Gilles Levasseur (Francopresse)
Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications du Canada (CRTC) a décrété qu’il n’était plus nécessaire d’exiger des chaînes de télévision canadiennes un contenu canadien durant les heures d’écoute durant la journée.
Le quota fixé à 55 % de la programmation durant la journée a été aboli tandis le quota de 50 % de contenu canadien pendant les heures de grande écoute, soit de 18 h à 23 h, est cependant maintenu.
Cette plage horaire, selon le CRTC, doit rester protégée parce que plus de Canadiens écoutent la télévision durant cette période qu’à tout autre moment dans la journée, mais aussi parce que la substitution de signaux à ces heures incite les stations de télévision à diffuser des émissions étrangères.
Ce changement de comportement du téléspectateur fait suite à l’accès aux réseaux à large bande passante et aux chaines internet facilitant la distribution du contenu audiovisuel. Ces réseaux permettent aux Canadiens de s’éloigner des télédiffuseurs traditionnels et de recevoir un contenu différent, spécialisé et adapté à des marchés bien définis.
La télévision est encore pour les Canadiens un visage de notre réalité canadienne, de notre vision du monde et de nos défis. La dualité linguistique est une facette de ce visage, incluant la place qu’occupent les minorités de langues officielles au sein de l’identité canadienne.
Respecter certaines valeurs
La politique de la radiodiffusion énonce une obligation envers le système de télédiffusion de respecter certaines valeurs fondamentales canadiennes comme la dualité linguistique et les minorités de langues officielles.
L’élimination du quota canadien porte atteinte au respect de cette politique, au contenu canadien et aux éléments qui composent notre image identitaire canadienne. Ce contenu sera dorénavant tributaire de la bonne volonté des radiodiffuseurs et de leurs intérêts économiques.
Il est certain que la licence qui leur est attribuée exige le respect de la politique de radiodiffusion et des engagements prescrits par le CRTC lors de l’émission ou du renouvellement de la licence. Cette démarche peut prendre des années. Toutefois il est très rare de voir un grand télédiffuseur ne pas voir sa licence de radiodiffusion renouvelée.
La réalité concurrentielle est nécessaire pour maintenir une compétitivité dans le domaine de la radiodiffusion et de l’intérêt des téléspectateurs. Or il est certain que nous avons une facilité de produire des émissions à coûts plus raisonnables en tenant compte des avancements technologiques. Toutefois, ceci ne doit pas se faire au profit de l’identité canadienne incluant la dualité linguistique et le respect de l’expression des minorités de langues officielles.
Corriger cette décision
En présentant cette nouvelle politique de diffusion, le CRTC élimine une obligation de produire un contenu canadien à un moment crucial de la radiodiffusion d’émissions de télévision. Nous devons corriger cette prise de décision du CRTC afin de ne pas compromettre la politique de radiodiffusion ou qu’elle devienne désuète par suite d’une interprétation purement économique de la radiodiffusion canadienne.
Qui sera intéressé à parler de la culture canadienne, de la dualité linguistique et des minorités de langues officielles? L’économie de marché devient l’outil influençant la prise de décision de diffusion des émissions au profit des valeurs qui définissent notre réalité canadienne.
Il est nécessaire d’imposer des directives et des mesures législatives claires au CRTC. La décision du CRTC porte atteinte à long terme au développement et l’épanouissement télévisuel de l’identité canadienne.
L’imposition adaptée de cette politique aux canaux spécialisés est de mise afin de maintenir ce caractère identitaire canadien. Cette politique doit aussi est imposée aux différents fournisseurs d’internet situé au Canada afin d’avoir un contenu canadien en conformité avec la politique de radiodiffusion.