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le Jeudi 29 octobre 2015 14:49 Société

Les groupes LGTBQ dans les écoles secondaires

Jenna Wyers, Olivia Marguerite et Abbey Gartner, étudiantes de F.-H.-Collins, accompagnées de Christine Klaassen-St Pierre. Photo : Maryne Dumaine
Jenna Wyers, Olivia Marguerite et Abbey Gartner, étudiantes de F.-H.-Collins, accompagnées de Christine Klaassen-St Pierre. Photo : Maryne Dumaine

Depuis les cinq dernières années, des groupes d’alliance homosexuelle- hétérosexuelle (Gay-Straight Alliance) sont apparus dans les écoles secondaires de Whitehorse. Les alliances gai-hétéro (AGH) sont des groupes menés par des élèves et soutenus par le corps enseignant qui visent à créer des endroits inclusifs pour les élèves gais, lesbiennes, bisexuels, transgenres et bispirituels (LGTBQ). Leur programmation peut être très variée selon ceux qui les forment et le soutien qu’ils reçoivent.

Jenna Wyers, Olivia Marguerite et Abbey Gartner, étudiantes de F.-H.-Collins, accompagnées de Christine Klaassen-St Pierre. Photo : Maryne Dumaine

Jenna Wyers, Olivia Marguerite et Abbey Gartner, étudiantes de F.-H.-Collins, accompagnées de Christine Klaassen-St Pierre. Photo : Maryne Dumaine

Seulement trois écoles secondaires sur les quatre de Whitehorse ont un groupe AGH. F.-H.-Collins, l’École secondaire Porter Creek et l’École secondaire Vanier. L’Académie Parhélie n’en a pas pour le moment, celui de Vanier semble cependant en dormance.

Le groupe AGH de F.-H.-Collins a été créé en 2010. « C’était non seulement le premier du Yukon, mais aussi le 1er au nord du 60e parallèle », nous explique Christine Klaassen-St Pierre, vice-principale de l’école secondaire. Si ce groupe semble lui tenir à cœur, ce sont vraiment les étudiants qui sont au cœur des projets. « Le groupe a débuté après un atelier “Sois le changement” (Be the Change), ce sont les étudiants qui l’ont créé. Le conseil étudiant ainsi que des professeurs les ont dès lors encouragés. » Dans un souci d’être la plus inclusive possible, cette école accueillait également des étudiants d’autres écoles où les groupes AGH n’existaient pas encore.

Un espace sécuritaire pour les étudiants

À la question, quelle est la raison d’être de votre groupe, les étudiants des trois écoles sont unanimes : il s’agit principalement de groupes plus ou moins militants qui véhiculent l’idée d’avoir au sein de leur école un espace sécuritaire. Les élèves LGTBQ peuvent être les plus marginalisés et vivent souvent des conflits en raison de leur orientation ou de leur identité sexuelle.

Pour Miranda Walsh, étudiante à l’École secondaire Porter Creek, la décision de faire partie du groupe AGH vient du fait qu’un membre de sa famille, lui-même LGTBQ, a vécu de la difficulté. « Il m’a expliqué que c’était très important d’avoir des lieux où les gens peuvent s’exprimer, et parler de leur situation, poser des questions, sans avoir peur des jugements. C’est pour cela que j’ai voulu m’impliquer. »

Vers un plus grand respect entre étudiants

Changer les mentalités est également une priorité. Il ne s’agit pas dans ces groupes de révéler ou non les orientations sexuelles de chacun. L’objectif est plutôt d’encourager le principe d’alliés. F.-H.-Collins a proposé une initiative intéressante en ce sens : le port d’un bracelet permettant de s’afficher comme une personne ouverte aux différences et capable d’écoute. Il faut dire que cette école a une longueur d’avance. C’est de loin la plus active des trois écoles que nous avons visitées. L’école a d’ailleurs gagné en 2014 le prix Canadian Safe School Network TD Award.

À Porter Creek comme à F.-H.-Collins, les initiatives vont bon train. Un espace est ouvert une fois par semaine sur l’heure du dîner pour permettre le dialogue. Parfois, les jeunes ne font que discuter, parfois, ils créent des projets. Olivia Marguerite (F.-H.-Collins) décrit avec enthousiasme une campagne de communication qu’ils ont mise en place au sujet de la transsexualité. « C’est un dessin d’un bonhomme gingembre, c’est le Genderbread Man. L’affiche démontre qu’entre le cœur, l’esprit et les attributs génitaux, l’identité peut varier. » Soirées de film, vente de crêpes, campagne « Portons du rose » sont autant de projets auxquels ces groupes participent ou bien qu’ils entreprennent.

Les étudiants que nous avons rencontrés sont inspirants et porteurs d’espoir. Seul bémol à la situation, à Vanier, le groupe ne semble pas être actif pour le moment. « Nous pensons que le groupe a fait un excellent travail dans le passé, le message est passé et le besoin est peut-être moins présent aujourd’hui. Il est très clair désormais que tout comportement homophobe est interdit à l’école », affirme le directeur, très ouvert à nos questions. « Un professeur est prêt à encadrer un groupe, mais il ne semble pas y avoir de demande de la part des élèves. » Pour Jack Royle, le seul élève du groupe qui n’a pas encore obtenu son diplôme, c’est difficile de recruter de nouveaux membres sans avoir un lieu où les inviter, puisqu’aucun cadre n’a été créé cette année. L’école est donc ouverte, mais l’initiative n’est pas encore là. À suivre.