le Lundi 2 octobre 2023
le Jeudi 27 octobre 2022 5:51 Éditoriaux

Danser

Crédit : Maryne Dumaine
Crédit : Maryne Dumaine

Avez-vous chanté tout l’été? Je vous le souhaite!

Chanter et danser, comme le veut la vieille fable, sont souvent perçus comme les fruits de l’insouciance. Et pourtant, si la fourmi s’est assuré une bonne préparation pour l’hiver, cela ne signifie pas pour autant que la cigale, chantant tout l’été, n’était pas « à son affaire ».

Le 10 octobre dernier était la Journée mondiale de la santé mentale, un mois après celle de la prévention du suicide.

« De l’épidémie de suicides en cours à la crise des opioïdes toujours présente, les Yukonnais luttent toujours et recherchent le soutien de ce gouvernement », déclarait le lendemain la ministre Annie Blake, au nom du NPD, lors de l’Assemblée législative. « Au cours de la dernière année seulement, de nombreuses collectivités et gouvernements des Premières Nations ont déclaré [à ce sujet] leur propre état d’urgence, notamment la ville de Faro, la Première Nation Kwanlin Dün, la Première Nation Carcross/Tagish et la Première Nation Na-Cho Nyäk Dun ». Le 26 octobre marquait d’ailleurs le triste anniversaire de la fusillade qui a eu lieu à Faro, l’an passé.

Tandis qu’on s’apprête à célébrer vampires et sorcières, il est bon de se rappeler que beaucoup d’entre nous luttent encore au quotidien contre leurs propres démons…

Au-delà des services, bien sûr indispensables dans nos communautés, la puissance de l’entraide citoyenne n’est pas à négliger. Que ce soit lorsqu’une famille perd tous ses biens dans un incendie de maison, par des actions de bénévolat ou par des événements de lutte contre la pauvreté, des réussites humaines existent. Que la fourmi aille donc donner un peu de temps à la banque alimentaire, comme les élèves du CSSC Mercier l’ont fait la semaine passée, au lieu de blâmer la cigale qui prenait soin de sa santé mentale!

« Alors on danse », chantait cyniquement Stromae face aux tristes réalités du quotidien. Car les actions pour prendre soin de notre moral et de celui de notre entourage vont au-delà des séances de thérapie ou des lignes d’aide en cas de crises. Elles passent pour certaines personnes par un retour à la terre, la marche ou par la méditation. Et pour d’autres, prendre soin de soi et de son mental, ça passe par l’expression corporelle. Et comme la marche ou la méditation, la danse peut se pratiquer seul ou en groupe.

La danse se retrouve d’ailleurs dans les traditions de bien des cultures. Tantôt défouloir, tantôt célébration, tantôt hommage ou cérémonie, l’expression du mental par le mouvement du corps n’est pas née de la dernière (danse de la) pluie.

Et danser, c’est possible, peu importe notre condition physique! On peut danser les fesses collées sur une chaise, on peut danser à 2 ans tout aussi bien qu’à 99 ans. Le groupe Tryo a d’ailleurs illustré dans sa chanson La demoiselle les charmes d’une jeune fille qui danse en fauteuil roulant.

Le 28 octobre prochain, à l’occasion de son 40e anniversaire, l’Association franco-yukonnaise propose une grande soirée dansante sur le thème de l’Halloween. Parce qu’à 40 ans comme à 20, danser, c’est aller au-delà de l’insouciance. C’est se ressourcer, reconnecter avec soi-même et avec les autres, avec le groupe. Également à prendre en note : cette année, le spectacle Onde de Choc, qui aura lieu le 18 novembre prochain, sera pour la toute première fois sous la direction artistique d’une danseuse franco-yukonnaise, Valérie Herdès.

C’est prouvé : la danse, c’est bon pour la santé. De nombreuses études ont démontré que c’est bon pour le cœur, pour l’estime de soi, pour la mémoire et contre le stress. Il a même été démontré que beaucoup de personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer sont parvenues à se souvenir de certains moments, en dansant sur des musiques qu’elles connaissaient.

Grâce à la sérotonine et la dopamine qui sont sécrétées en dansant, les gestes et les mouvements de la danse sont même utilisés dans des thérapies pour soigner la dépression et le stress. Joséphine Baker affirmait quant à elle que « vivre, c’est danser ».

Alors je vous en prie : dansez, maintenant!