À quelques semaines des remises de diplômes, qui marqueront aussi bientôt la fin de l’année scolaire, la notion d’apprentissage résonne aussi au-delà des salles de classe, ces jours-ci.
Selon le dictionnaire Larousse, l’apprentissage est « l’ensemble des processus de mémorisation mis en œuvre pour élaborer ou modifier les schèmes comportementaux spécifiques sous l’influence de l’environnement et de l’expérience ». En d’autres mots : c’est lorsqu’un événement ou une expérience nous permet d’effectuer un changement de comportement.
Ah! Dans quel monde utopique vivrions-nous si nous étions toutes et tous capables d’assez d’humilité pour voir dans chaque situation une occasion d’évoluer!
Il faut dire qu’après un an et demi à vivre sous le signe de l’adaptation, le terme « apprendre » a pris une tout autre tournure! Puisque l’apprentissage, c’est saisir une expérience comme une occasion d’évoluer, nous devrions être expert.e.s en la matière, car les défis, ce n’est pas ce qui a manqué ces derniers mois!
Chaque expérience que la vie nous apporte est une des briques qui bâtiront la pyramide de notre savoir, de notre être et de notre savoir-être, aussi. Et au lieu de voir les embûches comme un obstacle à notre progression, chaque critique comme négative, chaque opinion contraire comme néfaste, pourquoi ne pas parfois prendre un peu de recul, avec modestie, et se demander : « Comment pourrais-je grandir de cette situation? »
Il y a ces occasions d’apprentissage auxquelles nous sommes habitué.e.s, issues de l’enseignement. Les ateliers, les cours, les formations diverses et variées, et toutes ces connaissances quasi instantanées que nous pouvons acquérir grâce à des tutos en ligne, presque à la manière d’un téléchargement passif, comme dans le film Matrix.
Mais le vrai changement qui se base sur l’adaptation au monde qui nous entoure, c’est surtout apprendre des expériences, des situations et des contextes. C’est s’avouer que même si on connaît déjà beaucoup, on peut toujours en savoir plus. Admettre que l’on peut apprendre des autres, des situations et de nos erreurs aussi.
« Je ne perds jamais, disait Nelson Mandela. Soit je gagne, soit j’apprends. »
Nous faisons toutes et tous face à des essais-erreurs. Mais quelle satisfaction quand on peut regarder en arrière et se dire que, non seulement nous avons appris, mais que, de surcroit, nous avons pu contribuer, grâce à l’apprentissage, à développer des compétences collectives. C’est d’ailleurs ainsi que nos sociétés évoluent.
Pour ma part, en pleine campagne de prévention des agressions sexuelles, je me suis souvenue du moment où j’ai appris (assez récemment, somme toute) le terme « relations saines ». À l’époque et là d’où je viens, ce n’était pas quelque chose qui était enseigné à l’école. On nous rabâchait bien la chanson « mon corps c’est mon corps », avec le p’tit monsieur creepy qui essayait de donner des bonbons depuis son auto. Mais au-delà de cela, je n’avais jamais entendu dire que 80 % des victimes d’agressions sexuelles connaissaient la personne qui les a agressées. Au lieu de nous apprendre ce qu’était une relation saine, on nous faisait des blagues sexistes qui étaient tolérées de toutes et de tous et on nous martelait de publicités qui vendaient des femmes pour vanter des yogourts ou du bain moussant!
Nos sociétés et notre environnement changent. Ce n’est pas parce que nous sommes des adultes éduqué.e.s que nous savons tout. Et ce n’est pas parce que nous savons des choses que ces concepts n’ont pas évolué. Pour que nos communautés grandissent, nous devons ensemble nous ouvrir au concept d’apprentissage à vie. Apprendre, évoluer, changer nos regards et parfois aussi nos comportements.
En tant qu’adultes (et encore plus lorsqu’il s’agit de nos leadeur.e.s), nous avons le devoir de modéliser. Donc lorsqu’il s’agit de choses qui ne nous ont pas été inculquées, il n’y a pas de honte à se montrer humble et à apprendre. Gardons un œil critique sur nos capacités et nos connaissances afin de nous laisser de la place pour l’amélioration continue, saine, mesurable et persistante.
Et, à défaut de sortir du Yukon ou du Canada, sortir de notre zone de confort sera certainement en soi une autre sorte de beau voyage!