Tant pour les Cong’Elles que pour le programme SERVIS, l’objectif est de tendre la main vers les personnes qui en ont besoin. Les Cong’Elles est un projet qui vise à offrir un service de partage communautaire libre-service de nourriture pour les membres des Essentielles ainsi que les personnes ainées qui utilisent les services de l’AFY. L’initiative SERVIS a quant à elle vu le jour le 1er mars dernier : il s’agit d’une plateforme en ligne permettant l’échange de services gratuits « par et pour » les membres de la communauté francophone du Yukon.
Constater un besoin
Pour les Cong’Elles, l’intention d’origine était d’offrir des protéines gratuitement dans les congélateurs à l’entrée des locaux des Essentielles, mais l’initiative a cheminé vers l’offre de repas complets. « Je suis allée chercher du financement pour avoir une cuisinière, pour embaucher quelqu’un pour cuisiner des repas, donc on s’est plus orienté vers le prêt à manger », explique Laurence Rivard, directrice des Essentielles. « Une fois aux deux semaines, il y a une cuisinière qui vient cuisiner toute la journée dans les locaux des Essentielles et elle fait à peu près 20 portions d’un même repas. On fait de la soupe, un repas principal et des biscuits », détaille-t-elle. Il s’agit de repas complets offrant une portion familiale intéressante.
Le projet a été pensé pour les personnes qui, pour diverses raisons, ne parviendraient pas à cuisiner un repas sain pour elles ou pour leur famille, et ce pour une certaine durée. Il ne s’agit pas d’un projet visant à régler l’insécurité alimentaire, mais bien à soutenir les individus nécessitant une aide supplémentaire sur ce plan. « C’est maintenant un projet de santé mentale, de soutien et de solidarité », indique Laurence Rivard, en précisant qu’aucun compte n’est demandé sur la raison du besoin en nourriture. Pour certaines personnes, il peut s’agir d’un déménagement, pour d’autres d’une maladie ou d’un moment stressant dans les études, mais l’organisme ne pose pas de questions.
La genèse de SERVIS remonte quant à elle à quatre ans, expliquait Marie-Chantal Bouchard, alors agente de projets, formation et personnes aînées à l’AFY en mars dernier. « En 2019, il y a eu plusieurs assemblées de cuisine avec des personnes aînées et d’autres personnes de la communauté franco-yukonnaise. À la suite de cela, on a lancé le sondage pour connaître les besoins réels des gens. » Trois besoins des personnes aînées sont ressortis, à savoir développer des moyens pour conserver leur autonomie, demeurer actives au sein de la communauté et être parties prenantes de celle-ci.
À l’aide de la plateforme en ligne, les membres peuvent afficher des demandes et des offres de services. Par exemple, on peut solliciter de l’aide pour un déménagement et offrir d’aider pour la tonte de pelouses. Pour chaque service rendu, on accumule une banque d’heures équivalente au temps donné. « Moi, je crois beaucoup aux alternatives où l’argent n’est pas impliqué », partage Marie-Chantal Bouchard. Pour devenir membre, il suffit de soumettre une demande avec son nom et son adresse courriel, et de se soumettre à la vérification d’antécédents judiciaires. Une fois la candidature acceptée, chaque membre reçoit alors un crédit de trois heures. L’adhésion est gratuite.
Voir plus loin
Le groupe des aîné·e·s qui fréquentent les services de l’AFY s’est récemment joint à l’initiative des Cong’Elles, au plus grand bonheur de l’organisme de défense des droits des femmes. La directrice des Essentielles se réjouit de ce partenariat et souhaite voir d’autres organismes se lier aux Cong’Elles. « C’est sûr que dans mes rêves les plus fous ça deviendrait un projet de la communauté, pas juste porté par les Essentielles », confie-t-elle.
« On est en train de regarder différentes options pour transformer ça en économie sociale un peu plus, donc voir si on serait capable d’impliquer d’autres organisations qui aimeraient faire profiter des Cong’Elles à leur clientèle! », s’enthousiasme Laurence Rivard.
Pour SERVIS, il est aussi envisagé d’organiser des événements communautaires entre les personnes inscrites pour favoriser la création de liens. « Ça fait des communautés plus humaines et aussi ça réduit beaucoup les inégalités sociales. C’est un enjeu important pour moi, que tout le monde ait accès à des services, peu importe leur revenu », convient Marie-Chantal Bouchard.
IJL – Réseau.Presse – L’Aurore boréale