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le Vendredi 20 mai 2016 14:40 Société

Nourrir une ferme avec une mare à canards

Grâce à son projet agricole, Alexandre Poitras a atteint la finale du concours Innovation Yukon 2016. Photo: Émile Brassard
Grâce à son projet agricole, Alexandre Poitras a atteint la finale du concours Innovation Yukon 2016. Photo: Émile Brassard

La lentille d’eau, cette petite plante aquatique flottante présente dans les eaux stagnantes, pourrait bien devenir une source de nourriture pour des animaux d’élevage. Un projet tout à fait réaliste si l’on en croit le Franco-yukonnais Alexandre Poitras.

Grâce à son projet agricole, Alexandre Poitras a atteint la finale du concours Innovation Yukon 2016. Photo: Émile Brassard

Grâce à son projet agricole, Alexandre Poitras a atteint la finale du concours Innovation Yukon 2016. Photo: Émile Brassard

L’idée lui a d’ailleurs permis d’être l’un des quatre finalistes du Prix Innovation Yukon. Le concours, mené par le Centre de recherche du Yukon en partenariat avec le gouvernement territorial, vise à soutenir des projets innovants dans le domaine de l’agriculture et de la sécurité alimentaire. Les finalistes ont déjà remporté 10 000 $ pour la conception d’un prototype, et doivent maintenant convaincre le jury que leur projet mérite le premier prix doté d’une aide financière de 60 000 $.

« Mon but, si je remporte le premier prix, ne va pas être de vendre de la lentille d’eau, mais plutôt de produire et d’installer des systèmes permettant de faire pousser la plante en question », explique M. Poitras.

Nourrir les poules, les poissons et les chevaux

À travers ses recherches, il a découvert que plusieurs jardins botaniques, des universités et même l’Organisation des Nations Unies s’étaient déjà intéressés à la lentille d’eau. Puis il a rencontré des éleveurs de poissons qui nourrissaient uniquement leurs élevages avec cette plante et des vers.

Alexandre Poitras a ainsi décidé de lancer son propre projet au territoire. Il espère que la production locale de lentilles d’eau permettra de réduire les coûts d’exploitation des éleveurs yukonnais. Selon l’innovateur, cette plante riche en protéine pourrait être utilisée pour nourrir des canards, des oies, des poulets, des cochons, des chevaux et même certaines espèces de poissons.

« À petite échelle, mon projet est viable », croit M. Poitras, qui admet aussi avoir étudié l’idée de purifier les eaux usées d’une ville tout en produisant de la nourriture pour bétail et volaille.

« Ce n’est pas impossible, mais ça demanderait de grosses infrastructures, donc beaucoup plus d’argent. C’est pourquoi je me concentre sur mon projet actuel », explique-t-il.

La mare aux canards

À 30 kilomètres au nord de Whitehorse, il s’est ainsi mis à l’ouvrage pour l’élaboration de son premier modèle, un système hydroponique ayant recours… aux canards.

En effet, même si elle est souvent perçue comme une pollution visuelle nuisant à la baignade, la lentille d’eau a la particularité de pouvoir se développer en nettoyant l’eau des étangs. Ainsi, les canards qui produisent beaucoup de déchets sont utilisés par M. Poitras pour offrir à la plante de bonnes conditions de développement. Avec son prototype, celui-ci cherche ainsi à trouver les conditions optimales pour faire proliférer la plante.

Selon M. Poitras, l’idée viendrait du Vietnam où la population nourrit déjà certains animaux avec les lentilles d’eau. Celles-ci produisent une seule graine par année, à l’automne. Pendant la saison chaude, elles ont toutefois la capacité de se multiplier en se divisant en deux après avoir atteint une certaine taille. Cette petite plante, aussi connue sous le nom de Lemna minor, prolifère très rapidement, et ce, presque partout dans le monde où elles tapissent la surface des mares grâce à leur réserve d’air.