le Mercredi 4 octobre 2023
le Jeudi 23 février 2023 7:45 Éditoriaux

Risquer

Il y a des thèmes qui se dessinent d’eux-mêmes dans l’actualité. Cette semaine, c’est sans conteste le fait d’aller de l’avant et d’essayer de nouvelles choses qui se lit à travers nos pages.

Et parce que pour aller de l’avant il faut parfois se questionner, c’est à vous que nous laissons le micro, et la page blanche. À travers un grand sondage, nous vous offrons l’opportunité de nous donner votre opinion. Les sondages seront anonymes, mais vous pouvez tout de même laisser votre nom si vous souhaitez participer au tirage pour un aller-retour offert par Air North. On compte sur vos plus belles idées constructives!

Mais bon, faire un sondage, oui, c’est explorer. Mais quand on parle de risque, ça reste léger, je vous l’accorde.

Ça n’a rien à voir avec la bravoure de la délégation de personnes des Premières Nations qui se sont rendues en 1973 à Ottawa pour rencontrer le gouvernement fédéral avec sous le bras un document relié par un petit boudin en plastique… Land back, language back, kids back, récupérer la terre, les langues et les enfants. Voilà ce que demandaient ces peuples, instigateurs de changements dans une époque où les écoles résidentielles faisaient des ravages et où les personnes autochtones n’avaient pas le droit de se rassembler à plus de deux dans les rues! Ces hommes et ces femmes ont pris en main la destinée de leur peuple et ont pris des risques, en osant tracer la voie de ce que l’on nomme désormais la réconciliation. Quel courage! Quel aplomb!

Qui ne risque rien n’a rien.

Sortir de notre zone de confort, c’est aussi faire le choix de l’immigration. Tout recommencer, tout redécouvrir. Cette semaine, la Garderie du petit cheval blanc a reçu une distinction pour le soutien qu’elle offre à son personnel immigrant. Car recruter c’est bien, mais aider à évoluer et à s’adapter à son nouvel environnement, c’est ce qui peut faire la différence entre prendre un risque avec ou sans filet.

Au sortir des temps de restrictions intenses et des obligations de s’adapter continuellement, on s’entend, c’est quand même bon de faire son cocon et de retrouver des routines. Mais évoluer, ça ne signifie pas nécessairement se faire souffrance. Prendre un risque, c’est aussi envisager qu’à la clé il y aura une zone qui sera elle aussi confortable, une fois que nous l’aurons explorée. « La vie est fabuleuse, elle nous fournit à chaque instant des occasions de grandir », écrit Laurent Gounelle, dans Les dieux voyagent toujours incognito.

Pensons à tous nos athlètes du Yukon qui se dépassent au moment où vous lisez ces lignes. Les Jeux du Canada, c’est toute une aventure. Des émotions d’une intensité sans pareil. Je leur tire mon chapeau. Pour ça aussi il faut en avoir, de l’aplomb! Mais quelle satisfaction de revenir ensuite au Yukon, cette expérience  — et probablement quelques médailles — sous le bras!

Et quand on parle d’évolution, difficile de ne pas mentionner les nouveaux projets de loi qui se dessinent de toutes parts. C-13 pour les langues officielles, qui progresse de plus en plus, non pas sans aléas; C-21, qui démontre que faire valoir nos voix peut avoir un impact, puisque mêmes les projets d’envergure s’adaptent parfois; parlons aussi de C-18 qui pourrait peut-être permettre aux médias communautaires de négocier face aux géants du Web.

Parlant de géants du Web, et parce qu’ici c’est moi qui tiens le micro, j’ai une petite annonce à passer. Sans préavis ni raison, Facebook a supprimé mon compte. Je suis à la recherche d’idées pour contester cette décision unilatérale… Enfin bon… Passons.

Revenons à nos moutons, et pas ceux de Panurge, justement. Revenons à l’idée de prendre des risques, faire des choses inhabituelles, qui nous poussent à dépasser un peu nos limites et à nous mettre en situation d’apprentissage.

Peut-être avez-vous écrit une lettre enflammée récemment? Ou vous êtes-vous inscrit·e dans un concours de lancer de scie mécanique? Sortir de notre zone de confort, ça peut-être tout simplement se lancer sur scène lors d’une soirée de karaoké!

D’ailleurs, la semaine passée, l’École Émilie-Tremblay a organisé un spectacle à micro ouvert pour ses élèves. Capter l’attention devant une foule, voilà une chose qui fait grandir! Quelle émotion de voir des jeunes, parfois nouvellement arrivés au Yukon ou qui ont des défis d’apprentissage, prendre le micro et exprimer leur amour, devant tout le monde, pour leurs ami·e·s ou le personnel enseignant!

C’est aussi le discours que tenait l’artiste multidisciplinaire Stéphanie Morin-Robert, qui a donné une formation d’art dramatique au Centre de la francophonie. Elle a une prothèse oculaire, et sur scène, elle l’enlève et joue avec devant son public. Selon elle, se mettre dans des situations de vulnérabilité, ça permet de se développer en tant qu’être humain, mais ça a aussi des vertus thérapeutiques. Alors si en plus c’est bon pour la santé, pourquoi s’en priver!

Je vous invite donc en fin de semaine à sortir de chez vous. Après tout, le festival Yukon Rendezvous a été créé initialement pour ça : nous sortir de notre chez-nous, à la fin de l’hiver. Alors bonne lecture, et bon festival!