le Samedi 14 décembre 2024
le Jeudi 7 novembre 2024 8:00 Éditoriaux

Parlons vrai!

Fin octobre dernier, Sabrina Jouniaux-Romano a donné une formation d’une journée sur les premiers soins en santé mentale au Centre de la francophonie. Il était question de détecter les signes chez une personne qui rencontre possiblement un problème de santé mentale et comment s’y prendre pour apporter son aide.

Pour elle, rien ne sert de tourner autour du pot. Dire les choses directement, avouer qu’on a vu des changements de comportement chez la personne et qu’on s’inquiète pour elle. Dans cet atelier, il a été question d’empathie et aussi tout simplement d’attention. Être attentif et attentive aux autres, poser la question (réellement) de comment ça va? Prendre le temps d’accorder de l’attention aux gens, ça peut paraître parfois difficile dans nos quotidiens débordés. Néanmoins, ne pas laisser les gens sur le bas-côté, c’est aussi les respecter et les considérer.

Soit sortir faire une marche, s’asseoir avec la personne. Aider, écouter, mais sans juger. Ne pas jouer le docteur. On n’a de toute façon pas les compétences. Pourtant, on peut faire preuve d’empathie en assurant une présence, une écoute. Une première étape pour venir en aide.

Bien qu’il paraisse moins évident de prodiguer des conseils quand il s’agit de santé mentale, Sabrina Jouniaux-Romano rappelle qu’on est une communauté, et que communiquer n’est pas chose nouvelle pour nous. C’est prendre soin des uns et des autres, un peu comme une chaîne de soutien.

Les problèmes de santé mentale sont courants. La plupart des gens traversent des périodes de meilleure ou de moins bonne santé mentale au cours de leur vie. La dépression, l’anxiété, la dépendance à certaines substances ou activités peuvent toucher tout le monde. Cependant, certaines personnes peuvent éprouver des symptômes plus sévères, qui durent plus longtemps et affectent leur capacité à fonctionner au quotidien.

Selon Statistique Canada, en 2022, plus de cinq millions de Canadiens et Canadiennes (18 %) âgé·e·s de 15 ans et plus répondaient aux critères diagnostiques d’un trouble de l’humeur, d’anxiété ou de toxicomanie au cours des douze mois précédents. La prévalence des troubles de l’humeur et de l’anxiété au Canada a augmenté entre 2012 et 2022.

D’où l’importance de s’éduquer. C’est un premier pas. On évite ainsi les tabous, on en parle franchement et on se familiarise avec le vocabulaire, les façons de faire.

Le jour du Souvenir, le 11 novembre, on commémore les sacrifices de la Première Guerre mondiale ainsi que d’autres guerres. On célèbre la bravoure des soldats et soldates, leur dévouement pour la patrie, mais c’est aussi l’occasion de rappeler les conséquences sur la santé mentale de ces vétérans et vétéranes. Le retour à la vie quotidienne peut s’avérer difficile pour nombre de ces personnes. D’ailleurs, le stress post-traumatique peut provoquer une incapacité temporaire qui peut perdurer et se transformer en dépression sévère sans intervention appropriée. Et si le vrai sujet, ce n’était pas de remettre en question les conflits, tout simplement…

Certaines de ces personnes se retrouvent en situation d’itinérance ou risquent de le devenir. Elles peuvent être victimes de stigmatisations. Cette situation est inacceptable, peu importe d’ailleurs qui elle touche. À ce propos, Sylvie Binette, Franco-Yukonnaise, a campé devant l’Assemblée législative à Whitehorse la nuit du 24 au 25 octobre afin de sensibiliser et essayer de faire bouger le gouvernement pour mettre fin au sans-abrisme. Selon elle, il est révoltant que des personnes doivent encore dormir dehors dans un pays aussi riche et développé que le Canada. Une marche a également été organisée par la Coalition anti-pauvreté du Yukon au centre-ville de la capitale.

Le 2 novembre dernier, la Divali, la fête des lumières, était célébrée par les personnes hindoue, sikhe, jaïne et bouddhiste. Cet événement célèbre la victoire du bien sur le mal et l’importance de la connaissance face à l’ignorance. C’est une occasion de réfléchir, de se réinventer et de renforcer les liens au sein de la communauté. Cette fête prend tout son sens ici.

Bref, la santé mentale, parlons-en, parlons vrai, même si c’est malaisant. S’éduquer, en parler, transmettre. Pour qu’il soit plus facile de faire appel à de l’aide. Nous sommes chanceux·ses qu’aujourd’hui les gens souffrant de problèmes de santé mentale ne soient pas traités de fous, mais bien pris au sérieux. Ces personnes peuvent être prises en charge par le corps médical et compter sur d’autres types de soutien. Ces services ne sont peut-être pas parfaits, mais ils sont là. Il est possible de remonter la pente, même si ça prend du temps.