Selon le dictionnaire Larousse, l’harmonie, c’est la « qualité d’un ensemble qui résulte de l’accord de ses éléments et de leur adaptation à une fin : l’harmonie de l’univers, du corps humain ». C’est aussi « un rapport de convenance existant entre des choses soumises à une même finalité », « un rapport heureux entre les parties d’un tout », ou enfin, « l’état des relations entre des personnes qui résulte de l’accord des pensées, des sentiments, des volontés ».
Au début, je voulais écrire un éditorial au sujet de la Journée internationale des femmes. Pardon, au sujet de la Journée internationale pour les DROITS des femmes. Révoltée contre le fait que le 8 mars soit devenu à travers le monde une date supplémentaire de consommation : « 8 mars, un soutien-gorge acheté, 2 culottes offertes! », je voulais crier : « Ne nous offrez pas des fleurs sous prétexte que “c’est ta journée ma chérie” ». Offrez des fleurs si vous souhaitez souligner l’admiration que vous portez à votre partenaire ou à vos amies, mais de grâce, ne laissons pas des revendications sociales devenir la proie d’un système de surconsommation de masse, déjà bien alimenté!
Le 8 mars, c’est le moment de célébrer les femmes telles que Margaret Hamilton, informaticienne à la tête des missions Apollo, Joséphine Baker, artiste et militante, Kenojuak Ashevak, artiste inuite, Émily Carr, Viola Desmond… C’est le moment de célébrer aussi nos contemporaines qui marquent d’ores et déjà l’histoire de notre territoire : des Ketsia, Jeanne, Louise-Hélène, Jocelyne, Sandra, Sylvie, Danielle, Marguerite ou Marie-Stéphanie, pour n’en citer que quelques-unes parmi des milliers qui, chaque jour, font avancer notre communauté. Des femmes qui, si elles étaient nées plus tôt, n’auraient peut-être pas eu le droit de travailler ni d’étudier. Rappelons qu’en 1884, l’entrée à l’université ne concernait que quelques privilégiées qui avaient étudié à l’étranger, et encore, elles n’y étaient admises qu’au fond de la classe, accompagnées d’un chaperon! Avant 1964, les femmes n’avaient pas le droit d’avoir un compte en banque (ah non pardon, on m’informe qu’elles avaient le droit, mais seulement sur autorisation de leur mari). Nos causes auraient-elles été si différentes si nous étions nées plus tôt? Nous aurions probablement fait changer les choses d’une façon ou d’une autre.
Les droits des femmes sont toujours une cause d’actualité dans un pays où les inégalités salariales existent encore, dans un monde où les violences genrées font encore la chronique… « Femmes jusqu’au bout des seins », chantait Michel Sardou avec admiration. C’est ce que nous revendiquons. Avoir le droit d’être qui nous sommes, faire nos choix, sans se soucier du jugement. « Être femme. » Point.
Finalement, face à toutes les causes qui restent encore sur la sellette, j’ai décidé d’écrire sur l’harmonie. Pourquoi? Parce qu’en tant qu’êtres humains, c’est un idéal auquel nous aspirons. Saviez-vous que la Suède est le seul pays du monde à avoir qualifié sa politique extérieure de féministe? « Émancipation économique, lutte contre les violences sexuelles, influence dans les processus de paix, participation politique : sur le terrain ou dans l’arène internationale, la diplomatie du pays scandinave actionne tous les leviers », résume le journal Le Monde face à cette politique en place depuis déjà plus de quatre ans. Parce que se tourner vers le monde de façon féministe, c’est démontrer une quête d’harmonie. Cette quête féminisée. Cette recherche du « rapport heureux entre les parties d’un tout ». Ce mot s’impose à moi chaque jour un peu plus.
Alors oui, l’harmonie, c’est le mot qui, selon moi, qualifie le mieux ma notion de féminisme. Ça vaut ce que ça vaut, mais c’est toujours mieux qu’une promo sur les bobettes…