Il y a cinq ans, Rosalie Lavoie quittait Montréal pour venir découvrir la magie du Yukon. Ayant des amies à Dawson, elle décide de parcourir plusieurs kilomètres afin de venir elle aussi à la recherche d’un endroit qui changerait sa vie.
C’est maintenant, à l’âge de 27 ans et avec le cœur un peu plus léger, qu’elle publie son premier livre intitulé Take a Break, un recueil de poèmes franglais qui nous aide à apprivoiser la noirceur de nos émotions tout en douceur.
« J’écris depuis mon adolescence. Cela a toujours été mon moyen de m’exprimer et surtout de comprendre comment m’exprimer », confie la jeune femme. « J’aime mettre ma noirceur sur papier, de manière abstraite. J’écris souvent sur mes expériences personnelles, mes petits et gros malheurs, mais aussi sur les belles choses de la vie. Mon inspiration est toujours plus active si je suis devant un ciel qui m’aide à me mettre en perspective », complète-t-elle.
Explorer et comprendre sa noirceur
Ayant perdu deux de ses amies qui ont fait une surdose fatale, Rosalie Lavoie a vécu les conséquences d’être une femme. Elle consommait beaucoup de drogue. Elle devait se consoler de ce deuil, de cette blessure et de ce sentiment d’être perdue. Une jeune femme de 21 ans qui ne comprenait rien à la vie et à ses injustices. Elle voulait comprendre son monde de douleur où elle était trop confortable. Même si écrire était comme une tâche dans son temps, il fallait qu’elle sorte de ce monde de drogue et de mal de cœur. Elle devait s’en parler sur papier.
Beaucoup d’événements l’inspirent à écrire, à se vider. Pour les poèmes un peu plus joyeux et les moments plus doux, ce sont des événements qui lui donnent foi en des jours meilleurs dans sa réalité.
Cold Sheets est le poème qui la touche encore quand elle le lit, parce qu’elle se souvient de l’état mental dans lequel elle se trouvait, où elle a vraiment compris d’où venait sa solitude qui grandissait avec les années. Le sentiment de ne pas appartenir.
Vidanges dans l’Eau parle beaucoup de la sagesse des sans-abris, avec qui Rosalie Lavoie adorait s’asseoir et parler des heures. « On se fumait des joints pour ensuite discuter de la vie et de tous ses aspects dérivés. J’ai beaucoup appris avec ces conversations qui étaient remplies d’amour et de petits plaisirs simples de la vie. Une femme de Montréal m’avait dit de ne pas espérer, mais d’avoir foi en soi-même. Ce poème est très basé sur l’importance d’avoir foi en toi et en ce qui t’attend », rapporte-t-elle.
Guérir sous les aurores boréales
Selon l’auteure, Dawson a été un bel endroit pour faire ses deuils et se comprendre. Elle ne voulait pas se distraire de ces problèmes, mais bien leur faire face. Le froid glacial de la petite ville l’a poussée à se guérir. « C’est une terre très apaisante pour le faire », estime Rosalie Lavoie.
Elle allait souvent marcher pour se trouver un espace avec une belle vue pour laisser sortir ses émotions dans son cahier de notes. Elle a mûri et grandi et est contente de faire partie du Yukon et de ce monde magique. Le territoire l’inspire énormément. C’est d’ailleurs à Whitehorse que l’idée de publier son petit recueil de poèmes lui est venue en tête.
C’est maintenant dans la chaleur d’une cabine cachée à Whitehorse qu’elle continue de noircir les pages à l’aide de sa plume et de partager ses états d’âme. Sous la lumière des aurores boréales, elle confie que c’était son premier, mais non son dernier livre.
Sa thérapeute lui a un jour dit qu’il était nécessaire d’écrire et de faire réflexion sur soi-même afin de pouvoir comprendre ses émotions, tout cela sans jugement. L’écriture l’aide à briller, à mieux se comprendre et à profiter du privilège que nous avons d’être sur cette Terre-Mère.