Françoise La Roche est à l’origine de ce projet. Elle s’est notamment occupée de former le collectif et de coordonner le tout. Quant aux trois autres artistes, Françoise La Roche explique les avoir contactées parce qu’elle admire leur art. « Puis c’est arrivé comme ça. On est amies, c’est tout. »
Il y a un an déjà, lors d’une entrevue avec l’Aurore boréale, Françoise La Roche avait déclaré : « L’idée du projet a germé l’année passée. Je suis allée voir l’exposition Dark Alice. J’ai trouvé ça formidable, et c’était un collectif. » Elle avait alors immédiatement contacté Marie-Hélène Comeau, puis Cécile Girard et enfin Virginie Hamel. C’est ainsi que le premier collectif d’artistes visuelles franco-yukonnaises a vu le jour.
De l’individuel au collectif
Les quatre artistes du collectif ont basé leur travail sur la légende de la Chasse-Galerie. Françoise La Roche mentionne « beaucoup de réflexion » derrière ce projet. En effet, chaque artiste avait sa vision de la légende avec des manières différentes d’exprimer son art.
De son côté, Cécile Girard évoque toutefois une unanimité naturelle dans le groupe. « Une fois qu’on a décidé du thème et de qui fait quoi, c’était clair, on savait où on allait », affirment en chœur Cécile Girard et Françoise La Roche.
Pour les quatre artistes, une seule pièce n’était pas suffisante pour faire une exposition. Elles ont alors pris la décision d’ajouter des pièces individuelles à leur œuvre collective. Toutes s’accordent pour dire que la pièce principale, un canot qui survole un village par une nuit étoilée, reflète ègalement la personnalité de chacune d’entre elles.
Marie-Hélène Comeau met de l’avant le fait qu’être artiste est un travail majoritairement solitaire. Elle voit sa contribution comme l’aboutissement de son amour pour la communauté et pour l’art communautaire. « On a toutes des forces différentes, donc ça va se refléter dans notre œuvre », affirme-t-elle.
Cécile Girard évoque quant à elle des moments de découragement, très vite chassés par les réunions que l’équipe a organisées pendant ces deux années de production. « C’était super le fun. Quand on travaille seule, on n’a pas de rétroactions, mais en groupe oui. »
Être francophone au Centre des Arts du Yukon
Les quatre artistes soulignent toutefois que leur but n’était pas de mettre en avant leur côté francophone. « Ça a juste donné qu’on était toutes francophones », explique Françoise La Roche.
La Franco-Yukonnaise ajoute que tous les textes accompagnant leurs œuvres sont en anglais et en français : « On s’adresse à toute la communauté du Yukon », précise-t-elle.
Pour Cécile Girard, faire le projet sur un thème francophone avec des artistes qui parlent français a « beaucoup facilité le processus de création ». « Je me retrouvais. Ce sont des choses qui font aussi partie de mes racines francophones, qui font partie de moi. »
Toutes affirment cependant que leur côté francophone est à mettre de l’avant au Centre des Arts du Yukon. « Ici c’est important qu’on soit un groupe de francophones, parce que c’est la première fois que ça arrive, c’est marquant », revendique Françoise La Roche.
Une légende québécoise revisitée
D’origine québécoise, la Chasse-Galerie est une légende qui met en scène un groupe de bûcherons qui passent un pacte avec le Diable pour s’envoler dans un canot volant.
Dans l’œuvre exposée au Centre des arts du Yukon, Cécile Girard s’est occupée de la partie du canot. En effet, dans un lac derrière chez elle, les artistes ont trouvé un canot similaire à celui de la légende.
De leur côté, Françoise La Roche s’est occupée du ciel étoilé et Virginie Hamel de la maquette illustrant le village au-dessus duquel volera le canot.
Quant à Marie-Hélène Comeau, elle est sortie de sa zone de confort, et a travaillé sur le côté audio de l’œuvre.
Bien qu’aucun autre projet de la part de La Bête à cinq têtes ne soit déjà en cours, Cécile Girard avoue vouloir de nouveau travailler en équipe. De son côté, Françoise La Roche aimerait faire voyager l’exposition en dehors du Yukon. Marie-Hélène Comeau souligne cependant que cela représente un certain coût, et que le canot reste fragile.
LECTURE SIMPLE
Il était une fois… la Chasse-Galerie
La légende de la Chasse-Galerie est une vieille histoire canadienne-française qui remonte à l’époque de la Nouvelle-France.
C’est l’histoire d’un groupe de bûcherons canadiens-français qui acceptent l’aide du Diable pour rentrer chez eux le soir du Nouvel An, grâce à un canot volant appelé la Chasse-Galerie.
Le Diable fixe des règles strictes : il leur offre le canot volant, mais leur interdit de boire de l’alcool ou de dire des blasphèmes (des mauvais mots en lien avec la religion), et ils doivent revenir avant le lever du soleil.
Excités, ils prennent leur envol mais succombent à la tentation de l’alcool, oubliant les avertissements. Paniqués, ils disent des blasphèmes! Miraculeusement, la Chasse-Galerie atterrit juste à temps, évitant que leurs âmes soient données au Diable.
La légende met en garde contre la tentation. C’est une histoire sur les choix, les conséquences et l’espoir, rappelant que la sagesse et la prudence sont importantes, même face à des offres alléchantes.