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le Jeudi 19 novembre 2020 6:23 Éditoriaux

Activisme

Au Yukon comme ailleurs au Canada ou dans le monde, des jeunes se sont mobilisés pour faire entendre leurs voix face à l'urgence climatique.
Photo : Maryne Dumaine, Archives AB 2019
Au Yukon comme ailleurs au Canada ou dans le monde, des jeunes se sont mobilisés pour faire entendre leurs voix face à l'urgence climatique. Photo : Maryne Dumaine, Archives AB 2019

Commençons par une petite séquence linguistique.

L’activisme, ou disons l’activisme positif pour éviter toute forme d’anglicisme, est ce qui fait avancer les causes. Le terme définit un système de conduite qui privilégie l’action directe (en particulier dans les domaines politique et social). C’est ce qui pousse les jeunes à manquer l’école pour manifester pour l’urgence climatique, par exemple.

Si ce terme est souvent associé (à tort) à des notions négatives ou extrèmes, c’est qu’il remet souvent en question les principes mis en place. Il se base, selon le dictionnaire Larousse, sur une « attitude morale qui insiste sur les actions » et sur la nécessité de faire des compromis pour faire avancer des causes.

Alors oui, en ce moment, l’activisme fait les nouvelles. Et tant mieux!

Dans cette édition, nous présentons à la une de nos pages le plus beau des résultats d’action citoyenne : une école secondaire (et communautaire qui plus est!) francophone. La francophonie peut (enfin!) voir les résultats du travail acharné de ces personnes qui n’ont « pas lâché la cause ». Déménagements, batailles juridiques, consultations et défis en tout genre ont été bravés pour que nos jeunes puissent avoir accès à des moyens d’éducation similaires à ceux et celles qui étudient dans l’autre langue officielle. Victoire!

Quelle satisfaction quand l’activisme mène à de vrais changements! N’est-ce pas d’ailleurs pour cela que nous agissons? Pour voir des résultats concrets?

Militer, s’engager, faire de l’action citoyenne, c’est ça. C’est se « bouger les fesses » pour que les choses se mettent en place. Et au Yukon, des acteurs et des actrices de changements, nous en avons une belle ribambelle : toutes ces personnes qui font avancer des causes essentielles. Ketsia Houde. Angélique Bernard. Roch Nadon. Marc Champagne. Sandra St-Laurent. Louise-Hélène Villeneuve. Jeanne Beaudoin. Marguerite Tolgyësi. Isabelle Salesse. Paige Galette. Yann Herry (pour n’en citer que quelques-un.es). Que ce soit pour les droits des femmes, des personnes d’expression française, des personnes racialisées, des jeunes, des communautés non binaires… ces gens marquent l’histoire par leur persévérance, par des actions concrètes, souvent sans relâche, pour que leur cause voie des résultats tangibles.

Lors d’un atelier journalistique national qui a eu lieu la semaine dernière une journaliste de l’Est du pays s’interrogeait sur la responsabilité du lectorat dans le fait que les nouvelles favorisent souvent le sensationnel. « Nous écrivons pour être lus. N’est-ce pas ce que les lecteurs veulent : du sang, du sexe et du sensationnel? (Les ‘‘3S’’) »

NON! L’activisme positif de l’Aurore boréale se situe justement sur ce choix, dans notre ligne éditoriale. En une vingtaine de pages, une semaine sur deux, nous avons la responsabilité de sélectionner l’information. Alors oui, nous aurions pu dénombrer les cas de Covid depuis le printemps dernier, oui, nous pourrions faire part des accidents de la route, des tensions face aux élections américaines, miser sur les scandales ou des titres qui engendrent des « j’aime »… Notre action citoyenne, c’est de vous parler des résultats concrets, c’est de faire du journalisme bienveillant et de faire passer des photos de jeunes dans le journal. C’est tenter un journalisme positif. Souvent, c’est parler « d’autre chose », justement, que ce dont le reste des médias nous inonde…

Par exemple, en démontrantque le gouvernement territorial bannit des thérapies archaïques et inhumaines (et justement, grâce à l’action citoyenne concrète de jeunes du secondaire!) et offre des congés aux personnes qui tentent de se sortir d’une situation de violence.

Parlons justement de l’engagement de nos gouvernements. Si certains pays choisissent d’ignorer les voix de l’environnement, d’autres, comme le nôtre, affichent clairement leur position. Pauline Frost, Larry Bagnell, Jonathan Wilkinson (ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique) appuient le peuple Gwitch’in et la protection de la harde de caribous de la Porcupine et de son habitat essentiel, définissant la demande de permis d’exploration déposé par les compagnies américaines comme « inacceptable en l’état ». Par ces déclarations, les gouvernements démontrent l’importance de l’action citoyenne : l’engagement des militantes et des militants qui foulent les pavés pour faire entendre leur voix, les pétitions et les lettres envoyées ne représentent pas du temps perdu.

Voilà pourquoi les gens s’engagent. Pas pour des tapes dans le dos ou pour avoir plus de partages sur les médias sociaux. Les gens s’engagent pour faire changer les choses.

J’en profite aussi pour vous rappeler que le journal est un média communautaire. Ses pages vous sont ouvertes. Faire changer les choses, ça passe par informer les gens. Alors, n’hésitez pas à nous écrire pour partager votre opinion. C’est souvent comme ça qu’on amorce le changement : en se faisant entendre. Alors non, ce n’est pas dans les « 3S », et « ça ne fait pas vendre ». Mais au moins, ça entrera dans notre histoire collective et ses archives. C’est déjà ça!