Jean-Pierre Dubé (Francopresse)
Le premier ministre Harper et la ministre Shelley Glover des Langues officielles respectent la loi. Mais en twittant seulement en anglais, la moitié des membres du cabinet fédéral ont manqué à leurs obligations et à leur devoir.
Ces affirmations ont été faites par le député libéral Stéphane Dion le 17 février, après avoir reçu un rapport préliminaire du Commissaire aux langues officielles sur une plainte qu’il avait déposée contre les ministres John Baird et Steven Blaney. Plusieurs des 19 délinquants dans la liste produite par le critique en matière de Langues officielles sont tout à fait bilingues, comme Pierre Poilievre, Chris Alexander et Greg Rickford.
Dans une lettre au ministre Tony Clement, le député a rappelé au président du Conseil du Trésor ses devoirs en vertu de la politique de communication du gouvernement, découlant de la Loi sur les langues officielles. Il lui demande de faire en sorte que dorénavant, lui et ses collègues communiquent dans les deux langues sur les médias sociaux.
L’avocat Michel Doucet, de Moncton, est entièrement d’accord avec Stéphane Dion et avec le commissaire Graham Fraser. « Quand les ministres livrent un message sur les activités de leur ministère, même sur les réseaux sociaux, ils ont l’obligation de le faire dans les deux langues. Que ce soit au fédéral ou au Nouveau-Brunswick, qui a le même cadre linguistique.
« Il y a une zone grise, reconnait le constitutionnaliste, s’ils parlent de la température ou d’aller promener leur chien, comme l’a mentionné M. Dion. Ils n’ont qu’à ouvrir deux comptes, (un personnel et un officiel), c’est facile à faire et c’est courant dans le milieu communautaire. »
Michel Doucet estime que le problème n’existe pas au Nouveau-Brunswick où le premier ministre actuel, Brian Gallant, et son prédécesseur David Alward, ont toujours communiqué dans les deux langues sur Twitter.
« Les réseaux sociaux, ce n’est pas beaucoup utilisé sous le gouvernement actuel, précise le professeur de l’Université de Moncton, mais c’est toujours dans les deux langues. Certains ont aussi un compte privé, comme le ministre Serge Rousselle. Lorsqu’il était professeur, il twittait beaucoup mais il le fait peu maintenant. Peut-être à cause d’une directive du gouvernement. »
Pour sa part, la ministre Shelley Glover s’engage. Le directeur des affaires parlementaires de son bureau, Rémi Moreau, souligne que « toutes les communications du gouvernement sont faites en français et en anglais. La ministre des Langues officielles va continuer de respecter la Loi sur les langues officielles.
« Nous prenons au sérieux nos responsabilités pour nos langues nationales, assure-t-il. Les préoccupations spécifiques au sujet de l’utilisation de Twitter dans les deux langues nationales devraient être adressées au Commissaire aux langues officielles. »
Michel Doucet s’inquiète du message derrière les twits unilingues. « Ce n’est pas très positif. C’est un mauvais message donné à la population canadienne sur la place des langues officielles. Les ministres doivent utiliser les deux langues pour ne pas donner d’interprétation négative. »
Pour Stéphane Dion, le manque de respect pour la loi est doublé d’une entrave au devoir d’informer. Citant le commissaire Fraser, il rappelle que le contrevenant « faillit à ses responsabilités d’informer adéquatement la population canadienne si ses messages ne sont pas communiquées dans les deux langues », surtout si l’information est d’intérêt national.
Le président du Conseil du Trésor n’a pas répondu à la lettre du député libéral. Selon La Presse canadienne, Tony Clement a déclaré en 2014 « qu’il préférait désactiver son compte Twitter que d’avoir à se soumettre à une règlementation sur les langues officielles ».
La date de parution de la version finale du rapport sur les communications unilingues des ministres n’a pas encore été déterminée.