L’entreprise d’exploration minière Silver47 Exploration Corp, établie à Vancouver, a proposé de lancer un projet sur cinq ans sur plus de 200 sites de la propriété du ruisseau Michelle Creek afin d’y chercher de l’argent, du plomb et du zinc.
Si le plan signé il y a cinq ans prévoyait une utilisation responsable des terres tout en veillant à ce que les zones écosensibles du bassin hydrographique soient protégées pour les générations à venir, ce projet d’exploitation a relancé le débat.
Fin 2022, l’Office d’évaluation environnementale et socio-économique du Yukon (YESAB) a recommandé de ne pas réaliser ce projet de prospection dans le bassin hydrographique de la Peel. En réponse, le gouvernement du Yukon a intenté une action en justice contre le YESAB, sollicitant du tribunal l’annulation de cette décision et demandant au YESAB de réexaminer cette décision.
Si l’affaire a de nouveau enflammé les foules environnementales, c’est que l’action en justice contre le YESAB a été entendue du 27 au 29 novembre dernier, au palais de justice de Whitehorse. L’avocat du gouvernement y a rapporté que les recommandations du rapport du YESAB seraient « déraisonnables » et « imparfaites », selon les propos recueillis par nos collègues de Radio-Canada.
Face au gouvernement territorial et à l’entreprise d’exploitation minière qui demandent qu’une nouvelle évaluation soit menée, les Premières Nations des Na-Cho Nyäk Dun et des Tr’ondëk Hwëch’in, le procureur général et le YESAB souhaitent, de leur côté, que le projet soit tout simplement rejeté.
Le plan Peel
Le projet de Michelle Creek se situerait dans le bassin hydrographique de la Peel, à environ 20 km au nord du parc territorial Tombstone et dans les territoires traditionnels de la Première Nation des Na-cho Nyäk Dun et des Tr’ondëk Hwëch’in. Il s’agit du premier projet présenté dans le bassin hydrographique de la rivière Peel depuis l’approbation du plan régional.
En août 2019, ce plan d’aménagement du bassin de la rivière Peel a été signé à Mayo, sur le territoire traditionnel des Na-cho Nyäk Dun. Il avait pour but d’orienter l’utilisation des terres et des ressources dans la région d’aménagement du bassin hydrographique de la rivière Peel.
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Pour la Première Nation des Tr’ondëk Hwëch’in, « le plan Peel est le résultat de 14 années de lutte pour remplir la promesse fondamentale du traité selon laquelle les Premières Nations du Yukon cogèrent leurs territoires traditionnels avec le gouvernement du Yukon, notamment par l’aménagement du territoire », peut-on lire dans un communiqué qu’elle a publié le 27 novembre dernier.
« Il s’agit d’un plan négocié et signé par le gouvernement du Yukon, la Première Nation des Na-Cho Nyäk Dun, les Tr’ondëk Hwëch’in, la Première Nation des Vuntut Gwitchin et le Conseil tribal des Gwich’in. Il ne peut être rejeté ou ignoré en raison de l’influence de parties qui ne sont pas signataires. »
Rapport d’évaluation contesté
La région d’aménagement du bassin hydrographique de la rivière Peel est une région écosensible de 67 431 kilomètres carrés dans le nord-est du Yukon. Elle est l’hôte d’espèces en péril, comme le caribou des bois boréal.
« Dans son évaluation, le YESAB a noté que le projet n’était pas conforme aux directives spécifiques du plan de la rivière Peel, car le promoteur n’avait pas recueilli de données de base adéquates sur les conditions environnementales existantes dans la région. Le YESAB a donc recommandé que le projet ne se poursuive pas », rapporte le communiqué.
Autre raison du rejet du projet d’exploitation : le manque de données concernant la protection de l’eau et de la faune fournies par l’entreprise minière. Toutefois, ce manque de données infirmerait alors la décision du YESAB, selon l’avocat du gouvernement.
Pour l’avocat de l’entreprise minière Silver47, Joshua Jantzi, ces données ne seraient pas nécessaires, car il s’agit d’un projet d’exploration et non d’exploitation minière. De plus, la collecte de ces données pourrait prendre plusieurs années.
Des manifestations ont eu lieu à Whitehorse, devant le palais de justice, ainsi qu’à Dawson, rassemblant plusieurs dizaines de personnes.