Bon, je l’admets : malgré les meilleures intentions, ça m’arrive d’oublier mes sacs réutilisables. J’ai beau me répéter « Oublie pas tes sacs » à voix haute en claquant les talons avant de partir de la maison, rien à faire : je les oublie. Je me retrouve alors à la caisse, la tête basse, à demander les sacs de la honte pour emballer mes achats.
Plastique ou papier?
Lorsqu’on parle d’éliminer les sacs de plastique, le retour des sacs en papier est souvent considéré. Mais ciboulot! Il doit bien y avoir un scénario dans lequel on évite d’accélérer le massacre forestier.
Une des caractéristiques du plastique : il ne se biodégrade pas. Il se brise, se détériore et se répand dans notre environnement. Il s’ingère et cause la suffocation d’oiseaux et autres animaux. Il est fabriqué à partir de ressources non renouvelables et finit souvent au dépotoir avant d’avoir servi longtemps.
Quant au papier, à moins d’être fait à partir de produits recyclés, ça prend des arbres et beaucoup d’eau pour le fabriquer. En raison de son poids élevé, il est un cauchemar à transporter. Mais il est recyclable, biodégradable et compostable.
Le problème avec les sacs compostables, c’est qu’ils ont besoin d’air, de chaleur et de lumière pour se décomposer. Alors, imaginez-les empilés serré dans un dépotoir près de chez vous et soumis au climat subarctique du Yukon. Ouin, c’est ça : ils y seront pour l’éternité.
Les sacs réutilisables : quand la solution devient un problème
La meilleure option semble être l’utilisation de ces fameux sacs que j’oublie souvent à la maison. On les trouve dans tous les formats et toutes les couleurs. Victimes de leur popularité, ils sont devenus des outils promotionnels sur lesquels tous veulent y imprimer leur logo. Qu’ils soient faits de produits synthétiques ou de coton, ils sont importés d’Asie par millions, leurs fabrication et transport créant énormément de pollution. La plupart ne se recyclent pas, ne se décomposent pas et finissent au dépotoir de toute façon.
Il n’y a donc pas de solutions parfaites. Ben oui, plate de même. Confrontée à ce constat, j’avoue être un peu découragée et me réconforte en me répétant ce mantra : refuser, réutiliser, recycler, composter.
Refuser
Posez-vous donc ces questions :
• Ai-je vraiment besoin d’un sac? Parfois, la réponse se trouve dans votre grosse sacoche ou bien votre sac à dos.
• Ai-je vraiment besoin d’un autre sac réutilisable? Parfois, la réponse se trouve dans votre sac rempli de sacs.
Réutiliser
Que vos sacs soient en plastique, papier ou coton :
• Réutilisez-les jusqu’à ce que mort s’ensuive. Trouvez-leur une utilité jusqu’à ce qu’il ne reste que les poignées.
• Gardez-les dans votre voiture ou au bureau, prêts à être utilisés au cas où vous iriez magasiner.
• Demandez des boîtes à votre épicier pour transporter votre nourriture.
Recycler et composter
Quoique recyclables, la majorité des sacs de plastique servent aux ordures et finissent au dépotoir.
• Diminuez le volume de vos déchets en recyclant et compostant au maximum.
• Lorsqu’absolument nécessaire, privilégiez les sacs compostables.
• Et puis, une fois que vous aurez usé vos sacs jusqu’aux poignées, recyclez-les.
L’affaire est dans le sac
Selon le site Web de Zero Waste Yukon, la famille moyenne utilise environ 1 000 sacs par année. À 5 cents le sac, ça me semble être une bonne affaire pour les détaillants alimentaires. Mais qu’on se le dise, le problème du plastique à usage unique n’est pas juste une histoire de sac. Dosettes de café individuelles, ustensiles jetables et emballages alimentaires sont un véritable fléau. Il faut bien commencer quelque part et laréduction, voire l’élimination, des sacs de plastique est une mesure simple qui a un fort impact.
En 2008, un débat a eu lieu à Whitehorse concernant les sacs de plastique à usage unique. La conseillère municipale Jan Stick, qui en prônait l’interdiction, s’était finalement ralliée à ceux qui proposaient des mesures plus souples, telle l’instauration d’un écofrais. On salue ses efforts, mais huit ans plus tard, à en juger par le nombre de sacs volant gaiement au vent et décorant nos arbres, clôtures et bords de route, je me permets de croire qu’on peut faire mieux. Lorsque Montréal s’engage à interdire ces sacs d’ici 2018 et qu’Edmonton considère le bannissement pour une troisième fois, il me semble que la Ville de Whitehorse et le gouvernement du Yukon devraient à nouveau se pencher sur la question. Mais bon, à défaut de règlement, soyons responsables de nos propres actions. Bref, prenons les choses en main plutôt que de se faire prendre la main dans le sac.