Après une période apocalyptique où pandémie et climat se sont relayés pour nous mettre des bâtons dans les roues, bouger un peu devrait faire le plus grand bien. Mais sommes-nous vraiment restés immobiles, pendant cette période de restrictions?
Avez-vous déjà remarqué que l’immobilité s’accompagne souvent du sentiment de stagnation? Comme si ne pas bouger impliquait que tout notre être avait cessé d’évoluer. En réalité, sommes nous vraiment immobiles lorsqu’on a l’impression de ne rien faire, de ne pas bouger ni avancer?
Imaginez-vous dans un embouteillage (c’est assez facile, en ce moment d’ailleurs, avec une seule route d’entrée-sortie dans la capitale yukonnaise!). Pour la plupart des gens, être immobilisé dans une file d’automobiles s’apparente à une perte de temps.
Pourtant, il semble qu’être coincé dans une file similaire pour aller acheter une crème glacée dans le nouveau fast food du Yukon, ça, ça ne semble pas décourager trop de monde!
J’en conclus donc que l’immobilité et la tolérance qu’on lui voue sont en fait très relatives. Car en réalité, si notre auto est immobile, notre mental, lui, ne l’est pas. Il se projette dans le futur : les retards auxquels on s’attend, les choses qu’on manque parce qu’on est coincé·e·s, le goût de cette crème glacée…
Alors, pourquoi ne pas envisager l’immobilité différemment : une période propice pour avancer intérieurement? Pratiquer la pleine conscience au milieu d’une file d’attente à l’épicerie est tout aussi valide que de se ronger les ongles ou aller sur les médias sociaux. Et probablement bien plus bénéfique, d’ailleurs!
Dans un monde où l’injonction de « se mettre en marche » fait les manchettes presque quotidiennement, il est difficile de ralentir et de voir dans l’immobilité une plus-value.
Le chiffre 41, sur la couverture du journal, semble lui aussi très immobile, figé. Pourtant, de cette illusion d’immobilité ressort un grand accomplissement. Outre le fait de rassembler tous ces enfants pour prendre cette photo vue du ciel, je vois derrière ce cliché un énorme mouvement : la force des programmes d’immersion au Yukon. La volonté de les faire vivre, les développer et les voir grandir.
J’y vois l’ambition de milliers de jeunes qui ont choisi d’apprendre le français comme langue seconde, pour avancer, dans l’espoir d’avoir une meilleure capacité à voyager, de plus grandes opportunités professionnelles… ou tout simplement, l’occasion de lire l’Aurore boréale, qui sait!
Cette semaine dans les coups d’œil, vous pourrez voir Laurie Trottier, cheffe de pupitre de l’Aurore boréale, qui a participé à un séminaire de journalisme environnemental en Norvège. Quelle fierté!
Comme quoi faire du journalisme local n’empêche en rien d’avancer et de viser loin! Même après deux ans d’immobilité apparente, notre communauté continue de déplacer des montagnes. On construit même quand on a l’impression de stagner. On s’immobilise parfois, mais on grandit toujours. Et l’un n’est pas exclusif de l’autre.
Sur ces mots, je vous souhaite un bel été, et que vos horizons s’élargissent devant vos yeux ou dans vos cœurs. De notre côté, l’équipe est sur le point d’appuyer sur le bouton « pause », puisque cette édition est la dernière en format journal jusqu’au mois de septembre.
Et comme s’arrêter ne signifie pas diminuer nos ambitions, nous vous proposerons le 30 juin prochain un tout nouveau magazine estival, entièrement en couleur. Une nouvelle publication qui, nous l’espérons, illuminera votre été jusqu’au retour de nos éditions habituelles.
Bonne lecture et bon été!