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le Vendredi 13 novembre 2015 13:58 Société

Douze jours contre la violence faite aux femmes : Les groupes communautaires se mobilisent!

Chaque année, le mois de novembre est marqué par une campagne riche en émotions, celle de la lutte contre la violence faite aux femmes.

Au Yukon, la campagne dure douze jours, du 25 novembre au 6 décembre. Le 25 novembre est la Journée internationale pour l’élimination de la violence faite aux femmes. Cette journée a été mise en place par l’Organisation des Nations unies (ONU) à la suite du massacre de trois femmes militantes politiques en République dominicaine. Le 6 décembre marque au Canada la Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes, en regard du massacre de quatorze jeunes femmes à l’École polytechnique de Montréal, en 1989.

Si depuis plus de 25 ans, ces commémorations, marches et veillées sont chapeautées par des organismes de femmes, cette année, un changement majeur s’impose au territoire, et c’est très encourageant.

Une campagne sous le signe de l’engagement communautaire

Un seul coup d’œil au programme des Douze jours contre la violence faite aux femmes et l’ampleur de cette campagne saute aux yeux : douze jours, c’est finalement peu de temps quand autant de partenaires se mobilisent. Cette année, il y a plusieurs événements, et surtout, beaucoup de nouveaux partenaires. C’est évident, on perçoit un changement : la lutte contre la violence n’est plus uniquement prise à cœur par des organismes de femmes!

Le concept Utilise les bons mots est toujours à l’affiche cette année. On se souvient de la campagne de l’année dernière qui avait alimenté maintes discussions grâce à des slogans tels que « Si tu frappes une personne avec un 2×4, appelles-tu ça faire de la construction? – Utilise les bons mots : la violence, c’est la violence. » Néanmoins, le thème du rassemblement communautaire s’impose entre les lignes. Les nouveaux partenaires s’avèrent autant variés qu’inattendus : soirée de lecture avec l’association Community Living, activités de construction chez Yukonstruct, Sweat Lodge (tente de sudation) en l’honneur des femmes autochtones assassinées et disparues, projection de film avec Splintered Craft, un programme du Centre Skookum Jim. On notera également une soirée organisée avec la toute nouvelle coalition des personnes âgées. Elle s’ajoute aux partenaires habituels de la campagne : les groupes de femmes autochtones, le Centre pour femmes Victoria Faulkner ainsi que le groupe Ruban blanc Yukon — les hommes qui s’impliquent contre la violence faite aux femmes.

La violence faite aux femmes, une épreuve pour la communauté dans son ensemble

Puisque 98 % des victimes de violence sont des femmes, l’on pense souvent à elles lorsqu’on parle de lutte contre la violence, et avec raison.

Pourtant, l’ensemble des victimes de la violence faite aux femmes se perçoit difficilement. Selon Ketsia Houde, directrice des EssentiElles, « Lorsqu’on parle de violence physique, psychologique, verbale ou autre, surtout dans des communautés de petite taille telles que les communautés du Yukon ou même ici, à Whitehorse, chacun d’entre nous connaît probablement une victime, mais connaît également un agresseur. » Lorsqu’une personne choisit la violence, elle touche tout son entourage. Les victimes, c’est la communauté entière. Car les agresseurs ont tous des amis, des familles, une mère… Toutes ces personnes seront elles aussi touchées par cette violence, même si elle ne leur est pas directement adressée.

L’événement majeur : la présentation de Monique Lépine

Si ce nom de famille résonne en vous, c’est que vous le connaissez déjà. Mais vous l’associez à son fils. Chaque année, vous l’avez entendu lors de la commémoration du 6 décembre. Cette date marque le jour où Monique Lépine a allumé son téléviseur et a vu en images le massacre dont son propre fils était l’auteur.

« Nous avons beaucoup réfléchi avant de nous engager dans la présentation de ces conférences », explique Ketsia Houde. « Habituellement, nous ne voulons pas souligner les noms des agresseurs, mais bien ceux des victimes. Personne ne veut connaître la vie de famille de son agresseur. Pourtant, devons-nous blâmer une femme pour les actes commis par son fils? En tant que mère d’un garçon, ce sujet m’a bouleversée. J’ai eu envie d’entendre ce que cette mère, qui a tant perdu à la suite de la violence de son fils, avait à partager. »

Monique Lépine donnera plusieurs conférences et elle parlera également aux étudiants de l’Académie Parhélie. Sa présentation principale aura lieu le 1er décembre à 19 h, et vous pourrez lui poser des questions directement en français.

Cette campagne devrait avoir un impact incontestable. Elle promet d’être riche en émotions et permettra probablement quelques remises en question, grâce à une nouvelle approche très inclusive de la lutte contre ce fléau desociété.