Le 30 septembre, le pays commémore la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation et ce, depuis 2021. Cette journée est aussi connue sous le nom de la Journée du chandail orange, qui elle a été mise en place en 2013.
Pour rappel, de 1867 à 1996, 140 pensionnats ont été administrés par le gouvernement fédéral. C’est donc plus de 150 000 enfants des Premières Nations, métis ou inuits qui ont été forcés de fréquenter des écoles gérées par l’Église et financées par le gouvernement. Ces enfants ont vécu dans des pensionnats pour être assimilés à la culture eurocanadienne. On estime à 6 000 le nombre de décès d’enfants dans les pensionnats.
Cette journée invite alors l’ensemble de la communauté à réfléchir aux impacts du colonialisme et au douloureux héritage des pensionnats.
L’un des nombreux effets nocifs de la colonisation sur les communautés autochtones est le traumatisme intergénérationnel. Pour les personnes survivantes des pensionnats, et leur descendance, s’ensuit alors un long travail de réappropriation de sa culture, de ses origines. Réapprendre à se connaître et à ressentir, renouer avec ses sentiments enfouis, parler, révéler ce qu’il s’est passé est déjà un premier pas vers la guérison.
Une soirée de discussion organisée au Old Firehall le 19 septembre dernier a porté sur l’origine et l’histoire de la suppression émotionnelle et l’importance de retrouver une maturité émotionnelle pour guérir le monde. L’un des invités, le Dr Lee Brown, ancien directeur de l’Institute of Aboriginal Health à l’Université de la Colombie-Britannique, a abordé cette question de guérison. Selon lui, celle-ci débute par l’examen de la question de la vérité et de la réconciliation et le partage d’émotions.
Réapprendre également grâce à l’éducation. Cette journée est l’occasion de reconnaître la force et la résilience des Premières Nations du Yukon et des communautés autochtones de tout le Canada. Il s’agit d’une question de survie parfois. En apprendre plus sur leur histoire, reconnaître le passé sombre de cette période qui dure depuis plus de 150 ans.
Pour ce faire, plusieurs événements sont organisés partout au Yukon. Par exemple, John Fingland de la Première Nation de Champagne et d’Aishihik est venu présenter, le 18 septembre, un aperçu de l’histoire des Premières Nations du Yukon au Centre de la francophonie.
En août dernier, une statue du chef Tr’ondëk Hwëch’in Isaac a été édifiée à Dawson pour ne pas oublier le passé et se souvenir de ce personnage déterminant dans l’histoire de la Première Nation.
Le rôle de l’éducation est essentiel dans le chemin vers la réconciliation. À ce titre, une lettre d’entente a été signée à l’École Robert-Service le 30 août dernier. Cet accord supplémentaire vise à renforcer et à officialiser l’engagement de bâtir un système d’éducation plus inclusif et plus représentatif de la culture et des valeurs de la Première Nation des Tr’ondëk Hwëch’in. Cette lettre rappelle l’importance d’inclure tous et toutes les élèves, tant celles et ceux de la Première Nation des Tr’ondëk Hwëch’in que les jeunes inscrits au programme français, Confluence, par exemple.
Cette journée du 30 septembre invite finalement la communauté à s’inspirer de la culture et de l’art autochtones, à échanger notre vision de la nature ou tout simplement à en savoir plus sur le territoire dans lequel on vit.
Une vision de l’environnement loin de la culture mainstream (dominante). D’ailleurs, de nombreux scientifiques font aujourd’hui appel aux connaissances écologiques traditionnelles des Premières Nations, illustrant un échange de connaissances bénéfique pour les deux parties.
C’est le cas, par exemple, de Guillaume Nielsen, titulaire d’une chaire de recherche industrielle en décontamination des mines du Nord à l’Université du Yukon. Le chercheur rapporte que l’aide de la Première Nation des Na-Cho Nyäk Dun, située à Mayo, lui a été précieuse dans divers aspects de sa recherche. La communauté autochtone a également souhaité en savoir plus.
Bref, cette collaboration est aussi une occasion de souligner et de reconnaître la valeur de ces ressources presque capitales pour notre survie dans un état d’urgence climatique.
Finalement, se connaître, c’est (ré)apprendre à renouer avec ses émotions, sa culture, ses origines, mais aussi avec les autres pour tendre vers une société en meilleure santé.