Beatrice Ufitingabire a un parcours pour le moins atypique. Parmi les immigrants francophones du Yukon, il y a très peu d’Africains. Ceux-ci choisissent habituellement de s’installer dans l’Est ou en Colombie-Britannique. De plus, la plupart des Franco-Yukonnais sont regroupés dans la région de Whitehorse, ce qui n’est pas le cas de cette Rwandaise d’origine qui vit à Watson Lake depuis un peu plus de quatre ans.
À son arrivée au Yukon, elle était déjà citoyenne canadienne puisqu’elle a passé quelques années en Ontario dans la région du Niagara après son arrivée au Canada il y a onze ans. Elle a fait des études collégiales en comptabilité du côté ontarien avant d’aller à l’Université de Niagara, toujours en comptabilité, juste de l’autre côté de la frontière dans la région de Buffalo, ce qui l’obligeait à traverser la frontière tous les jours. « Après avoir gradué, j’ai pris six mois de vacances pour voir où je voulais m’installer. J’ai fait presque tout le pays à part le Nunavut et deux provinces. »
Elle a un coup de cœur pour les territoires canadiens et envisage de s’installer à Yellowknife. « L’Association francophone de Yellowknife était intéressée à m’engager, mais je n’étais pas disponible pour commencer à la date de début d’emploi, alors j’ai raté ma chance. » Toutefois, elle avait le goût de s’installer dans les territoires, alors elle a fait une recherche pour déterminer le meilleur endroit pour vivre et elle a opté pour le Yukon. « Je trouvais que le Yukon était plus facile d’accès par la route, sauf que je ne savais pas où aller exactement. Je me suis mise à chercher du travail par Internet et j’ai trouvé un poste à Watson Lake. »
Beatrice occupe le poste de directrice du Liard Basin Task Force Society depuis son arrivée au Yukon en mars 2011. Il s’agit d’un organisme qui coordonne divers programmes dont Papa, maman et bébé en santé et le Programme canadien de nutrition parental. Elle regrette de ne pas pouvoir parler davantage français à Watson Lake. « Il n’y a pas beaucoup de francophones et la plupart sont occupés par leurs propres projets. Mais j’aurais de l’intérêt pour offrir des cours de français à l’école ou pour offrir certains services en collaboration avec l’AFY. »
La culture du Nord
Mme Ufitingabire apprécie particulièrement la culture et le mode de vie au territoire. « J’aime le mode de vie ici, car la partie sociale est très importante près de la culture des Premières nations où on partage tout. »
Pour elle, c’est essentiel de s’intégrer dans sa communauté d’accueil. « Plusieurs immigrants vont se regrouper avec d’autres personnes de leurs pays. Je me demande toujours : pourquoi avez-vous quitté votre pays si c’est pour rejoindre des gens de votre peuple, il y en a beaucoup de là où vous venez… » Toutefois, même si ce n’était pas nécessaire pour elle de s’installer dans un milieu où elle pouvait côtoyer ses compatriotes au quotidien, elle ne renie pas ses origines. D’ailleurs, elle aime visiter d’autres Rwandais, particulièrement au mois d’avril lors de l’organisation du mémorial du génocide.
Mme Ufitingabire a quitté son pays après le génocide. Elle s’est battue pour voir si elle pouvait jouer un rôle important dans la société pour contribuer à ce qu’un autre génocide ne survienne jamais. « J’ai toujours pensé qu’il faut effectuer le changement qu’on veut voir chez l’autre. » Elle estime qu’il y a un côté intouchable à l’être humain et a fait des recherches pour déterminer son pays d’accueil. « La Suisse et le Canada étaient le plus près de mon idéal. J’ai choisi le Canada, car c’est un pays où on retrouve autant la francophonie que l’anglophonie. Comme je maîtrisais déjà le français, je voulais apprendre l’anglais. »
C’est d’ailleurs dans sa maîtrise de la langue qu’elle a connu le plus de difficulté. « J’avais un accent grave en anglais et, dépendant de la discussion, certains choisissent de ne pas comprendre… » Sinon, elle ne considère pas avoir vécu de difficultés particulières. « C’est sûr que là où il y a de l’humain, il y a le bon et le mauvais… », glisse-t-elle avant de conclure que la plupart des problèmes qu’elle a vécus étaient le fait d’individus, comme partout ailleurs dans le monde. n
Ce publireportage a été réalisé grâce à la contribution financière de Citoyenneté et Immigration Canada.