le Samedi 14 septembre 2024
le Mardi 26 mai 2020 10:16 Éditoriaux

Joli mois de mai

Photo : Maryne Dumaine
Photo : Maryne Dumaine

En mai, fais ce qu’il te plaît : jamais dicton n’aura si mal sonné. Sans voyages, lointaines randonnées, écoles, concerts, centres sportifs, restaurants et même sans travail pour plusieurs, nos libertés sont restreintes, étouffées. Nous avons peu à peu pris l’habitude de contrôler nos élans d’affection et nos désirs de proximité. À nous éloigner pour nous protéger. À mettre de côté nos besoins personnels pour le bien de la communauté. Nous avons innové et trouvé mille et une façons de se serrer les coudes (à distance, bien sûr) et de faire preuve de solidarité.

Notre engagement est aujourd’hui récompensé : la menace d’une contagion massive sur notre territoire s’éloigne doucement. Les mesures s’allègent et les cœurs se réchauffent sous les rayons du soleil printanier. Bientôt, les campings rouvriront leurs portes. Déjà, l’on peut accueillir quelques amis chez soi, partager un moment ensemble autour d’un jeu de société ou d’un bon repas. Le marché communautaire Fireweed s’installera au parc Shipyards à la fin de la semaine, tandis que de nombreux restaurants et lieux de divertissement travaillent de pied ferme sur leurs plans de réouverture. Nos contenants, emballages et vieux papiers ont fini d’encombrer nos placards pour reprendre le chemin du centre de recyclage.

En mai, fais ce qu’il te plaît. Les bourgeons fleurissent, les mouflonnes mettent bas et les ours se gavent de baies, se demandant bien où sont passés les touristes qui jadis piétinaient leur dîner. Qu’importe la peur, la maladie, la distance, tous ces tracas humains bien éloignés des leurs. L’eau s’est remise à courir dans nos rivières, les oiseaux à chanter et les moustiques à piquer. L’ordre des choses se révèle somme toute inchangé. Seules nos habitudes ont été bousculées sous l’effet d’une tempête imprévisible aux forces inconnues.

Qu’avons-nous appris de ce temps d’éloignement forcé? L’importance des interactions sociales, assurément. Des câlins. Des sourires et des poignées de main. Nous nous sommes souvenus du travail remarquable du personnel soignant, des kilomètres parcourus par nos camionneurs et camionneuses et de la patience des équipes pédagogiques dans nos écoles. Plusieurs ont commencé à faire leur pain, d’autres ont renoué avec leur amour pour les jeux vidéo. Nous avons tenté de mettre de la bienveillance dans nos actions. Nous avons créé de nouvelles fêtes, de nouvelles occasions de nous réjouir pour chasser l’ennui et la déprime.

En mai, nous n’avons pas fait ce qui nous plaisait. Nous avons fait de notre mieux. Et nous pouvons en retirer de la fierté.