Qu’ils soient l’apanage des États, des psychiatres ou des clergés, les qualificatifs ne manquent pas pour désigner l’amour unissant deux personnes du même sexe. Nous sommes en 2017. Pourtant, la situation dans le monde demeure toujours préoccupante pour les droits des personnes homosexuelles. En Europe de l’Est, comme en Pologne ou en Hongrie, la progression de l’homophobie accompagne la montée des extrêmes et les langues se délient au rythme des discours populistes. Plus au sud, la Tchétchénie du tyran Kadyrov a récemment démenti torturer ses homosexuels, puisque le pays n’en abrite tout simplement pas, selon son porte-parole.
En Turquie, les politiques du président Erdogan ne rivalisent certes pas encore avec les persécutions commises par le laquais de Vladimir Poutine, mais ses discours prônant une islamisation progressive de la société n’augurent rien de bon. Une bonne partie du pays juge d’ailleurs l’homosexualité répréhensible et lui est hostile. Ainsi, dimanche dernier, la police turque a fait usage de balles en caoutchouc pour disperser les manifestants venus participer à la parade annuelle de la fierté gaie organisée sur la place Taksim d’Istanbul.
À l’échelle mondiale, il existe encore 72 pays où l’homosexualité est illégale, principalement situés en Afrique et au Moyen-Orient. Dans certains pays, l’homosexualité est même punie de la peine de mort.
Cela dit, l’homophobie n’épargne pas l’Amérique. Aux États-Unis, le nombre de crimes homophobes est resté stable au cours des 20 dernières années tandis que la proportion d’Américains déclarant ne pas vouloir de voisins homosexuels est passée de 30% en 1999 à 20% en 2015. Il y a deux ans, une personne sur cinq aurait donc difficilement vécu cette proximité.
La tolérance progresse, certes, mais dans l’Amérique de Trump où les propos diviseurs et populistes ne semblent plus s’embarrasser de la moindre honte, les défenseurs des droits se doivent de rester vigilants.
Au Canada, l’un des pays les plus actifs en matière de défense des droits des personnes homosexuelles, le mariage gai est légal partout au pays depuis 2005. Des actes isolés terniront toujours les efforts déployés par nos concitoyens les plus éclairés. Mais qu’un drapeau arc-en-ciel soit brûlé à Taber, Alberta, ou qu’un passage piéton multicolore soit vandalisé à Whitehorse n’empêchera pas nos sociétés d’évoluer vers plus de compréhension et de sagesse. Lentement, mais surement.