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le Mercredi 15 mars 2017 10:35 Éditoriaux

Politique d’amateur

La libérale Tamara Goeppel comparaîtra le 28 février devant la Cour territoriale du Yukon où elle devra répondre de plusieurs infractions à la Loi sur les élections.

Cette comparution fait suite aux accusations portées la semaine dernière contre Mme Goeppel par la Gendarmerie royale du Canada. L’ancienne candidate est accusée d’avoir été au centre d’une affaire de procurations de vote frauduleuses lors de la dernière campagne électorale. Les faits se seraient déroulés dans la circonscription de Whitehorse-Centre où Tamara Goeppel a été battue par la chef du NPD Liz Hanson.

La GRC accuse la femme d’affaires d’avoir aidé et encouragé des personnes en situation précaire à faire des demandes de procuration contrairement aux dispositions de la Loi, et d’avoir déclaré faussement sur ces formulaires que ces personnes seraient absentes du Yukon pendant les heures fixées pour le vote.

Alors que l’affaire venait de faire surface, Mme Goeppel avait expliqué à l’automne dernier que plusieurs individus marginalisés qu’elle avait approchés dans le cadre de sa campagne s’étaient dit trop intimidés et croyaient vivre une situation trop instable pour jouir convenablement de leur droit de vote. Croyant bien faire, la candidate et son directeur de campagne leur auraient alors fait remplir des formulaires de procuration avant de demander à des inconnus de voter en leur nom.

La question sera désormais de déterminer si Tamara Goeppel a pêché par compassion excessive ou par appât du gain. Bien qu’il soit a priori question d’une dizaine de voix sur une circonscription de près de 1 600 électeurs admissibles, l’enjeu n’a en effet rien d’anodin puisque Mme Goeppel a été distancée par Mme Hanson de seulement 55 voix. Les aspects légaux d’une telle affaire mis à part, on peut donc désormais légitimement penser que le résultat de l’élection aurait pu être renversé au profit de la candidate libérale. Avec pour effet collatéral de faire chuter la chef de l’ex-opposition officielle et d’ainsi réduire le NPD au seul mandat de la députée Kate White.

Au nom de l’éthique et de la transparence de la vie publique, Liz Hanson n’a d’ailleurs pas manqué l’occasion d’enfoncer le clou en demandant la semaine dernière que le gouvernement du Yukon révoque la nomination de Mme Goeppel à la tête de la Commission de révision des évaluations foncières de la région du centre le temps que la justice fasse son travail. Une requête balayée du revers de la main par le gouvernement Silver.

On aurait toutefois peine à croire que la démarche de la candidate libérale ait été motivée par l’unique perspective d’empocher facilement quelques voix supplémentaires sur le dos des plus démunis dont elle se réclamait l’avocate. La justice devra bien sûr se prononcer sur ce cas, mais il est fort à parier que les méthodes de la candidate libérale, si elles sont avérées, s’apparentent plus à une maladresse politique causée par une méconnaissance de la loi qu’à un réel calcul électoral. Le faux pas n’en serait pas moins acceptable. Rappelons tout de même que Mme Goeppel prétendait à l’une des plus hautes responsabilités politiques du territoire. Un prérequis aurait été de commencer par lire et comprendre la Loi sur les élections du Yukon. Cela vaut d’ailleurs pour tous les candidats, mais saura-t-on jamais combien d’entre eux s’y sont vraiment plongés?