Cette expression qu’elle répète si souvent, et dont elle est probablement l’auteure, reflète le parcours de Jeanne Beaudoin au Yukon; un parcours profondément marqué par un désir insatiable de perpétuer la langue et les traditions francophones.
Véritable pilier de la francophonie yukonnaise, Jeanne Beaudoin célébrait son départ à la retraite vendredi 21 avril dernier. Entourée de plusieurs de ses proches et de ses collègues de travail, cette pionnière de la première heure faisait ses adieux à la Direction des services en français (DSF) où elle occupait le poste de responsable des politiques et des communications.
Originaire de l’Abitibi, Jeanne Beaudoin arrive au Yukon en 1982 et se découvre bien vite une passion pour cette terre nouvelle. Dès 1984, elle est élue vice-présidente de l’Association franco-yukonnaise (AFY). En 1987, elle contribue à la relance de L’Aurore boréale par un travail bénévole et lance une pétition pour donner un statut officiel au programme de langue française, un statut qu’il obtiendra dès l’année suivante.
Jeanne Beaudoin a également joué un rôle important dans la création de la première garderie francophone du Yukon, de l’École Émilie-Tremblay, de la Commission scolaire francophone du Yukon et du Centre de la francophonie du Yukon, ainsi que dans l’obtention d’une gestion scolaire par et pour les francophones du territoire.
Elle a successivement été présidente de l’Association franco- yukonnaise, présidente de la Garderie du petit cheval blanc et présidente de la Commission scolaire francophone du Yukon. Son travail et son engagement ont été reconnus à plusieurs reprises au fil des ans : elle a été nommée bénévole de l’année de l’Association franco-yukonnaise en 1987, 1994 et 1997, a reçu le prix Canada 125 en 1992 de même que le Prix de la femme qui fait une différence de la Direction de la condition féminine du Yukon en 1995 et le Prix de la femme engagée du groupe de femmes Les EssentiElles en 2001. Le Prix de la commissaire pour le service bénévole lui a également été décerné au Yukon en 1999; c’était la première fois que ce prix était remis à une francophone. Fière militante, Jeanne Beaudoin a su s’impliquer avec passion et ardeur dans le développement des organismes, des services et des infrastructures au service des francophones du Yukon.
Jeanne Beaudoin a également été intronisée à titre de membre de l’Ordre des francophones d’Amérique. Cette décoration prestigieuse est décernée annuellement depuis 1978 par le Conseil supérieur de la langue française et reconnaît les mérites de personnes qui se sont consacrées ou qui se consacrent au maintien et à l’épanouissement de la langue française en Amérique, ou qui ont accordé leur soutien à l’essor de la vie française sur le continent américain.
Jeanne Beaudoin aura marqué la francophonie yukonnaise de son empreinte indélébile et nous ne pouvons que la remercier pour son engagement et lui souhaiter une retraite bien méritée, que l’on espère toute aussi dynamique, vibrante et pleine de projets que la communauté pour laquelle elle s’est battue pendant plus de 35 ans.
Cet éditorial s’inspire en partie du texte « Jeanne Beaudoin se raconte », publié par Les EssentiElles dans l’Aurore boréale du 25 janvier 2017 (p. 6), et de sa biographie publiée sur le site du Conseil supérieur de la langue française du Québec dans le cadre de sa mise en candidature pour l’Ordre des francophones d’Amérique 2012.