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le Jeudi 25 janvier 2024 7:43 Actualités

Télévision : tous les tunnels mènent à Paris

C’est maintenant au tour de Jenny (Maxim Roy) de s’aventurer dans le tunnel de son sous-sol pour tenter de trouver un sens à sa vie. — Photo : Unis TV
C’est maintenant au tour de Jenny (Maxim Roy) de s’aventurer dans le tunnel de son sous-sol pour tenter de trouver un sens à sa vie.
Photo : Unis TV
FRANCOPRESSE – Les questions de quête identitaire et de langue française en Ontario ont continué d’inspirer les auteurs de la série Paris Paris. Tout comme dans la première saison, les personnages empruntent un tunnel qui les mènera cette fois de Paris en Ontario à Paris au Texas.

Dans la première saison, le public faisait la connaissance de Philippe Ouellette (Benoit Mauffette), qui vit depuis 15 ans à Paris, en Ontario. En pleine crise de la quarantaine, ce Québécois d’origine découvre dans son sous-sol un tunnel qui mène à Paris… en France.

C’est maintenant au tour de Jenny Landry (Maxim Roy), sa femme, de s’aventurer dans le sous-terrain pour tenter de trouver un sens à sa vie à Paris… mais pas celui de la Ville Lumière. Exit la Tour Eiffel, bonjour les cowboys.

Jenny se retrouve donc coincée à Paris, un petit village du Texas, en compagnie d’une tenancière de bar française, Jackie (Isabelle Nanty). L’occasion de faire le point sur une existence dont elle n’est plus maitresse.

Terrain hostile

« On trouvait ça super de pouvoir amener les téléspectateurs dans un nouveau Paris, au Texas, ce qui amenait un tout nouveau monde et qui ouvrait l’histoire vers une connexion entre trois lieux qui pouvaient interagir », confient Dominic Desjardins, le réalisateur, et sa conjointe, la productrice Rayne Zukerman.

Rendue célèbre par le film Paris, Texas de Wim Wenders, cette bourgade parle à l’imaginaire collectif, « même si personne n’est jamais allé », remarque Dominic Desjardins.

L’équipe du film s’y est tout de même rendue pour tourner quelques plans.

« C’est une petite ville qui ressemble en fait étrangement beaucoup à Paris, en Ontario, au niveau des paysages, la nature, des immeubles. Mais c’est sûr que la culture est complètement différente. Ils ont une tour Eiffel, avec un chapeau de cowboy dessus. C’est assez drôle », sourit le coscénariste.

« Il y a un Paris aux Pays-Bas, un petit village d’une centaine d’habitants. On aurait pu l’envoyer là-bas, sauf que le Texas, ça nous semblait intéressant au niveau des thématiques qu’on voulait aborder aussi, poursuit le réalisateur. Comment elle arrive à se trouver elle-même dans un monde qui est un petit peu plus difficile, plus rough, plus tough que ce qu’elle vit chez elle. »

Toutes les autres scènes avec les comédiens ont été tournées dans le Sud de l’Ontario, à Hamilton et à Paris.

Équipe francophile

Derrière la caméra, francophones et anglophones s’activent. « Par contre, on faisait fonctionner le plateau en français, précise Dominic Desjardins. C’était important pour moi que les acteurs se retrouvent sur un plateau où ils sentent qu’on parle en français, qu’on fait une belle place au français et qu’ils peuvent s’exprimer en français. »

« Il y a des chefs de département, par exemple au costume, au maquillage, qui nous ont dit de façon très émotive que ça leur faisait tellement du bien de travailler sur une série en français, alors qu’ils sont habitués de se fondre dans le monde anglophone. »

La réalité rejoint la fiction. Dans la série, Philippe, passionné de littérature, donne des cours de français dans une école anglophone de Paris, Ontario. Au début de cette deuxième saison, désemparé par le départ de sa femme, il fait face à une poignée d’élèves en manque de pupitres, dont son fils, Tom (Balzac Zukerman-Desjardins). La tâche s’annonce difficile.

Engagement communautaire

« Notre série n’est pas politique, mais en même temps, elle reflète une réalité qui est plausible et qui est réelle en Ontario; c’est que même dans le système francophone, ou la place du français dans le système anglophone, ça demande vraiment un investissement de la part des individus et de la part de la communauté pour que ça puisse fonctionner », déclare Dominic Desjardins.

« C’est une situation quand même précaire et il faut être actif […] Il faut à chaque fois être dans le choix de vouloir utiliser sa langue et de le faire tous les jours, que ce soit au niveau professionnel ou personnel », poursuit le réalisateur.

Une tension qui sous-tend l’intrigue de Paris Paris. « Il faut que les gens réussissent à communiquer ce désir de lutter et de préserver sa culture aux prochaines générations. Sinon, il n’y a pas de suite. C’est ça qui transcende l’histoire de Philippe dans la saison 1 et qui va encore plus loin dans la saison 2 », analysent les créateurs de la série.

Les 13 épisodes de 24 minutes de la série franco-ontarienne Paris Paris sont diffusés sur Unis TV les mardis à 19 h 30 depuis le 9 janvier. Ils sont également disponibles sur la plateforme TV5Unis, tout comme la première saison.