« Quel âaage as-tu, p’tite tortue? As-tu un an, as-tu deux ans? – J’ai quarante ans », répondit l’AFY.
Hé oui! Dans une semaine, le 14 avril plus précisément, ce sera un peu comme notre anniversaire à tous et à toutes.
Mais avant d’en parler, réfléchissons ensemble à un concept : l’évolution. C’est un concept qui ressort beaucoup, ces temps-ci. N’entendons-nous pas parler sans cesse de l’évolution du virus et de ses variants? De l’évolution des changements climatiques, de la croissance économique et des taux d’intérêt?
Avant tout, présentons le concept d’un homme considéré comme un des pères du coaching : Frederic Hudson. Philosophe, éducateur, écrivain et leader d’opinion américain dans le domaine du développement personnel, il définit l’évolution des humains comme une série de cycles.
Selon lui, pour évoluer, nous devons passer par quatre phases : le départ, suivi de la phase du lancement; un plateau, suivi du désengagement; le lâcher-prise, suivi de l’expérimentation; pour enfin nous diriger vers le renouveau qui nous ramène au nouveau départ. Et ainsi de suite.
L’évolution et le changement seraient donc une série de cycles qui nous permettent de passer d’un projet à un autre, et ce, sans cesse, car les cycles se répètent continuellement.
La francophonie, si on regarde bien, c’est ainsi qu’elle s’est façonnée depuis 40 ans, non? Par une série de cycles de changements.
Aujourd’hui, nous vous présentons dans la même édition du journal un article sur l’anniversaire de l’Association franco-yukonnaise et un autre au sujet de l’ouverture prochaine d’une nouvelle école en français langue première à Dawson! Comment mieux imager l’évolution?
Saviez-vous que quand l’Association des francophones du Yukon a été créée, en 1982, l’éducation de langue première était identifiée comme une des grandes priorités, car elle n’existait pas encore? Le chemin parcouru est incroyable!
Il y a 40 ans, il n’y avait pas d’école francophone, ici. Il n’y avait ni émission Rencontres, ni garderie en français, ni cabane à sucre, ni activités de ski pour les personnes immigrantes. Encore moins d’ateliers de chanson francophone, de programme de nutrition pour les jeunes familles ou de cours de danse polynésienne! Et pas de journal en français, non plus…
Les choses ont bien changé. Rien qu’au niveau technologique, beaucoup d’innovations ont changé le monde, comme Internet et les téléphones cellulaires. Et pendant ce temps, ici, au Yukon, une poignée de personnes ont décidé de s’impliquer et ont lancé une graine, celle du français, dans le cœur du territoire.
Par la suite des centaines, des milliers de personnes l’ont entretenue, dorlotée, nourrie et protégée. L’ont faite évoluer. Cette graine a poussé, d’abord avec une petite tige fragile. Puis elle a acquis un tronc solide, avec des branches diverses qui ont poussé, ainsi que des feuilles et des fleurs de toutes les couleurs! Chaque cycle a apporté une écorce nouvelle, une protection supplémentaire face aux éléments extérieurs.
Certes, l’arbre a quelques « nœuds » : cicatrices de quelques projets qui n’ont pas fonctionné et pour lesquels nous avons lâché prise. C’est ainsi. Certaines choses fonctionnent, d’autres non. Mais ensemble, toutes ces personnes que nous sommes et qui faisons le choix (peu importe la raison) d’entretenir la francophonie dans notre vie, nous créons de nouveaux bourgeons, comme ceux que l’on voit apparaître au printemps.
À 40 ans, l’arbre est solide. Ses racines sont fortes, ancrées dans le territoire. Elles s’entremêlent et communiquent avec celles des autres : les Premières Nations et toutes les autres cultures qui vivent ici.
Il fait bon s’y adosser pour profiter de son ombre familière. Il est rassurant de savoir qu’il existe. Cet arbre solide, arbre à palabres souvent, est devenu au fil du temps le centre de notre communauté. La francophonie, c’est ce qui nous rassemble, elle vit dans nos veines comme la sève coule dans ses branches.
En ce printemps qui marque ses quatre décennies, c’est toute sa force qui resurgit. Joyeux anniversaire à l’AFY, et donc joyeux anniversaire à vous, qui lisez ces lignes. Merci de continuer à contribuer à son évolution, chacun et chacune à votre façon.