le Dimanche 8 décembre 2024
le Jeudi 4 juillet 2024 7:58 Actualités

Tr’ondëk-Klondike au patrimoine mondial de l’UNESCO

Le 17 septembre 2023, Tr’ondëk-Klondike est devenu le vingt-deuxième site canadien du patrimoine mondial de l’UNESCO. Debbie Nagano, directrice du patrimoine pour le gouvernement Tr’ondëk Hwëch’in, a reçu les présents offerts par le ministre du tourisme du Yukon John Streicker à la fin de la cérémonie de nomination de Tr’ondëk-Klondike. — Photo : Agnès Viger
Le 17 septembre 2023, Tr’ondëk-Klondike est devenu le vingt-deuxième site canadien du patrimoine mondial de l’UNESCO. Debbie Nagano, directrice du patrimoine pour le gouvernement Tr’ondëk Hwëch’in, a reçu les présents offerts par le ministre du tourisme du Yukon John Streicker à la fin de la cérémonie de nomination de Tr’ondëk-Klondike.
Photo : Agnès Viger
Le 17 septembre 2023, Tr’ondëk-Klondike est devenu le vingt-deuxième site canadien du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Lors de la 45e session du Comité du patrimoine mondial du 17 septembre 2023 à Riyad en Arabie saoudite, Tr’ondëk-Klondike a rejoint la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, reconnaissant les biens culturels et naturels présentant un intérêt exceptionnel pour l’humanité.

Deux décennies après la création du Comité consultatif communautaire pour ce projet, l’inscription sur la liste indicative du patrimoine mondial du Canada en 2004, la soumission officielle d’une candidature en 2017, son retrait en 2018 et une nouvelle soumission au printemps 2021, l’annonce a été accueillie avec fierté par les membres de la communauté.

Tr’ondëk-Klondike est présenté comme une région subarctique du nord-ouest du Canada, le long du fleuve Yukon, dans la terre natale des Tr’ondëk Hwëch’in. La région comprend huit sites reflétant les expériences et les capacités d’adaptation des peuples autochtones à la suite des changements draconiens causés par la ruée vers l’or du Klondike en 1898, montrant divers aspects de la colonisation sur la région.

« Nous, citoyens et citoyennes Tr’ondëk Hwëch’in, sommes fiers d’avoir joué un rôle de premier plan dans le processus de nomination, un processus collectif qui a rapproché notre communauté. Je tiens à exprimer ma gratitude aux aîné.e.s qui ont partagé leurs connaissances et leurs histoires et aux membres de la communauté qui ont maintenu cette idée en vie pendant des décennies », partage Debbie Nagano, coprésidente du Comité consultatif et directrice du patrimoine pour le gouvernement Tr’ondëk Hwëch’in.

Faisant partie du Complexe-Historique-de-Dawson de Parcs Canada, ces bâtiments sont les plus photographiés par les touristes à Dawson.

Photo : Agnès Viger

Reconnaître les répercussions du colonialisme

Le colonialisme de l’Amérique du Nord fait partie intégrante de l’histoire du Canada et ses répercussions ne sont pas toujours reconnues. « Avec la nomination de Tr’ondëk-Klondike, nous avons entrepris une tâche difficile étant donné la complexité de l’exploration d’un thème aussi vaste et difficile que le colonialisme, en particulier du point de vue des répercussions et de la réponse des peuples autochtones. Le choix de cette perspective a été possible grâce à un engagement et un dévouement de longue date de la part des Tr’ondëk Hwëch’in, pour sensibiliser les gens à leur culture et à leur histoire », a reconnu Luisa de Marco, représentante de l’ICOMOS – Conseil international des monuments et des sites – lors de la nomination de Tr’ondëk-Klondike à Riyad.

Les sites historiques du Klondike « contiennent des ressources archéologiques et historiques qui témoignent de l’expérience et de la résilience durable des Tr’ondëk Hwëch’in face à un événement colonial caractérisé par l’établissement et la consolidation aveugles du pouvoir colonial. Cela fait écho à la Commission de vérité et réconciliation et s’inscrit dans les initiatives visant à s’éloigner de l’histoire timide et de la version blanchie du passé », rappelle Travis Weber, surintendant des sites historiques du Klondike lors de la soumission de la nomination.

Tr’ondëk-Klondike pourrait servir de modèle pour la nomination d’autres patrimoines mondiaux. « C’est un exemple de l’expérience globale du colonialisme que nous partageons avec de nombreux autochtones dans le monde entier. C’est un témoignage d’une force significative, de luttes et de la culture durable du peuple Tr’ondëk Hwëch’in. Nous nous réjouissons de poursuivre et de partager ces histoires et ces récits importants sur notre terre, des récits porteurs d’universalisme », partage Darren Taylor, chef des Tr’ondëk Hwëch’in. « Les peuples autochtones gèrent la terre et l’eau de cette région depuis des temps immémoriaux et ont vécu l’occupation rapide et dramatique de la colonisation nord-américaine au cours du XIXe siècle. L’inscription de ce bien sur la liste du patrimoine mondial est un témoignage authentique de cette expérience », ajoute Natasha Power Cayer, ambassadrice et déléguée permanente du Canada auprès de l’UNESCO.

Le village Moosehide compte un cimetière, avec notamment la tombe du chef Isaac qui a œuvré pour protéger le patrimoine culturel des Premières Nations à la suite de la ruée vers l’or.

Photo : Agnès Viger

Parler du passé et protéger l’avenir

Les huit sites d’intérêt de Tr’ondëk-Klondike ont été divisés en trois catégories : la vie avant la colonisation (avec le camp de pêche Tr’ochëk et le Moosehide Slide à Dawson); la modification des moyens de subsistance, l’adaptation de nouvelles économies et de nouvelles spiritualités (village Moosehide, Black City et premiers comptoirs d’échanges commerciaux avec Fort Reliance ainsi que Forty Mile et son cimetière); et la consolidation des structures d’imposition de nouvel ordre social et de domination écrasante de culture colonialiste (site historique de Dawson, Fort Constantine et Fort Cudahy) qui ont entraîné résilience et adaptabilité chez les Tr’ondëk Hwëch’in, malgré les répercussions sociales, les dépossessions, la dégradation de l’environnement et la marginalisation raciale, spirituelle et culturelle.

« Lorsque de nouveaux arrivants sont venus sur nos terres à la recherche d’or, notre peuple a compris qu’un énorme changement se préparait », rappelle Darren Taylor. Les villages de Moosehide et de Black City ont ainsi été des refuges temporaires, afin de préserver la culture et les traditions, tout en favorisant la prospérité économique. « Nous avons aussi aidé les nouveaux venus à survivre. Nous leur avons appris à vivre ici d’une bonne manière, selon notre mode de vie », ajoute-t-il.

Aujourd’hui, partager l’histoire et avancer vers la réconciliation est au cœur des préoccupations de la communauté. « Nous avons été les gardiens actifs de ses eaux et de ses terres et nous continuons à parler en leur nom. Nous tenons compte de l’interdépendance de toutes les choses lorsque nous prenons des décisions pour nos proches, les animaux, les poissons et les oiseaux. Tel est notre mode de vie », mentionne Darren Taylor.

« Les sites du patrimoine mondial de Tr’ondëk-Klondike s’inscrivent dans la continuité de ce travail en honorant notre histoire et notre avenir et en respectant l’esprit de réconciliation », ajoute-t-il. « Cette inscription reflète le travail de nos ancêtres qui ont pris soin de cette terre avant nous et se tourne également vers la génération future qui héritera de ces terres et honorera la relation secrète avec la terre elle-même, une relation qui existe depuis la nuit des temps », conclut Debbie Nagano.

Debbie Nagano est la coprésidente du Comité consultatif et directrice du patrimoine pour le gouvernement Tr’ondëk Hwëch’in

Photo : Gouvernement Tr’ondëk Hwëch’in

Le chef des Tr’ondëk Hwëch’in, Darren Taylor, a partagé son enthousiasme à la suite de l’acceptation de la nomination.

Photo : Gouvernement Tr’ondëk Hwëch’in

Nadine Spence, secrétaire et vice-présidente de la Direction générale des affaires autochtones et du patrimoine culturel de Parcs Canada, après l’annonce de l’acceptation de la nomination de Tr’ondëk-Klondike.

Photo : Fournie