le Jeudi 5 décembre 2024
le Jeudi 26 octobre 2023 8:00 Éditoriaux

Diversité

  Photo : Luc Germain
Photo : Luc Germain
Le gala de Réseau.Presse s’est tenu vendredi passé. Cette soirée annuelle a pour but de mettre les journaux des communautés francophones et acadiennes à l’honneur et de remettre des Prix d’excellence aux professionnel·le·s de l’information locale. Pour joindre l’utile à l’agréable, les journaux en profitent pour se rassembler, discuter, apprendre et réfléchir collectivement sur certains sujets. L’avenir du papier, les publicités, les liens avec les municipalités figuraient parmi les sujets qui ont animé nos débats lors de cette fin de semaine.

Le gala de Réseau.Presse s’est tenu vendredi passé. Cette soirée annuelle a pour but de mettre les journaux des communautés francophones et acadiennes à l’honneur et de remettre des Prix d’excellence aux professionnel·le·s de l’information locale. Pour joindre l’utile à l’agréable, les journaux en profitent pour se rassembler, discuter, apprendre et réfléchir collectivement sur certains sujets. L’avenir du papier, les publicités, les liens avec les municipalités figuraient parmi les sujets qui ont animé nos débats lors de cette fin de semaine.

Dans le discours d’ouverture de la soirée de gala, Nicolas Jean, co-président de Réseau.Presse, a choisi un mot pour qualifier le réseau de la presse francophone de l’information professionnelle au Canada. « Diversité ». J’applaudis mon collègue, directeur général du Courrier de la Nouvelle-Écosse!

Pendant longtemps, les « hommes blancs de plus de 55 ans » ont eu la mainmise sur le journalisme. Et par là je ne vise aucun de mes collègues masculins qui atteignent (ou ont atteint) cet âge glorieux. Il n’y a rien de personnel dans cette affirmation. C’est juste un fait. Le patriarcat et ses clichés ont fait rage dans le monde de l’information pendant des décennies, évoluant pendant longtemps en vases relativement clos dans un environnement de privilégiés. Les journaux étaient florissants, alimentés par des ententes commerciales entre copains ou conclues sur des terrains de golf. Le gouvernement de l’époque étant encore favorable aux publicités papier, les finances allaient bien, alors pourquoi regarder plus loin?… Pourtant : primes discrètes réservées aux hommes, interdiction d’utiliser des termes non binaires ou féministes, mépris de traumatismes issus de discriminations : les salles de nouvelles ont vécu (et probablement vivent encore dans certaines régions) des inégalités notoires. Mais oyez, oyez! Les temps changent!

Une nouvelle réalité a émergé. Le journalisme et la gestion des journaux sont devenus accessibles à un plus grand nombre. Plus de jeunes sont à la tête des journaux ou des salles de nouvelles. Plus de femmes sont devenues leadeures. Plus de personnes non binaires y sont représentées. Et plus de personnes immigrantes sont dans des rôles décisionnels.

Nos journaux aussi sont tous différents. Certains abandonnent le papier, d’autres – comme l’Aurore boréale – en font l’éloge. Certains visent le numérique tandis que d’autres se lancent dans des magazines. Mais nous avons l’objectif de devenir de plus en plus professionnels, inclusifs et surtout, nous avons cette volonté commune d’exister, contre vents et marées. De nous dépasser, pour vous qui nous lisez. Pour nos communautés, qui changent elles aussi.

Cette année, l’Aurore boréale a brillé lors du gala. Quelle fierté d’avoir reçu le Prix d’excellence pour la photographie de l’année! La photo présentait l’artiste franco-yukonnaise Chérie Coquette, danseuse, effeuilleuse et artiste de burlesque dont nous vous parlons en page 11, à l’occasion de sa tournée! Ma fierté est immense car non seulement la photo est jolie, mais surtout, le sujet me rend fière. Dans un monde où des gens se font encore intimider en raison de leurs origines, genre, goûts musicaux ou choix vestimentaires, j’éprouve de la fierté d’avoir gagné ce prix grâce à la photo d’une jeune femme qui valorise la diversité des corps, des orientations sexuelles et des choix de vie. Une danseuse qui s’assume sexy et qui en plus « ne vient pas d’icitte », c’est fort pour moi.

Vous allez me dire « tout dépend du contexte ». Et vous aurez raison, car en effet, le contexte de nos jours, c’est le nerf de la guerre. Et c’est ça aussi, la force de vos journaux : fournir du contexte. Que vous nous lisiez d’un bout ou l’autre du Canada, en Amérique du Nord ou ailleurs, sur des plateformes numériques ou en format papier, vos journaux vous permettent de décrypter l’information pour vous faire une opinion juste. Et ce contexte vaut beaucoup dans un monde trop souvent influencé par les jugements de celles et ceux qui font le plus de commentaires (en ligne ou en personne).

Le deuxième prix que l’Aurore boréale a reçu, c’est celui, à mon immense surprise, de la Présence numérique. Ce prix, c’est encore là la preuve que c’est important d’évoluer au rythme de nos communautés. Là aussi, je prône encore et toujours le même mot d’ordre : diversité. L’Aurore boréale envisage plusieurs nouveaux horizons ces temps-ci, mais abandonner le papier n’en est pas un. Je découvre la force de notre présence numérique, consolidée peut-être par la présence de nos archives en ligne, mais le Web ne deviendra pas la seule façon de nous lire (en tout cas, pas dans un avenir proche!). Le changement c’est bien, mais nous ne sommes pas encore prêt·e·s à abandonner celles et ceux d’entre vous qui, au Yukon ou ailleurs, nous lisent parfois au moment d’allumer le feu dans le poêle à bois!

Merci de votre confiance et de votre fidélité. Bonne lecture.