gens qui sont moins habiles préfèrent acheter du neuf, mais nous sommes plus ou moins limités à Whistle Bend. Certains terrains seront disponibles à Porter Creek, un petit peu; Riverdale, pas vraiment; au centre-ville, ce sont plus ou moins des petits projets de développement […]. Il y a aussi des terrains le long de la route de l’Alaska, mais on reste quand même limités au niveau des nouvelles constructions, à moins que l’on achète un terrain à l’extérieur de la ville, mais alors là, ça devient très coûteux.

A. B. : Quels sont les frais à prendre en considération lors d’un achat?

S. L. : Il faut non seulement compter le prix d’achat, bien sûr, mais aussi les assurances d’hypothèque — la SCHL — les évaluations et les inspections de la maison, les débours et les frais légaux, et possiblement les frais d’arpentage. Il faut aussi considérer les frais de déménagement et il y a toujours des ajustements pour les impôts fonciers, pour le mazout, le propane, etc.Il y a donc beaucoup de coûts à considérer et c’est important d’en avoir une estimation à l’avance.

A. B. : Internet est-il en passe de remplacer les agents immobiliers?

S. L. : Quand le marché était à la hausse entre 2002 et 2011, jusqu’à la moitié des transactions que l’on voyait étaient des ventes privées. Le marché s’est maintenant calmé et je dirais que les deux tiers des transactions se font avec des agents immobiliers. Mais c’est vrai que l’on voit l’usage de Kijiji, des journaux, de PropertyGuys…

A. B. : Y a-t-il alors des avantages à recourir à un agent immobilier?

S. L. : Il y a quand même des bénéfices. Par exemple, ils savent souvent qu’il y a des propriétés qui seront à vendre. C’est une question de contacts et d’assistance dans les négociations. Certaines personnes se sentent assez à l’aide pour aborder le processus eux-mêmes, mais les acheteurs doivent faire attention et poser les bonnes questions. Au Yukon, nous sommes basés sur le système Caveat emptor [NDLR : une expression latine signifiant « que l’acheteur soit vigilant »] : c’est à l’acheteur de faire toutes les démarches et de s’assurer que tout est en règle avec la propriété, et — avec l’assistance d’un avocat — de s’assurer que les permis sont bien en place. Le fardeau est donc vraiment sur les épaules de l’acheteur […]. Mais il y a quand même beaucoup de choses que l’acheteur peut faire lui-même.

A. B. : Combien de temps doit prendre l’achat d’un bien immobilier?

S. L. : Une fois que l’offre est présentée, jusqu’à la fermeture, je dirais de 30 à 45 jours en moyenne au Yukon.

A. B. : Question piège : Quels sont les coins de Yukon particulièrement prisés?

S. L. : (rire) Ça dépend vraiment de nos priorités et de ce que l’on veut. Riverdale, c’est très populaire à cause des écoles; Porter Creek, parce que les terrains sont plus grands; Whistle Bend, parce que c’est neuf. Il y a beaucoup de développement en cours au sud de la ville; au nord de la ville, ça s’en va vers Haines Junction. Même chose en s’en allant vers Dawson. [Le développement des terres autochtones], ça s’en vient aussi et ça va permettre aux gens de faire de la location à très long terme, […] je dirais au minimum de 49 à 50 ans en commençant, ou plus longtemps, avec un droit de renouvellement. Il y a beaucoup de changement de ce côté-là, car la loi a été modifiée. Notre système est en place depuis 1898 avec quelques petits amendements qui ont été faits dans les 100 dernières années, et il fallait vraiment faire des changements. Même chose avec la Loi sur les copropriétés qui était vraiment datée. Je crois qu’il y avait cinq ou six syndicats de copropriétaires au Yukon quand j’ai commencé ma carrière. On approche maintenant des 230. Il fallait vraiment faire une réévaluation de la loi et moderniser le système.