Jeudi dernier, le 25 avril, la Direction générale des langues officielles de Patrimoine canadien était en visite au Yukon pour une consultation au sujet de la modernisation de la Loi sur les langues officielles.
En avez-vous entendu parler? Une chose est certaine, il n’y avait pas d’annonce à ce sujet dans l’Aurore boréale. Pourquoi? Car depuis quelques années, le gouvernement fédéral a fait le choix de ne plus acheter de publicités dans les journaux papier. Sachant que les publicités financent presque les deux tiers du fonctionnement du journal, la fin de cette collaboration frappait fort. Mais ça, c’était dans le passé. Ce qui n’empêche que, s’il y avait eu une annonce dans le journal, la communauté aurait su que cette consultation avait lieu… et aurait potentiellement pu y participer.
Fort heureusement, force est de constater que les leaders de notre communauté, qui pour certains ont reçu une invitation, nous ont bien représentés.
Une grande partie des organismes communautaires étaient présents : la Commission scolaire francophone du Yukon (CSFY), la Garderie du petit cheval blanc, les EssentiElles, l’Association franco-yukonnaise (AFY), la Direction des services en français et même Dan Curtis, maire de Whitehorse. En un temps restreint, les leaders franco-yukonnais devaient argumenter au sujet de la modification de la Loi sur les langues officielles.
La question, elle, ressemblait plus à un sujet de dissertation de philosophie du secondaire : « Que voudriez-vous voir, dans 50 ans, au chapitre des langues officielles? » Autant dire que nous avons tous choisi de commencer sur le thème « sujet libre », non sans spécifier que 50 ans, de toute façon, c’était bien trop loin pour accéder à ce que nous allions revendiquer dans les 75 prochaines minutes! Je peux vous assurer que vos représentants sont excellents. Non seulement individuellement, mais surtout, collectivement. Chacun devait avoir cinq minutes de parole. Guère plus. Autant dire que l’efficacité devait être de rigueur face à ce sujet libre qu’on nous annonçait en début de réunion…
Places en école d’immersion sujettes à des tirages au sort, liste d’attente invraisemblable en garderie francophone, déresponsabilisation du fédéral par des accords de transfert avec le territoire en matière de services en français, éducation postsecondaire en français dans l’Ouest, santé, aide aux médias en situation minoritaire… Chacun et chacune a su démontrer les besoins criants de notre communauté en matière de francophonie. Sachant en plus que le Yukon se classe au troisième rang pour son taux de bilinguisme au Canada! Je n’ose imaginer les discussions dans des communautés où le français est dévalué!
La conclusion, elle, était claire : la fin de ce processus de modification de la Loi n’est pas prévue avant au moins deux ans. Armons-nous de patience.
Oui, nous avons d’excellents leaders francophones au Yukon. Oui, nous avons d’excellents alliés de la francophonie également. Mais sérieusement, peut-on appeler cela une consultation lorsque finalement, les citoyens ne sont pas invités à s’exprimer? Ah non pardon, ceux et celles qui veulent donner leur avis peuvent envoyer un courriel à la Direction générale des langues officielles… Le saviez-vous? Ah… si seulement cela avait été annoncé dans une publicité!