Keitha Clark, directrice et coordinatrice de projet à la YAPC, explique : « Chaque année, la Yukon Anti-Poverty Coalition calcule le salaire de subsistance pour Whitehorse, afin de maintenir une mesure actuelle et précise du coût de la vie dans la communauté. Le salaire de subsistance est égal au taux de rémunération horaire qu’un ménage doit gagner en travaillant à temps plein pour répondre à ses besoins fondamentaux, notamment en matière de logement, d’alimentation et d’habillement. »
On peut lire dans le rapport que « le calcul du salaire vital sur une base annuelle permet d’évaluer l’effet des changements politiques sur la capacité des familles à revenus faibles et modestes à répondre à leurs besoins fondamentaux ».
Par rapport à l’année précédente, le taux horaire nécessaire pour subvenir à ces besoins de base a augmenté de 15 %. Il s’agit de la plus forte hausse annuelle jamais enregistrée depuis son premier calcul en 2016.
Plusieurs défis à relever
Selon Keitha Clark, « le coût élevé des logements locatifs reste le principal problème d’accessibilité pour les Yukonnais·e·s à revenu faible ou modeste. Les frais de logement représentaient 35,3 % du revenu avant impôt de la famille de référence en 2023, ce qui est nettement plus élevé que la mesure d’abordabilité de 30 % utilisée par la Société canadienne d’hypothèques et de logement ».
Elle ajoute : « L’augmentation du coût de la nourriture représente également un défi important en matière d’abordabilité pour de nombreux Yukonnais en 2023. Le coût annuel de la nourriture pour la famille de référence a augmenté de 13,9 % en 2023, pour atteindre 14 521,24 $. L’augmentation soudaine du prix des aliments a rendu beaucoup plus difficile pour les Yukonnais·e·s à revenu faible ou modeste d’avoir un régime alimentaire nutritif et contribuera probablement à des taux plus élevés d’insécurité alimentaire et à une plus grande demande pour les services offerts par la Food Bank Society of the Yukon. »
La YAPC plaide depuis plusieurs années en faveur d’un projet pilote de revenu de base au Yukon, rapporte Keitha Clark. Dans le rapport 2019 du gouvernement du Yukon, Putting People First : The final report on the comprehensive review of the Yukon’s health and social programs and services, il est recommandé qu’un projet pilote de revenu annuel garanti soit « conçu et mis en œuvre en collaboration avec la Yukon Anti-Poverty Coalition et d’éventuels partenaires financiers tels que le gouvernement fédéral, les programmes de recherche en santé et en sciences sociales et d’autres ».
« La YAPC est prête et désireuse de contribuer à l’élaboration d’un projet pilote de revenu de base, mais aucune mesure n’a été prise par le gouvernement du Yukon pour donner suite à cette recommandation à ce jour », déplore Keitha Clark.
Un salaire minimum insuffisant
Le salaire minimum actuel est de 16,77 $ par heure, bien en deçà du salaire de subsistance de 21,04 $. Comment les personnes gagnant ce salaire peuvent-elles vivre à Whitehorse?
Pour Keitha Clark, « il s’agit d’un défi de taille pour de nombreuses personnes au Yukon. Bien que les personnes gagnant le salaire minimum aient bénéficié d’une augmentation en avril 2023, un écart important entre le salaire minimum et le salaire de subsistance persiste ».
« La Yukon Anti-Poverty Coalition soutient une approche globale visant à éliminer l’écart entre le salaire minimum et le salaire de subsistance. Cette approche comprend des investissements publics pour aider à réduire le coût du logement, des services de garde d’enfants et des transports publics, ainsi que des politiques visant à augmenter les revenus des ménages, y compris des transferts aux Yukonnais·e·s à revenu faible ou modeste. »
Une motion a été publiée lors de l’Assemblée législative du 4 octobre dernier. Le ministre des Services aux collectivités, Richard Mostyn, a souligné l’importance de soutenir les personnes à l’emploi avec un faible revenu, en augmentant le salaire minimum au Yukon et en reliant les futures augmentations annuelles à l’indice des prix à la consommation pour Whitehorse.
Il invite également le gouvernement à créer un programme de remboursement des congés de maladie payés pour les Yukonnais·e·s qui gagnent moins que le salaire moyen du secteur privé, y compris pour les travailleurs et travailleuses indépendant·e·s du Yukon.
IJL – Réseau.Presse –
L’Aurore boréale