Le fire ban a été lancé sur près de la moitié de la superficie du territoire, le 30 mai dernier. Pour de vrai, pas dans le cadre d’une simulation. Je dis bien fire ban, car ce n’est que le 31 mai, près de quatorze heures plus tard, que l’interdiction de faire des feux a été annoncée sur le site du gouvernement du Yukon. Pour les francophones, il a donc fallu attendre « que la traduction soit terminée ».
En pleine opération NANOOK-TATIGIIT, orientée justement sur la gestion des feux de forêt, il est justifiable de se demander ce qu’il en est des services en français en cas de situation d’urgence. Qu’en est-il en cas d’évacuation, simulée ou réelle? J’imagine des grands-parents venus d’ailleurs qui auraient la garde de leurs petits-enfants, en plein été, pour donner du répit aux parents en vacances. Ces personnes qui ne parlent pas ou peu l’anglais seraient-elles informées en cas d’évacuation? Seraient-elles prises en charge dans leur langue ou leur faudrait-il se baser sur la traduction de leurs petits-enfants?
Il était intéressant de voir que, bien que le centre d’accueil d’urgence soit très bien organisé au Centre des Jeux du Canada, le 6 juin dernier, l’accueil ainsi que la signalisation restaient cependant unilingues lors de cette simulation.
« Nous travaillons sur ce dossier au niveau des services de traduction », a déclaré une employée de la Direction des services en français (DSF). Selon notre source, des progrès auraient déjà été faits. « Les annonces d’urgence sur les téléphones sont bilingues depuis cette année. » C’est effectivement un progrès.
En cas de crise majeure, il est courant de « perdre ses moyens », même pour des personnes qui sont capables de parler anglais habituellement. En état de choc, toutes les personnes du Yukon seraient-elles en mesure de réagir rapidement à des instructions en anglais? Des ressources francophones seraient-elles offertes de façon proactive?
« Il s’agit de la responsabilité de Santé et Affaires sociales », précise l’employée de la DSF. Les employés de ce ministère ont quant à eux mentionné qu’ils étaient en contact avec la DSF en ce qui concerne les services en français lors de la conférence de presse de l’opération NANOOK-TATIGIIT 2019, le mois dernier. Tout le monde semble donc se relancer la balle francophone…
Il n’en reste pas moins que la plupart des communications d’urgence sont pour le moment faites de façon unilingue. « L’opération NANOOK-TATIGIIT est une simulation. C’est un moyen de voir ce qui pourrait être amélioré », explique l’employée de la DSF. Pour les annonces simples, comme une interdiction de faire des feux, on aurait pu s’attendre à ce que ce soit traduit d’avance… mais bon, c’est bien connu, les francophones sont des durs à cuire!
Certains diront que je m’enflamme un peu vite sur ce sujet… Demander des services en français pour ce genre de situation, c’est plus qu’un acte politique : c’est une question de survie!
Petit rappel sans transition, pour conclure : 19 des 26 feux du Yukon ont été causés par la négligence humaine cette année. La règle est pourtant simple : le foyer doit être froid au toucher lorsqu’on l’éteint. C’est simple comme bonjour, même si le « bonjour » n’est pas toujours aussi simple que ça, finalement!