« Je trouvais que c’était un thème intéressant, puisque nous habitons sur un territoire des Premières Nations », explique d’entrée de jeu Capucine Chartrand, gestionnaire du Service des personnes aînées à l’Association franco-yukonnaise (AFY). « J’ai lu dans l’Aurore boréale qu’il y avait des [personnes] Premières Nations qui parlaient français, alors j’étais très emballée. […] Je me sens très chanceuse de pouvoir vivre en territoire autochtone et de pouvoir en apprendre plus. On peut toujours en apprendre plus à ce sujet. »
Une vingtaine de personnes se sont présentées pour cet événement qui faisait partie de la série « repas-délice », proposée par le Service aux personnes aînées de l’AFY. Une affluence normale, selon la gestionnaire. « Les activités pour les personnes aînées sont toujours très populaires », affirme-t-elle.
Partager l’histoire
John Fingland est né au Yukon, mais a grandi en Ontario. Bébé, il a été donné en adoption à une famille ontarienne dans le cadre de la rafle des années 60. Adulte, il a décidé de revenir au Yukon, un diplôme d’historien en poche, dans le but de partager l’histoire de son peuple. « Toutes les personnes de mon village qui ont été données en adoption sont revenues, en tant qu’adulte », affirme-t-il avec enthousiasme.
« Les personnes aînées sont très importantes pour moi », explique-t-il. Cependant, il ajoute que d’habitude, lorsqu’il parle avec des personnes aînées de son peuple, c’est un moment d’apprentissage pour lui, tandis que cette activité-ci était plus un moment de partage et d’éducation. « Pour les aînés de ce groupe, je fais une présentation comme je la fais pour Parcs Canada, durant l’été, au lac Kathleen. »
Lors de sa présentation, John Fingland a mentionné des thèmes très variés, allant des orignaux à l’importance de la culture autochtone, en passant par l’archéologie et l’histoire de Premières Nations de Haines Junction, peuple semi-nomade auquel il appartient.
Il a terminé son intervention par des histoires et une chanson. « Les histoires sont importantes dans notre culture. C’est notre seule possession ». Traditionnellement, les histoires autochtones sont transmises par les aîné·e·s aux enfants, lors de la cueillette de baies. « Quand une personne a entendu une histoire pendant cinq ou six ans, elle a le droit de la raconter à la personne qui lui a enseigné », explique John Fingland. « Si l’histoire est parfaitement identique à l’originale, alors cette personne peut gagner le droit de posséder cette histoire, et donc de la raconter ensuite. Les personnes qui ont la meilleure mémoire sont celles qui possèdent le plus d’histoires! », conclut-il à ce sujet.
« C’est important aussi de parler des pensionnats », ajoute-t-il. « Souvent, les gens ne connaissent pas pourquoi les Premières Nations ont des problèmes avec la police ou sont en prison ou buvaient beaucoup d’alcool. Ça a l’air qu’il y a des problèmes avec les Premières Nations. Mais maintenant, on sait que c’est un résultat de quelque chose dont le Canada et la police et les églises sont responsables. Alors il faut dire cette histoire pour comprendre où nous en sommes maintenant. »
Délices et découvertes
Capucine Chartrand rappelle que cette activité faisait partie du Club Gourmand qui comprend « un repas-délice par deux mois ». Les prochains repas auront lieu en novembre et en décembre. Le Club Gourmand inclut aussi des cuisines collectives, lors desquelles six à huit personnes cuisinent pour elles-mêmes, mais aussi pour d’autres personnes aînées de la communauté qui ne pourraient pas se déplacer.
La prochaine activité du groupe Franco 50 aura lieu le 1er octobre, à l’occasion de la Journée internationale des personnes aînées. Le groupe sera invité à rencontrer Joe La Jolie qui viendra explorer avec le groupe le slam, forme de poésie orale et rythmée.
IJL – Réseau.Presse – L’Aurore boréale