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le Mercredi 2 septembre 2015 16:53 Société

Kim Pasche, chasseur-cueilleur des temps modernes

Kim Pasche explique qu’une bonne année de trappe couvre les frais, c’est tout. « Je mets de l’argent dans le vide pour avoir le luxe de vivre dans les bois. » Photo : Françoise La Roche
Kim Pasche explique qu’une bonne année de trappe couvre les frais, c’est tout. « Je mets de l’argent dans le vide pour avoir le luxe de vivre dans les bois. » Photo : Françoise La Roche

Certains immigrants caressent depuis longtemps le rêve d’habiter un autre pays que le leur. Pour Kim Pasche, cet archéologue expérimental venu de Suisse, l’immigration est une rencontre fortuite. « Je n’ai pas voulu immigrer, en fait. Ça s’est trouvé sur mon chemin. J’ai commencé par rendre visite au lieu (le Yukon) et ça fait maintenant onze ans que je suis ici et six ans que je suis résident. »

Kim Pasche explique qu’une bonne année de trappe couvre les frais, c’est tout. « Je mets de l’argent dans le vide pour avoir le luxe de vivre dans les bois. » Photo : Françoise La Roche

Kim Pasche explique qu’une bonne année de trappe couvre les frais, c’est tout. « Je mets de l’argent dans le vide pour avoir le luxe de vivre dans les bois. » Photo : Françoise La Roche

C’est son champ d’études qui a mené Kim vers le Yukon. L’archéologie expérimentale est une branche qui veut recréer au maximum les objets et l’environnement dans lequel vivaient nos ancêtres d’une certaine époque. Sa période de prédilection est la préhistoire du temps des chasseurs-cueilleurs.

« Ce qui m’a amené précisément au Yukon, ce sont les conditions climatiques, l’environnement, la faune et la flore qui ressemblent beaucoup à ce qu’était la Suisse il y a 10 000 ans. »

Procédures bureaucratiques

Contrairement aux exigences d’aujourd’hui en ce qui concerne les procédures d’immigration, il y a une dizaine d’années, c’était beaucoup plus simple.

Kim Pasche a passé beaucoup de temps avec des trappeurs. C’est par leur entremise qu’il a rencontré Steve, le propriétaire de Tushi Tanning, qui a accepté de le nominer et l’a embauché avec un contrat de travail de deux ans.

« La procédure pour renouveler ma carte de résidence est plus difficile que celle pour l’obtenir », avoue Kim. « À l’époque, ça allait très vite. J’ai trouvé cela très simple. Les papiers que je devais fournir étaient faciles à trouver. Yvette Bourque de l’AFY m’a aidé. Je crois que ça a pris cinq mois pour recevoir ma carte. Je sais que les gens attendent plusieurs années aujourd’hui. Les lois viennent d’être changées et on demande beaucoup plus de choses. Par exemple, la nouvelle loi demande à ce que tous les tampons qui figurent dans les passeports soient traduits. Alors, traduire de l’arabe au Yukon, ce n’est pas simple. »

L’année dernière, Kim a passé beaucoup moins de temps au Yukon parce qu’il a eu une fille qui est née en Europe. Sa compagne finlandaise n’a jamais voulu immigrer. « Après six ans de vie commune, elle viendra vivre avec moi sur la ligne de trappe avec notre fille de six mois, mais avec un visa de touriste. Elles viennent juste me visiter. Après nous verrons. En 2016, je pourrai faire la demande de citoyenneté. Est-ce que c’est plus simple de faire cet hiver la demande de regroupement familial par la résidence permanente? Ou bien est-ce que ça vaut la peine d’attendre que j’ai ma citoyenneté pour pouvoir les parrainer? », s’interroge Kim.

Philosophie de vie

« J’ai beaucoup changé ma perspective depuis dix ans. Je sortais de mes études, j’avais beaucoup d’intuition, mais je n’avais pas encore lié deux choses; c’est-à-dire une philosophie de vie et aussi mon champ d’études qui était aussi une passion. Au début, ma mission avait la forme d’un chercheur scientifique. Aujourd’hui, parce que j’ai eu la chance de pouvoir passer du temps avec les Premières nations, ma mission est de passer du temps d’une façon pérenne », commente Kim. « Je crois beaucoup plus à une philosophie de vie qu’à des programmes. »

L’archéologue Kim Pasche a trouvé au Yukon l’endroit rêvé pour le mode de vie qu’il privilégie. Il a rapidement découvert une chose évidente dans ses recherches, autant dans son travail en Europe qu’ici; il est difficile de vraiment pouvoir comprendre les techniques de savoir liées à la nature si elles n’ont pas utilisées dans un contexte culturel.

« Comment fait-on pour obtenir une pointe de flèche sans prendre en compte tout ce qu’il y a autour; c’est-à-dire toute la part culturelle qu’il est quasi impossible à déceler en archéologie, mais que peuvent encore justement nous apporter des cultures en place aujourd’hui? Ça, c’est la partie insoupçonnée de ma découverte du Yukon. J’ai découvert sur place qu’il y avait les cultures autochtones. Je me suis rendu compte que la vraie richesse au-delà de mes recherches de terrain, c’était la possibilité inespérée d’avoir à la fois un environnement relativement intact, et des cultures toujours en place, toujours vivantes qui ont un rapport direct avec cette nature. Moi, je suis certain que leur culture est supérieure à la nôtre parce qu’elle est pérenne, et la nôtre pas. Je me charge de tenter de médiatiser cette vision-là, entre autres par des livres et des documentaires. »

Le Yukon, terre de promesses

Il y a de quoi réjouir Kim Pasche au Yukon. Selon lui, le territoire est un terreau fertile pour faire émerger quelque chose de merveilleux sur le plan des possibilités de vie. Toujours dans l’idée de maintenir les savoirs qui font qu’on ne dépend pas de la culture occidentale, l’archéologue a des projets à long terme. Sur sa ligne de trappe de 4 500 km2, il aimerait un jour offrir une résidence pour les penseurs du sauvage.

Ce publireportage a été réalisé grâce à la contribution financière de Citoyenneté et Immigration Canada.