Nous prononçons nos premiers mots avant même d’avoir fait nos premiers pas étant enfant. La communication est un long apprentissage qui nous paraît évident et spontané une fois adulte. Quand nous avons acquis le langage, nous savons exprimer nos besoins, nos souhaits, ce que nous ressentons. Cela nous paraît simple, mais la communication est plus complexe qu’elle ne paraît. Par exemple, nous avons toutes et tous vécu une situation où notre interlocuteur ou interlocutrice ne comprend pas ce que nous lui disons. Et puis, qui n’a jamais ressenti de la frustration lorsqu’après une discussion, ou une négociation, nous n’avons pas obtenu ce que nous souhaitions?
Nous rencontrons des déceptions à plusieurs niveaux et une fois adultes, on se rend compte que nous ne sommes parfois pas les mieux outillé·e·s pour naviguer au sein des différentes situations quotidiennes et qu’il faut peut-être réapprendre, parfois à notre grand désarroi, à dialoguer.
Dialoguer avec soi-même. Se recentrer pour être en paix avec soi et les autres. C’est ce que fait Sofia Ashley Fortin, coach en éducation sexuelle. Celle-ci aide les jeunes mères à redialoguer avec elles-mêmes, plus spécifiquement avec leur vagin. Il s’agit d’une reconnexion à soi et à son plaisir, un peu mis de côté avec l’arrivée des enfants et un quotidien chargé. Il s’agit d’être à l’écoute de ses besoins et de ses désirs. Il s’agit aussi de renouer le dialogue avec son ou sa partenaire. Sofia Ashley Fortin recommande divers exercices pour une relation harmonieuse au sein du couple. C’est pourquoi cette dernière va lancer un nouveau programme à la rentrée Sex after kids. Elle aidera les couples à exprimer leurs désirs, leurs attentes dans le respect de chacun et chacune et dans le consentement.
Dialoguer, c’est briser aussi les tabous entourant la sexualité, les relations entre hommes et entre hommes et femmes. À ce propos, le 31 mai marque la fin du Mois de la prévention des violences sexualisées. À la prochaine rentrée, le Centre pour femmes Victoria Faulkner de Whitehorse lancera un programme bilingue appelé Next Gen Men dans lequel plusieurs mentors vont donner des formations, des ateliers auprès de jeunes garçons adolescents pour parler de la masculinité, des relations saines et du respect des limites d’autrui, et ce, sans tabou.
Communication brisée? Ces dernières semaines, une déception a été ressentie par plusieurs personnes résidentes du quartier de Valleyview à Whitehorse face à la menace de la Ville de ne pas préserver une région boisée adjacente du quartier. Dialoguer, c’est également se faire entendre, se faire écouter, savoir plaider une cause, ici celle de la conservation d’une forêt urbaine. Dialoguer et exprimer ses craintes permet de se sentir inclus·e·s et de trouver du soutien au sein de sa communauté.
(Re)dialoguer avec ses collègues. Faire comprendre ses attentes tout en veillant à ne pas attaquer l’autre. Pour cela, la communication non violente (CNV) permet d’éviter les possibles préjugés et de maintenir des relations saines et harmonieuses. Il s’agit d’une méthode bien utile et de tout un art à maîtriser. En effet, adopter de saines habitudes en communication est un défi pour nombre d’entre nous. La CNV est une approche de communication élaborée par Marshall B. Rosenberg, un psychologue américain. Ce dernier propose quatre étapes pour bien se faire comprendre : mentionner les faits tels quels, exprimer ses sentiments, relier nos sentiments à nos besoins ou nos valeurs et enfin, formuler une demande concrète et négociable. Elle pourrait également se résumer comme suit : l’observation, le sentiment, le besoin et la demande (OSBD).
Dialoguer avec ses enfants. Là encore, la CNV pourrait s’avérer utile. Il s’agit d’un outil que recommande la revue Le fantastique cerveau publiée cette année par le Partenariat communauté en santé (PCS). Cette revue a pour but d’aider les parents à comprendre et à les orienter pour participer au bon développement du cerveau de leur(s) enfant(s).
Certes, il n’est pas toujours aisé de communiquer certaines choses. Il existe divers tabous ou la peur de se disputer ou encore celle de perdre une relation (amicale ou professionnelle). Il y a des choses que l’on préfère cacher sous le tapis, on préfère mettre une conversation à plus tard. Néanmoins, lâcher prise, choisir ses batailles, ne pas se tourmenter sur tout pourrait nous aider à avoir des relations plus saines. Prendre son courage à deux mains aussi. Faire preuve d’humilité, avoir l’intention de chercher le consensus et ne pas partir en croisade contre le monde (même si on peut parfois en avoir envie!).
Bref, une relation, ça se travaille. Il faut vouloir y mettre du sien, de sa (bonne) volonté pour que ça fonctionne, et cela, avec peu importe qui.