À la fin du mois de juillet, Jean Coderre s’est éteint. Un petit tour dans les archives de l’Aurore boréale nous dévoile quelques secrets de cet homme au grand cœur et au grand sourire.
Il vouait un grand amour à ses chiens, avec qui il se présentait à des concours de tirée à un seul chien (one dog pull).
En 1987, il expliquait comment il avait commencé, avec son chien Lucifer, un gros Terre-Neuve noir, ce genre de compétition. Forts alors d’un premier prix décroché à Anchorage, ils avaient également gagné ensemble le premier prix lors du festival d’hiver du Yukon, alors nommé le Yukon Sourdough Rendezvous. La différence entre les deux événements de chaque côté de la frontière se tenait, expliquait-il, dans le genre de prix qui était offert. Si au Yukon le chien remportait de la nourriture canine, en Alaska, il s’agissait d’un prix remis en argent. « Avec ce qu’il a gagné, j’ai payé le voyage, l’hôtel, les restaurants. Ça a tout payé! » avait expliqué le maître du champion, à l’occasion d’une entrevue avec Cécile Girard. À l’époque, elle signait alors son deuxième article pour l’Aurore boréale avec cette entrevue.
« Avant, on n’avait pas l’eau courante chez nous. Ça fait que j’allais chercher l’eau sur le lac. Au lieu que ce soit moi qui tire, je me suis dit : « Je vais faire tirer le chien ». En premier, je lui faisais tirer deux cinq gallons pleins d’eau dans le traîneau, et puis trois, et puis quatre. C’est un peu comme entraîner un athlète! », expliquait Jean, au sujet de celui qu’il avait appelé son « Super Dog. »
Son chien Lucifer avait tiré 3 000 lb au Randy (festival d’hiver) d’Anchorage.
Il a continué ce type de compétition plus tard avec son chien Star. Jean Coderre a aussi offert des cours de dressage de chiens et de tirée. « Je montrais comment faire. Comment partir leur chien à zéro. Je leur disais quelle sorte de harnais ça leur prenait. […] Tous les chiens sont faits pour tirer. Ce qui arrive, c’est que certains chiens aiment ça plus que d’autres : habituellement, un bon chien va tirer pour faire plaisir à son maître. Un chien n’a pas besoin d’être gros parce qu’il y a différentes catégories où inscrire tes chiens. J’ai vu à Anchorage un petit chien de 6 livres tirer 3,125 lb! », expliquait-il alors.
Plus récemment, Yann Herry a enregistré une entrevue avec Jean Coderre pour la série de balados de portraits des personnes aînées franco-yukonnaises. On y apprend que c’est à travers des magazines au sujet du Yukon qu’il a vécu l’appel du Nord. Mais c’est pour son emploi qu’il a déménagé ici avec sa femme Monique et leurs deux enfants. Ensemble, ils ont choisi une vie au bord du lac Marsh où ils ont construit eux-mêmes leur maison.