Entre textile, matières recyclées, peinture, dessin ou encore photographie, l’exposition Entre la couleur et moi de l’Association franco-yukonnaise intègre une variété de médiums qui permettent aux dix artistes franco-yukonnaises de repousser les limites de leur créativité.
Annie Maheux, Aurore Favier, Cécile Girard, Françoise La Roche, Joe La Jolie, Josée Carbonneau, Maeva Esteva, Marie-Hélène Comeau, Maya Chartier et Sylvie Binette se sont toutes lancé le défi d’exploiter la couleur pour cette exposition.
Peindre les contours d’une nuisance
« Transformer quelque chose de perçu comme une nuisance en quelque chose de beau. » Voilà tout le travail derrière les triptyques de Maya Chartier, alias Akassiyah. Pour ce faire, l’artiste a choisi de poser son regard sur le dendroctone de l’épinette (spruce beetle), espèce souvent vue comme une nuisance puisqu’elle s’attaque à l’écorce des épinettes. « Mon but, c’est de montrer un phénomène naturel. Le monde voit les feux de forêt et les insectes comme des catastrophes naturelles, mais ça fait partie de la dynamique forestière. Ça peut être quelque chose de très beau », explique celle qui détient une maîtrise en gestion durable des écosystèmes forestiers.
C’est d’ailleurs ce que Maya Chartier affectionne particulièrement : « Ce qui m’inspire le plus dans mon art, c’est la science. J’ai un background scientifique. J’aime créer des concepts créatifs, éducatifs. J’ai toujours aimé les deux ». La série de tableaux met en lumière les dendroctones de l’épinette qui créent des tunnels entre l’écorce et l’arbre, à l’endroit où ils vont déposer leurs œufs. « Avec le thème, ce sont des teintes de brun et des teintes vraiment colorées pour rendre cela abstrait. Il y a vraiment beaucoup de couleurs », s’enthousiasme Maya Chartier.
Maya Chartier vient tout juste de terminer une résidence artistique dans laquelle elle a travaillé sur un projet de cahier de coloriage mettant en vedette les plantes rares du Yukon.
S’immerger dans nos pensées
La nature a également inspiré Aurore Favier. « J’ai décidé de faire plein de petits poissons de couleur suspendus, pour représenter un peu mes idées, mes émotions qui peuvent entrer à l’intérieur de ce banc de poissons », explique l’artiste originaire de Lyon. Cette dernière a suspendu avec des fils transparents plus de 200 poissons faits avec du papier et illustrés à la main. « Je trouvais jolie la métaphore qu’on navigue entre nos pensées, elles flottent autour de nous, qu’on focus sur une chose et parfois on voit toutes les choses comme un tout. Et parfois ça se mélange », explique Aurore Favier.
Celle-ci espère que les gens navigueront au travers de cette installation et prendront le temps d’être dans leurs pensées. « Ça leur laisse un temps pour penser et pour s’immerger dans ce flot de poissons », conclut Aurore Favier.
« J’expose aussi quelques autres sculptures en papier mâché, qui représentent des animaux », ajoute-t-elle. Des baleines, un ours, un cerf et un petit renard figurent parmi celles-ci. « C’est tout en couleur et tout est en papier mâché et papier recyclé », affirme fièrement Aurore Favier, qui accepte également les contrats de réalisation de ces sculptures en papier mâché.
Un vernissage a été organisé le 2 mars dernier au Arts Underground. Il est possible de visiter l’exposition jusqu’au 1er avril 2023.