La Ville de Whitehorse, le 23 septembre dernier a adopté ce mot : urgence. Tout comme Old Crow, Paris, Toulouse ou Madrid, la capitale yukonnaise fait désormais partie des 1 081 juridictions, au sein de vingt pays, qui ont déclaré l’urgence climatique. « Enfin! », diront certains. « Pourquoi? » se questionnent les autres. Lors de cette réunion du conseil municipal plusieurs personnes ont émis leur opinion en faveur de cette déclaration d’urgence. Au nom de notre journal communautaire, je me suis permis de prendre la parole. Mon objectif : démontrer que chaque geste compte. En toute transparence, voici ce que votre journal a présenté à la Ville.
« Mon nom est Maryne Dumaine et je suis ici en tant que directrice et rédactrice en chef du journal franco-yukonnais. Je souhaite m’exprimer au sujet du vote concernant l’urgence climatique. L’Aurore boréale a clairement une ligne éditoriale environnementale.
En tant que citoyenne, je suis consciente des gestes que je peux poser à ma mesure pour aider l’environnement : réduire mes déchets, utiliser du papier recyclé, manger des produits locaux… Mais je suis convaincue qu’il y a aussi des actions que les leaders politiques peuvent prendre, à leur propre niveau.
L’Aurore boréale, en tant que média, a le rôle de diffuser de l’information fiable et de conscientiser la population. C’est pourquoi le journal a fait la demande d’intégrer le groupe Covering Climate Now. Pour moi, c’était une action simple à accomplir, à ma mesure, mais en bout de ligne, l’impact est énorme. Ce groupe qui rassemble plus de 300 organisations médiatiques à travers le monde [dont cinq autres au Canada] a pour but de maximiser la couverture des sujets qui traitent de la crise climatique et de ses impacts. Ensemble, nous touchons plus d’un milliard de personnes.
Je suis ici aujourd’hui pour demander au conseil de la Ville de prendre des décisions similaires. Je suis venue ici aujourd’hui pour encourager le conseil à agir pour le climat, à votre échelle en tant qu’élus, en votant « Oui » pour l’état d’urgence climatique. Merci de votre attention. »
Des mots simples, mais qui traduisent une volonté d’agir concrètement, chacun à sa mesure. Pour ne plus repousser la responsabilité sur le voisin, sur le citoyen, sur l’individu d’à côté, sur le parti politique opposé… L’urgence est déclarée, pour tout un chacun.
Qu’est-ce que ça signifie concrètement? Et pourquoi alors les manifestants continuent-ils de se rassembler devant la mairie et le bâtiment fédéral?
Car, pour le moment, ce n’est qu’une case départ, une ligne qu’on trace ensemble par terre. La Ville de Whitehorse n’a pas encore annoncé quel sera son plan d’action en la matière. Tout comme la majorité des villes et des pays qui l’ont précédée dans la déclaration. Mais tracer une ligne de départ, n’est-ce pas au moins un moyen de tous regarder dans la même direction? N’est-ce pas déjà faire un pas en avant?
Est-ce que cela va signifier la fin des plastiques à usage unique? Une électricité basée à 100 % sur des énergies renouvelables? Est-ce que le territoire va aller dans la même direction que sa capitale? À l’aube des élections fédérales, peut-on même imaginer que notre pays au complet pourrait se doter d’un plan d’urgence pour le climat?
La route est longue et sera jalonnée d’étapes. Mais elle doit se faire en sprint car le temps est compté. Les actions doivent êtres concrètes, dès maintenant.
N’oublions donc pas de continuer d’agir, toutes et tous, à notre niveau.