le Lundi 2 octobre 2023
le Jeudi 22 mars 2018 15:48 Éditoriaux

2018, l’année de la Franco-Yukonnaise

Angélique Bernard. Photo : Alistair Maitland / Bureau du Commissaire du Yukon
Angélique Bernard. Photo : Alistair Maitland / Bureau du Commissaire du Yukon

2018 sera l’année de la Franco-Yukonnaise ou ne sera pas. Le premier trimestre n’est pas encore achevé que le premier ministre Trudeau a déjà offert un fauteuil de commissaire à Angélique Bernard et invité Edith Campbell à compléter le triumvirat de la Cour suprême du Yukon. Si l’on devait en faire la chronique, la genèse de cette nouvelle dynamique franco-féminine remonterait sans doute au mois de janvier avec la nomination de la Yukonnaise Geneviève Chabot à la vice-présidence de la Commission canadienne des droits de la personne.

Cette série d’affectations à des postes-clés des systèmes monarchiques, politiques et judiciaires canadiens traduit naturellement les compétences des intéressées. Venant du gouvernement fédéral, les nominations de Mmes Bernard, Campbell et Chabot semblent toutefois aussi révéler une certaine forme de reconnaissance quant à l’apport des femmes francophones et à l’importance du bilinguisme.

Il est ainsi démontré que l’identité francophone de Mme Bernard a considérablement pesé dans le processus de sélection mené par le gouvernement fédéral, tout comme l’identité autochtone de Mme Webber l’a aidée à devenir administratrice. Publiée sur le site Web du premier ministre Trudeau, la biographie de l’ancienne présidente de l’Association franco-yukonnaise abonde de références à son engagement progressif au service des EssentiElles et de notre communauté francophone. Quitte à contrarier une frange de la population yukonnaise vexée par ce profil sociolinguistique considéré comme un peu trop exclusif.

À la veille de la révélation du plan d’action fédéral sur les langues officielles, le choix d’une commissaire au parcours presque uniquement dédié à la francophonie ne peut toutefois qu’intriguer. Alors que les communautés de langue officielle en situation minoritaire se meurent et réclament un soutien désormais urgent, le gouvernement fédéral aurait-il joué un coup tactique en colorant de francophonie yukonnaise un poste honorifique au demeurant sans grande responsabilité politique?

Au-delà des stratégies d’État qui façonnent les nominations de nos juges, de nos commissaires et lieutenants-gouverneurs, il reste néanmoins important de reconnaître et de souligner le rôle de modèles qui incombe plus que jamais à ces femmes finalement reconnues pour leur travail, leurs réalisations et leurs compétences.

Des modèles pour les femmes et les jeunes filles, bien sûr, qui pourront y puiser une motivation citoyenne et se forger une vision d’équité, mais aussi une inspiration pour les hommes et les garçons, qui doivent avant tout voir transparaître dans ces femmes des leaders persévérantes et engagées pour le bien-être de leur communauté. Là n’est-il pas le plus important?

En octobre dernier, le thème du Mois de l’histoire des femmes au Canada, Prendre sa place, honorait les pionnières d’hier et d’aujourd’hui et devait constituer un appel à l’action lancé aux femmes et aux jeunes filles pour qu’elles continuent de faire progresser l’égalité entre les sexes au Canada. Cet appel s’illustre à la perfection dans les accomplissements de ces Franco-Yukonnaises qui ont d’ores et déjà fait de 2018 une année de référence pour la francophonie yukonnaise au féminin.